Jalen | Un simple clic.

Un rayon de soleil filtre à travers le Rideau. Stop. Il ne m’en faut pas plus pour bondir dans la douche dans le simple but d’aller gambader dans les rues avec mon appareil photo. Il fait beau. Il fait chaud. C’est le temps idéal. Je ne peux détacher le sourire qui se dessine sur mon visage depuis que j’ai ouvert les yeux. Que c’est beau ! Cette ville est vraiment l’une des plus belles sur cette terre. Quelle chance j’ai de vivre ici. Tous les jours, je prends des photos. Pourtant, même si je vais dans les mêmes endroits, toutes mes photos sont différentes. N’est-ce pas là la magie de la photographie ? Si, ça doit être ça. Un clic. Un deuxième. Puis un troisième. Je ne peux pas m’en empêcher. C’est plus fort que moi. Je peux photographier ce qui, pour la plupart, serait tout et n’importe quoi. C’est tout l’inverse à mon sens. Aujourd’hui, je suis partie sur un thème en noir et blanc. Du couple de retraités assis sur un banc jusqu’aux vitrines des boulangeries, je ne cesse de vouloir capturer ces petits moments.

Je sautille comme une enfant. Je m’assois un moment dans le petit parc. J’adore ce parc. Il est à deux pas de chez moi. Je m’y sens bien. Je m’y sens si bien que je pourrais y dormir à la belle étoile. Oui, je suis capable de ça. Je le faisais souvent, avec mon père, dans le grand jardin de notre maison lyonnaise. Le bon vieux temps. La tête remplie de souvenirs. Lyon, c’est toute mon enfance. Biarritz, c’est toute ma vie d’adulte. Ces deux villes auront toujours une place très importante dans mon cœur. C’est là, en me perdant dans mes photos, que je me rends compte de la beauté de ce qui m’entoure, de ce qui nous entoure.

Il ne faut pas longtemps avant que je me lève à nouveau. Un homme, regardant son téléphone, se retrouve immortalisé dans mon appareil. J’ai capturé cet instant. Je souris en voyant le résultat. Je lève les yeux, pour voir qu’il me regarde. Je tourne le regard, et me mets à rougir. Voilà ce qui arrive quand on ne demande pas l’autorisation aux gens, Louane. Je m’approche de lui, timidement. « Je suis désolée, j’aurais du vous demander la permission avant. Je vais la supprimer tout de suite. » Je pose les yeux sur mon appareil, confuse.

Tu souris. Tu vois que ce n’est pas un méchant. T’es plutôt contente. Tu le trouves beau. Il a un charme de dingue ! Tu rougis. Tu rougis souvent, trop souvent. Tu te persuades que ça ne se voit pas. T’as tord. Tes petites joues qui deviennent rose, ça te rend trop mignonne, Louane. Tu le regardes. Tu fuis ses yeux. Tu pourrais t’y perdre des heures, tu le sais bien. Quand il demande à voir la photo, tu t’empresses de te mettre à côté de lui. Tu souris. Tu adores partager ce que tu fais. C’est d’ailleurs cette raison qui te pousse à ouvrir ta propre galerie. Mais ça te fait peur, cette connerie. T’as peur de ne pas tout gérer. T’as peur d’aller trop vite. Ce n’est pourtant pas dans ta nature, d’avoir peur. Mais t’aimes tellement ce que tu fais que tu ne veux pas tout gâcher juste parce que t’es allée un peu vite, trop vite. Alors en attendant, tu gardes toutes les photos que tu prends dans ton appartement. Il y en a partout. Et pourtant, c’est super bien rangé. T’es loin d’être maniaque, mais t’aimes qu’il y ait un minimum d’ordre. T’appuie rapidement sur les boutons de l’appareil. Tu le regardes. Tu veux voir son visage au moment où il va se voir. Toi, tu la trouves belle ta photo. T’as eu un beau modèle en même temps. « Je peux la supprimer si vous voulez. » Au fond, t’as pas envie. Tu veux la garder cette photo. Tu veux même l’encadrer. Mais tu ne veux pas non plus te retrouver au tribunal juste pour une putain de photo.

Tu rebondis. Tu réagis à ce qu’il vient de dire. « Vous savez, la photographie c’est plus une question de feeling qu’autre chose. C’est l’intuition que ce moment, devant vos yeux, doit être immortalisé. C’est dégager l’émotion de ce que vous voyez. Ce n’est pas prendre une photo pour prendre une photo. C’est au-delà de ça. » Tu t’arrêtes là. Si ça se trouve, ce mini monologue que tu viens de faire ne l’intéresse pas du tout. Tu pars toujours trop loin, et trop vite en plus. Tu t’emballes, c’est ça ton problème. Tout ça, c’est parce que t’aimes partager avec les gens. T’aimes discuter, t’aimes faire des rencontres. T’aimes parler de ta passion. T’aimes ce que t’offre la vie, Louane. Tu profites de ce que t’as, ce n’est pas plus compliqué que ça.