(numa) x again and again

il est plus de vingt heures et tu es encore en pyjama. et par pyjama tu veux dire un débardeur et un petit short. tu ne dormais jamais avec rien de plus. été comme hiver. printemps comme automne. tu ne pouvais pas dormir avec quelque chose de plus sur toi. tu avais seulement enfilé au saut du lit ton gilet doudou. celui en laine et d'épaisses paires de chaussettes. tu n’avais malheureusement pas hérité du don de cuisinière de ta maman. pourtant, tu avais préparé des tonnes de plats avec elle. enfin toi, tu te contentais surtout d’éplucher, de couper et c’était tout. alors tu te contentais des deux choses que tu savais faire de a à z. c’est-à-dire des crêpes et des gaufres. tu cuisinais parfois, mais pas des plats avec beaucoup de préparations. du riz. des pâtes. des filets de poulet. des salades. peut-être qu’un jour, tu auras envie d’apprendre à en faire plus. peut-être qu’un jour, tu auras ce fameux déclic. tu n’avais jamais fait goûter à personne tes crêpes ou tes gaufres. juste à tes parents et avec toi, ils sont loin d’être objectifs. tu les trouves bonnes. juste bonnes. simplement bonnes. tandis qu’eux les trouvent vraiment excellentes. ce soir, tu dois les réussir. tu n’as pas vraiment le choix le frigo est plein. pas plein à rebord parce que ta maman sait que tu pars jeudi. il est plein parce que tu as le nécessaire pour faire et pour garnir les crêpes et les gaufres. tu as vérifié deux fois avant de proposer. tu connais la recette par cœur. tu connais sur le bout des doigts des ingrédients dont tu as besoin jusqu’aux étapes de préparations. tu sors les œufs, la farine, le sel, le lait et l’huile. tu casses les trois œufs. tu rajoutes l'huile, et le lait. tu mélanges. tu ajoutes la farine et le sel avant de mélanger énergiquement pour éviter les grumeaux. tu avais un robot. mais ta maman faisait et les fait toujours d’ailleurs sans robot. même si ce n’est pas sa recette, tu veux faire comme elle. tu t’attaques aux gaufres que tu t’empresses de mettre au frigo parce qu’il faut qu’elle repose un peu avant. tu vas te doucher rapidement. tu enfiles en hâte de la lingerie et tes chaussettes. tu fais tourner une machine parce que tu comptes bien emmener ce pyjama avec toi et ton gilet avec. tu te changes. tu passes un legging et un t-shirt tout simple. tu regardes l’heure sur ton portable ici, tu n’as pas une seule horloge. tu es dans les temps. tu prends même le temps de faire un brin de rangement. ce n’était pas long, tu avais juste à remettre six ou sept vêtements dans ton dressing. tu avais passé la journée à choisir les habits que tu emporterais. tu n’avais pas besoin de grand chose pour une semaine. tu veux voyager léger. mais tu ne pouvais pas te contenter que de la folle collection de bikinis que tu possédais. si le temps faisait des siennes. tu n’as même pas eu une journée productive. tu n’es absolument pas sortie. c’est ta maman qui a dû passer te voir. elle est venue avec un cadeau. un short levi’s 501 qu’elle avait trouvé dans une friperie. short bleu de nîmes que tu as tout de suite mis à laver puis à sécher pour l’emmener avec toi en vacances. elle n’a pas oublié te préciser qu’elle passera ranger après ton départ et qu’à ton retour le frigo sera plein et qu’elle te laissera de quoi manger rapidement. tu te sèches les cheveux. le bruit de l'interphone résonne en arrière-plan. tu lui indiques que c’est au deuxième étage à droit et tu lui ouvres la porte de l’immeuble. tu débranches ton sèche-cheveux. tu lui ouvres la porte avant qu’il n’ait eu le temps de sonner ou de toquer. tu le laisses rentrer. « tu vas bien ? »  ça fait longtemps qu'on ne s'est plus vu. tu as été plus qu'occupée avec l'université. lui aussi certainement. tu es revenue plus tôt et tu repartais jeudi. c'était une bonne occasion de le revoir.

Après le message de Marlow, tu es un peu plus souriant que ce que tu étais. tu es content, de la voir, d'aller la voir, avant demain. oui, tu es content de passer un peu de temps avec elle. la dernière fois, c'est quand vous étiez partis en virée tous les deux à la frontière espagnole. maintenant, tu prends ta douche, rapidement, et tu te changes afin d'être prêt plutôt rapidement. sur le chemin, tu décides de t'arrêter pour acheter une bouteille d'alcool, une bouteille de vin par exemple, mais dans le rayon, tu te ravises. tu n'as pas le droit, pas à une goutte d'alcool, non, parce que demain, tu te fais opérer. demain matin, 8h30 tu seras dans le bloc opératoire. tu soupires, tu t'en vas, tu prends finalement une bouteille de soda, coca-cola, ça sera très bien. tu files de là, et tu reprends la route pour arriver dans le bon quartier, le quartier Milady. C'est là qu'elle habite, Marlow. alors tu te gares et tu sonnes à l'interphone. elle répond rapidement et t'ouvre la porte. tu accèdes facilement dans l'immeuble jusqu'à atterrir devant sa porte qu'elle ouvre à la volée sans même que tu n'aies eu le temps de frapper ou sonner. « tu vas bien ? » qu'elle te demande, le sourire aux lèvres. et toi tu lui souris également. elle est sublime Marlow, elle a ce charme fou qui te laisse souvent sans voix. tu as déjà envie de poser tes lèvres sur les siennes, mais tu ne le fais pas. c'est différent entre vous, vous gérez cette situation étrangement mais ça te convient. vous n'êtes pas un couple, vous n'êtes pas ensemble et pourtant, il y a cette proximité entre vous. ça te convient. tu sors la bouteille, avec un léger sourire. « très bien et toi alors ?  » que tu lui demandes. cette soirée, tu veux qu'elle se passe bien, c'est certainement la dernière que tu passeras avec tes deux jambes. tu souffles, tu soupires, ça va bien se passer. tu avais prévu autre chose, oui, tu avais prévu de rester au lit, ou devant la télé. finalement, être avec Marlow, c'est bien mieux. personne n'est au courant de ton opération, à part ton médecin et ton futur beau-frère Julian. « j'ai pris du coca alors ces crêpes, bientôt prête, parce que je suis vraiment affamé. » oui, et pas que de nourriture d'ailleurs, tu la suis jusque dans la cuisine pour poser ta bouteille au frigo et tu te retournes pour la bloquer contre le plan de travail et tu l'embrasses. oui, tu l'embrasses, tu poses tes lèvres sur les siennes sans prévenir. « j'en avais envie ...  » que tu lui souffles simplement en te reculant légèrement.

« ça va très bien merci. » l’université. c’est fini pour toi. du moins jusqu’à la rentrée prochaine. tu pars en vacances. bientôt. très bientôt même. tu n’était pas anxieuse. les examens étant derrière toi. ça pourrait difficilement ne pas aller bien. « tu n’avais pas besoin de ramener quelque chose. vraiment pas besoin. je te l’avais dit. » il est venu c’est l’essentiel. c’est ce qui compte pour toi. en principe il est coutume de ramener un petit quelque chose. mais toi tu es loin d’être conventionnelle. « je t'attendais pour commencer. » froid tu doutes que ça soit aussi bon. tu vas dans la cuisine. il t’emboite le pas. tu sors ce dont tu as besoin. deux poêle. une spatule. une louche. ainsi que aérosol de graissage. tu te retrouves les fesses contre le plan de travail. tu sens ses lèvres sur les tiennes. il se justifie. tu souris légèrement. tu l’embrasses à ton tour. tu lui rends la pareille. « j’en avais aussi envie. » tu sors la pâte, les œufs, le jambon et l’emmental du frigo. tu pschittes l’agent de graissage. juste deux ou trois fois sur les poêles. tu allumes ta plaque vitrocéramique et tu règles la température. tu attaches tes cheveux. en un chignon. parce que c’est plus pratique pour cuisiner. pour dégager ta nuque. pour qu'ils ne s'en aillent pas dans tous les sens. tu dois attendre quelques minutes. tu sors deux assiettes. tu les poses sur l’ilot central. « tu veux quoi dedans ? » tu mets ta main au-dessus des poêles. afin de voir si c’est assez chaud. c’est le cas. tu prends une louche de pâte. tu la verses. et tu l’inclines pour qu’elle s’étale le plus finement possible. tu fais pareil pour l’autre tu t'appuies contre le plan de travail en attendant de voir des bulles se former sur les crêpe. tu les retournes délicatement à l’aide de la spatule tu n’en fais pas souvent donc tu vas éviter de les faire sauter. tu n’as pas envie d’aller les décoller du plafond. tu disposes un à un ce qu’il veut dans sa crêpe. tu les plies délicatement. il faut qu’elles soient parfaites. parce que ce n’est pas grand chose. juste des crêpes. des simples crêpes. par chance tout a l’air de rester en place puisque tu ne vois rien se faire la malle. tu essayes de rester concentrée. il faut que tu restes concentrée. une fois qu’elle seront dans son assiette tu pourras souffler seulement là. lui faire goûter à lui c’est différent que de les faire gouter à tes parents. surtout qu’il travaille dans un restaurant. tu places les deux crêpes dans son assiette. tu t’en prépares une. une fois la crêpe placée dans ton assiette. tu prends des couverts. tu te tournes vers numa. « on mange ici ou dans le salon ? » tu lui demandes. ton appartement étant assez petit tu n’avais pas de salle à manger. la plupart du temps tu mangeais sur la table basse du salon. c’était trop déprimant de manger toute seule ici. avec oihana aussi tu mangeais sur la table basse. seulement quand tes parents venaient vous mangiez dans la cuisine grâce à l’ilot central. tu as rentabilisé l’espace en ajoutant des chaises de bar.

« ça va très bien merci. tu n’avais pas besoin de ramener quelque chose. vraiment pas besoin. je te l’avais dit. je t'attendais pour commencer. » qu'elle enchaîne finalement pendant que toi, tu souris. tu ne pouvais pas venir les mains vides, vraiment pas. tu le sais, tu ne pouvais pas faire ça, tu n'avais pas été éduqué de la sorte. toujours venir avec quelque chose, puis ça avait été soit le coca, soit un bouquet de fleurs sauf que ... sauf que tu ne savais pas comment elle l'aurait pris, pour le bouquet de fleurs. votre relation n'est pas comme ça, elle rime plutôt avec liberté, avec délicatesse, sans pris de tête finalement et ça te convient même si tu n'es pas habitué à ce genre de relations. seulement, tu commences à penser que c'est pas si mal, d'être libre, de ne pas avoir l'exclusivité, de ne pas se poser tout un tas de questions. oui, tu apprécies, surtout maintenant que tu n'as plus rien à perdre. Lia était revenue, elle t'avait une fois de plus embobinée et maintenant tu as le coeur qui est brisé, une seconde fois. Marlow, c'est un peu comme ce médicament, cette bouffée d'oxygène. d'ailleurs, tu ne retiens pas tes envies, et tu viens la bloquer contre le plan de travail pour trouver ses lèvres. tu l'embrasses sans te poser de questions, en justifiant ton geste par l'envie. elle réduit à son tour la distance entre vos deux corps, et t'embrasses. « j’en avais aussi envie. » qu'elle te répond, et tu souris avant de t'éloigner pour lui laisser de la place pour cuisiner. tu l'observes faire, tout au long de sa démarche, tu ne dis rien, tu gardes le silence, tout ce que tu fais, c'est la regarder, elle. « tu veux quoi dedans ? » tu hausses les épaules, pour commencer avant de finalement répondre. « confiture si tu as, ça sera très bien.  » que tu lui réponds. tu la regardes encore, elle plie les crêpes, elle fait les choses bien. « on mange ici ou dans le salon ? » tu prends les assiettes. « le salon, ça sera parfait. je te laisse prendre les verres, et mon fabuleux coca. » que tu soulignes expressément en te dirigeant vers le salon. tu poses les assiettes sur la table basse et tu t'assois - difficilement - sur le sol. ta jambe te fait un mal de chien mais tu sais que maintenant, tu n'en as plus pour longtemps. la fin est proche comme on dit. demain, tu n'auras plus cette jambe, certainement plus. « du coup, tu pars en vacances ? t'as bien raison ! tes examens se sont bien passés ? tu pars où finalement .. j'espère dans un coin avec une plage, de l'eau et des vagues, parce que je veux que tu surfes pour moi. » non, tu ne lui diras pas que tu vas te faire opérer, tu ne veux pas qu'elle pense à ça, non, tu veux qu'elle profite de ses vacances. tu ne l'as dit à personne, pas même à ta famille.

« oui. bien sûr que j’ai de la confiture. » tu ne vérifies même pas. tu lui réponds instinctivement. tu ne vérifies pas avant de lui répondre par la positive. c’est le minimum vital qu’il te faut. le minimum vital que tu as dans ton frigo. tu avais complétement oublié qu’il est aussi tard. il est plus de vingt heures. il avait certainement déjà pris son dîner. contrairement à toi. « fraises ou quatre fruits ? » tu sors la confiture du frigo. toi tu restais sur le salé parce que c’était ton deuxième repas de la journée. tu avais complétement oublié le déjeuner. ça t’arrive souvent quand ton rythme de la journée n’est pas rythmé par des impératifs comme l’université. de toute façon déjeuner toute seule ce n’est pas marrant. vraiment pas marrant. tu t’appliques. tu te concentres parce que c’est clairement pas difficile de les faire alors si tu réussis à les rater alors que c’est la première fois que tu les prépares pour d’autres personnes que tes parents. ça serait assez frustrant pour toi. tu lui demandes ce qu’il préfère. le salon ou la cuisine. tu lui laisses le choix, tu n’as pas de préférence. il prend les assiettes et te laisse te charger des verres et de la boisson. tu sors deux verres et tu prends la bouteille de coca-cola. tu vas dans le salon. tu poses tout sur la table. tu ouvres la bouteille. tu verses le soda dans les deux verres. puis tu t'assieds tranquillement en tailleur. tu veilles à ce que ton dos soit droit. « du coup, tu pars en vacances ? t'as bien raison ! tes examens se sont bien passés ? tu pars où finalement .. j'espère dans un coin avec une plage, de l'eau et des vagues, parce que je veux que tu surfes pour moi. » sa voix semble différente. presque mélancolique. tu mordilles ta lèvre inférieure. certainement sa dernière virée surf qui s’est mal passé à cause de sa jambe. « oui j’ai décidé ça un peu après qu’on se soit vus. j’en ai besoin et vu que j’ai un stage de quatre semaines à effectuer cet été, je pense que si je ne lâche du lest. au moins un peu de lest. je vais finir par exploser. » tu en avais besoin. besoin d’une vraie coupure. « dans l’ensemble, mes examens se sont très bien passés. j’ai tout donné. vraiment tout donné pour être reçue en deuxième année… donc il ne me reste plus qu’à croiser les doigts. je vais à nassau. d’accord si tu y tiens, je le ferai promis. » tu lui réponds par la positive. tu ne le questionnes pas plus. s’il ne t’en dit pas plus c’est qu’il n’en n’a pas envie. qu’il n’en n’a pas besoin. alors tu ne comptais pas l’obliger à t’en dire plus. parce que ça ne te ressemble pas. toi tu préfères qu’on se confie à toi par envie. par besoin. comme lorsqu’il l’avait fait à saint-sébastien. alors tu ne comptes pas l’obliger à t’en dire plus. parce que c’est son droit de vouloir garder une part d’ombre. c’est même légitime. « bon appétit. t’es un peu comme mon cobaye parce que j’ai jamais fait goûter mes crêpes à personne à part à mes parents. je n'ai même pas fait goûté à hakeem. »

tu optes finalement pour quatre fruits; c'est pas ta faute, tu ne manges que très rarement des crêpes salées. c'est vrai, dès que tu fais des crêpes, tu les manges obligatoirement en mode sucrées. tu te fais des repas de crêpes sucrés, tu dois certainement avoir une préférence pour tout ce qui est sucrée pour le coup. tu assumes avant de finalement l'attendre dans le salon. elle s'installe à son tour après t'avoir servi un verre de soda. « oui j’ai décidé ça un peu après qu’on se soit vus. j’en ai besoin et vu que j’ai un stage de quatre semaines à effectuer cet été, je pense que si je ne lâche du lest. au moins un peu de lest. je vais finir par exploser. dans l’ensemble, mes examens se sont très bien passés. j’ai tout donné. vraiment tout donné pour être reçue en deuxième année… donc il ne me reste plus qu’à croiser les doigts. je vais à nassau. d’accord si tu y tiens, je le ferai promis. » tu hoches la tête. « j'suis certain que t'as tout déchiré, parce que vu le peu de fois où je t'ai croisé parce que tu révisais, c'est obligatoire. sinon, je serais drôlement vexé tu vois. du coup, tu as deux fois plus de pression pour tes résultats même si franchement, je suis certain que tu as réussi. » Marlow travaille beaucoup, elle fait partie de ces personnes qui savent ce qu'elles veulent et elle sait ce qu'elle veut. réussir, devenir chirurgienne, elle sait exactement vers quoi s'orienter et tu ne peux que l'admirer pour une telle chose. tu étais comme ça aussi, avant. « bon appétit. t’es un peu comme mon cobaye parce que j’ai jamais fait goûter mes crêpes à personne à part à mes parents. je n'ai même pas fait goûté à hakeem. » tu te sens privilégié d'un coup, alors tu prends une bouffée et tu savoures. tu mets du temps, avant de t'exprimer, histoire de faire durer le suspense, histoire de l'embêter la miss. « hum .. elles sont infectes ... non, mais je déconne, elles sont délicieuses Marlow, tu sais faire les crêpes à la perfection et j'dis pas ça parce que je t'aime bien et que je ne veux pas te vexer. d'autant que je suis privilégié de les goûter. maintenant, tu pourras les faire goûter à d'autres, elles sont très bonnes. » que tu la complimentes en mangeant toute ta crêpe. «du coup nassau ... je n'y suis jamais allé, mais je pense que d'ici quelques jours, je vais certainement partir quelque part aussi, tu sais, prendre la voiture et rouler sans destination précises. » ou tu vas surtout disparaître et de retrouver à l'hôpital. surtout ça;

« oui, mais en fait non, c’était ma couverture les révisions, je faisais la fête jusqu’à deux heures du matin tous les jours. tous les jours sans exception. si ce n’est pas plus. parfois je rentrais à l’aube, mais seulement quand j’étais vraiment, mais alors vraiment en forme parce qu’après j’avais cours. je ne pouvais décemment pas te dire que je faisais la fête à outrance. » c’est tellement pas crédible. tu sortais, mais jamais tous les soir. tu sortais assez pour ne pas devenir folle. deux trois fois dans le mois et encore parfois, c’était pour passer la soirée chez d’autres. tu espères qu’il dise vrai, tu verras bien. c’est ce que tu veux faire, mais il est hors de question pour toi d’échouer. si c’est le cas, tu ne feras pas une seconde année de première année de médecine. tu as été bien au-delà de tes limites. bien au-delà des limites que tu pouvais te fixer avant. si ça ne suffit pas pour que tu sois classée et bien ce n’est pas la peine. tu es prête à faire autant de sacrifice pour toutes les années qu’il te reste, mais pas à refaire autant de sacrifice pour une première année. pas à nouveau. tu lui dis que c’est le premier qui goûte. il te taquine. « merci, mais tu sais, il en faut plus pour me vexer ne t’inquiètes pas. il m'en faut beaucoup plus. » tu reconnais volontiers que tu frôles le zéro à ce niveau-là. tu es même la première à te moquer de ton piètre talent de cuisinière. tu trouvais tes crêpes relativement bonnes. pas excellentes. ni mauvaises. s’il les trouvait mauvaises ce n’est pas pour autant que ça te froisserait. les goûts et les couleurs ne se discutent pas. « non j’ai pas trop envie parce que si je commence à faire goûter mes crêpes à tout le monde, c’est tout biarritz qui va faire la queue devant mon immeuble pour goûter à mes crêpes. » tu lui souris malicieusement. « bon après si je ne suis pas bien classée… je vais sérieusement étudier la question. ça sera peut-être une nouvelle vocation. » vous parlez voyage. « c’est aussi une grande première pour moi. tant qu’il y a la mer ça me va. c’est une très bonne idée. » tu le penses sincèrement il n’y a rien de mieux que d’explorer pour voyager. tu commences à manger et ton portable sonne. ta maman. ça ne t’étonne pas. tu as senti qu’elle était anxieuse de ton départ lors de sa visite. tu appuies deux fois sur le bouton de marche pour rejeter l’appel. « je l’appellerai après sinon je vais en avoir pour deux bonnes heures. »

« oui, mais en fait non, c’était ma couverture les révisions, je faisais la fête jusqu’à deux heures du matin tous les jours. tous les jours sans exception. si ce n’est pas plus. parfois je rentrais à l’aube, mais seulement quand j’étais vraiment, mais alors vraiment en forme parce qu’après j’avais cours. je ne pouvais décemment pas te dire que je faisais la fête à outrance. » qu'elle te raconte alors, et toi, tu ris, forcément. « j'savais que tu voulais m'éviter, je savais bien. » tu savais que c'était une blague, Marlow sortir tous les soirs, faire des nuits blanches alors qu'elle est en pleine période de révision et d'examen, tu sais que ce n'est pas possible, tu sais que c'est faux. tu sais très bien qu'elle révisait, qu'elle se tuait limite à la tache et pour ça tu ne peux que lui montrer beaucoup de respect. « merci, mais tu sais, il en faut plus pour me vexer ne t’inquiètes pas. il m'en faut beaucoup plus. non j’ai pas trop envie parce que si je commence à faire goûter mes crêpes à tout le monde, c’est tout biarritz qui va faire la queue devant mon immeuble pour goûter à mes crêpes. bon après si je ne suis pas bien classée… je vais sérieusement étudier la question. ça sera peut-être une nouvelle vocation. c’est aussi une grande première pour moi. tant qu’il y a la mer ça me va. c’est une très bonne idée. » tu ris doucement, une nouvelle fois. « vas-y, si jamais tu changes de vocation, tiens moi au courant, autant je pourrai tenir les comptes, ou même faire la sécurité tu vois, pour qu'on ne t'envahis pas non plus. » la blague, toi faisant la sécurité et puis quoi encore, tu es incapable de te protéger toi-même, ça pour être une blague .. son téléphone se met à sonner et tu la vois raccrocher. tu la regardes. « je l’appellerai après sinon je vais en avoir pour deux bonnes heures. » tu hoches la tête, simplement. « tu sais, ça ne me dérange pas que tu l'appelles hein, je n'étais pas prévue à la base donc ça ne me dérange pas, j'attendrai sagement dans le canapé tu vois. » que tu lui souffles, oui, si elle veut passer son appel, qu'elle ne se gêne surtout pas pour toi, t'es un type plutôt très patient, tu peux attendre.

« oh ce n’est même pas ça. c’est juste que je te dois la vérité. je ne peux plus te mentir parce que je me sens trop coupable. je te le dis maintenant parce que si je me suis totalement loupée je préfère que tu l’apprenne de ma bouche. » tu souris malicieusement. tu ne voulais pas faire goûter les crêpes à personne d’autre. tu ne sais pas pourquoi, mais tu ne veux pas. c’est tout. « oh voyons voir un petit calcul rapide … vingt-six mille habitants à biarritz moins moi et moins toi ça fait vingt-cinq mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit. dans mon super grand appartement on peut en caser facilement plus de trois cents personnes. on va dire qu’on peut facilement caser trois cent quatre-vingts personnes. les vingt-cinq mille six cent dix-huit autres feront la queue. du coup je pense que j’aurais vraiment besoin d’un comptable parce que ça risque de faire un bon petit pactole. pas besoin de sécurité ils se tiendront tranquilles pour goûter à mes crêpes. » tu commences à manger ton téléphone sonne. évidemment c’est ta maman. tu coupes ton téléphone. « elle est passée aujourd’hui. depuis que j’ai parlé de ce voyage elle doit m’appeler genre un million de fois de plus par jour. elle est géniale sur plein de points elle me laisse faire que je veux, mais quand je suis loin de biarritz elle peut pas s’empêcher de me rabâcher sans cesse les mêmes choses. pour elle que je parte au bahamas ou dans un pays en guerre c’est du pareil au même. » l’un des seuls inconvénients à être la petite dernière. la relation conflictuelle qu’elle a avec hakeem n’arrange rien. « j’en ai vraiment pour deux heures à moins de lui raccrocher au nez. ce n’est pas une expression. ne t’inquiètes pas demain elle m’aura toute la journée pour elle, mais là je mange et je passe la soirée avec toi et je prends facilement cinq bon degré donc je préfère être un peu moins habillée quand je l’ai au téléphone histoire de ne pas être en hyperthermie et tu étais prévu. » dans ta façon de voir les choses il était prévu. tu organises toujours les choses un peu à l’arrache. tu aimes quand c’est imprévu. tu aimes quand c’est spontané. tu finis de manger ta crêpe. tu te lèves. « tu viens je te fais visiter. » tu ne tiens pas en place. un vrai diable en ressort.

quand elle te sort son calcul, tu exploses littéralement de rire. oui, bon, un comptable, toi et les chiffres c'était largement faisable. oui, tu savais y faire avec eux, tu te débrouillais, tu n'étais pas non plus un mathématicien hors pair mais quand il s'agit de faire les comptes tu t'en sors. comme lorsque tu étais serveur, tu t'en occupais souvent alors tu souris forcément. « ok c'est bon, comptable alors. » que tu lui avoue, le sourire toujours aux lèvres. « elle est passée aujourd’hui. depuis que j’ai parlé de ce voyage elle doit m’appeler genre un million de fois de plus par jour. elle est géniale sur plein de points elle me laisse faire que je veux, mais quand je suis loin de biarritz elle peut pas s’empêcher de me rabâcher sans cesse les mêmes choses. pour elle que je parte au bahamas ou dans un pays en guerre c’est du pareil au même. j’en ai vraiment pour deux heures à moins de lui raccrocher au nez. ce n’est pas une expression. ne t’inquiètes pas demain elle m’aura toute la journée pour elle, mais là je mange et je passe la soirée avec toi et je prends facilement cinq bon degré donc je préfère être un peu moins habillée quand je l’ai au téléphone histoire de ne pas être en hyperthermie et tu étais prévu. » tu souris, compréhensif.   « j'ai compris, t'inquiète pas, je pense que j'ai certainement la même à la maison, sauf qu'elle, elle fait ça à tout le monde. » tu fais référence à hakeem, tu ne l'as jamais vu avec leur mère sur le dos, alors que toi, la mama ne te lâche que très rarement et encore plus rarement depuis ton accident. « mais ta mère a l'air vraiment géniale. » que tu lui souffles finalement en finissant tes crêpes, un délice. « tu viens je te fais visiter. » qu'elle te souffle finalement. tu te lèves, comme tu peux et tu la suis sagement. tu n'avais jamais vu son appartement pourtant tu étais déjà venu mais pour la chercher rien de plus alors tu la suis. tu fais le tour, rapidement jusqu'à arriver à sa chambre tu ne peux pas t'empêcher d'avancer dans la pièce. tu vas te coller contre la fenêtre et tu observes la vue qu'elle a d'ici. « il est vraiment sympa ton appartement, tu dois être bien là. » que tu lui souffles finalement. oui, elle doit être bien. c'est le genre d'appartement qui t'irait d'ailleurs, mais toi, il est plus grand. merci papa et maman.

« adjugé vendu pour comptable. bon rendez-vous le jour des résultats. » tu pouvais en rire. « ou alors je ne reviens jamais de vacances et je construis un cottage les pieds dans l’eau. j’habiterai là-bas et je vivrai d’amour des lagons d'eau turquoise et d’eau de coco. c'est une bonne idée aussi. » c’était tout toi. les idées farfelues. tu lui souris. l’appel de ta maman. ça ne t’étonne même pas c’est comme ça depuis que tu lui as dis que tu partais une semaine. « j’ai le privilège d’être sa seule victime. » sa relation avec hakeem étant assez complexe rajoutée au fait que tu es la petite dernière voilà le résultat. « elle est géniale je suis bien d'accord. elle l'est tant que je reste ici. » sauf que toi tu voulais partir. tu voulais partir après tes études. tu ne vois pas vivre ailleurs que biarritz indéfiniment. mais t’aimais bien l’idée de partir à l’autre bout du monde soigner des populations dans un contexte de crise, mettre en place des programmes de prévention et de développement des soins, former des équipes médicales sur place. tu avais encore pas mal de temps avant, mais tu n’allais certainement pas changer d’avis. il te reste encore un peu de temps avant que la pâte à gaufre ne soit prête. tu décides de lui faire visiter. tu lui montres tout en oubliant la partie dressing qui est particulièrement encombrée avec ton départ qui est très proche et vous finissez par la chambre. Il se poste à la fenêtre. tu t’assoies sur ton lit. encore défait. un vrai fouilli. la couette poussée au pieds du lit. tes sept coussins éparpillée aléatoirement sur toute la largeur du lit. tu avais tout fait sur le lit ou presque. « merci, c'est vrai qu'il est sympa, un peu petit, mais c'est qu'un détail. ça va je te dirai ça à la fin de cet été. » quand tu feras plus que réviser, manger et dormir ici. c’est petit, mais ça te va, après tout tu vis toute seule ici. il n’y a que oihana qui vient parfois dormir ici. tu invitais rarement des gens chez toi à deux trois exceptions près pour les révisions. c’est devenu ton petit cocon. tu as mis quelques semaines à comprendre que tu ne pouvais pas vivre chez tes parents et suivre ta première année de médecine, mais il fallait bien un jour ou l'autre que tu prennes ton envol et que tu partes vivre sans papa et maman derrière. si si, il le fallait même tanguy l'a fait donc bon. tu reconnais que ta maman est encore très présente. elle fait certainement plus que toutes les autres mamans. entre le ménage, les courses et parfois la cuisine. tu avais vraiment de la chance qu’elle puisse faire ça sans empiéter sur les horaires où tu avais besoin d’être seule comme lorsque tu devais réviser.

« adjugé vendu pour comptable. bon rendez-vous le jour des résultats. ou alors je ne reviens jamais de vacances et je construis un cottage les pieds dans l’eau. j’habiterai là-bas et je vivrai d’amour des lagons d'eau turquoise et d’eau de coco. c'est une bonne idée aussi. » d'amour des lagons, ça c'est quelque chose, ça c'est de l'avenir, ça c'est une envie. d'un seul coup, t'as envie de partir loin, partir là où l'eau est turquoise, oui, c'est ça, te rendre dans un endroit calme, paisible et te retrouver tout seul. surtout ça, rester tout seul. « merci, c'est vrai qu'il est sympa, un peu petit, mais c'est qu'un détail. ça va je te dirai ça à la fin de cet été. » qu'elle t'annonce finalement en s'asseyant sur son lit défait. tu la regardes tu lui souris. «pour une personne seule, c'est largement suffisant je pense. puis c'est lumineux. j'aime bien. » que tu lui avoues aussi simplement. tu finis par t'avancer vers le lit. « je peux ? » que tu lui demandes, parce que peut-être qu'elle n'acceptera pas que tu te poses sur son lit après tout. tu sais que toi, par exemple, tu détestes quand une personne vient dans ta chambre. tu n'es pourtant pas difficile, ni même égoïste, mais ta chambre c'est ton espace, ton jardin secret. tu ne peux pas faire entrer n'importe qui, comme tu ne fais pas dormir n'importe qui dans ta chambre. seule tes petites amies ont eu le droit d'y rester, les autres, c'est non, pas possible. elle te fait un signe de la tête, un léger oui, et tu viens t'asseoir à ses côtés. « tu pars combien de temps ?  » que tu lui demandes finalement parce que tu ne sais pas pourquoi mais tu as besoin qu'elle parte un moment. oui, sinon quand elle va revenir, elle va chercher à t'appeler, à prendre de tes nouvelles, et tu devras lui mentir, oui, comme tu vas devoir le faire aux autres.   « non pas que tu vas me manquer, mais un peu quand même ... qui est-ce qui va venir me chercher après le boulot pour m'emmener à la frontière ?  » que tu lui souffles finalement, avec un léger sourire sur les lèvres. personne, non personne puisque tu seras bloqués dans une chambre d'hôpital, d'ici demain ta vie est terminée.

« je suis sûre que tu es jaloux de la vue paradisiaque que j’ai depuis mon lit tous les soirs en me couchant et tous les matins en me levant. en même temps je te comprends parfaitement il y a vraiment de quoi être vert de jalousie. » ou pas. ce n’était clairement pas une vue sensationnelle loin de là. une vue banale que tu troquerais volontiers contre un paysage un peu plus exotique. mais ta famille est ici alors tu te contentes de cette vue. après tout tu t'en fichais un peu. tu n’avais jamais regardé par la fenêtre plus de trois minutes. tu n'avais pas tellement de temps pour ça. le quartier est sympa, mais sans plus. tu détestes tes voisins du haut depuis qu’ils sont devenus propriétaires ils enchainent les travaux. travaux qui t’ont obligé à louer une chambre d’hôtel pour réviser tranquillement. il s’approche du lit. il te demande l’autorisation. tu hoches la tête. il est déjà défait et tu es dessus. tu n'allais pas refuser. il s’assoie. tu t’allonges. « ce n’est pas moi qui te manqueras, mais mon incroyable et fluide conduite ainsi que ma jolie voiture. c’est vrai qu’on peut vite devenir vite accro. oh je ne m’inquiètes vraiment pas pour ça. certes tu seras moins en sécurité sur la route, mais tu en trouveras d’autres qui seront prêtes à t’emmener là-bas même encore plus loin. » tu souris legerement. tu fermes les yeux quelques secondes. « une semaine. » tu conclus. tu pars une semaine. t’es pas vraiment certaine. tu dis à qui veut bien l’entendre que tu pars une semaine. ce n’est pas totalement faux c’est les dates indiqués sur les billets d’avion. mais peut-être qu'au final tu te rendras compte qu'une semaine ce n'est pas suffisant. tu as besoin de te reconcentrer sur toi. d’oublier quelques instants les réseaux sociaux et ton portable. tu as passé trop de temps sur ton ordinateur pour tes études et certainement trop de temps sur les réseaux sociaux. tu as besoin de calme. de te retrouver. la solitude construit l'identité. la solitude construit l'empathie. la solitude emmène la créativité. tu sens que tu allais perdre la capacité d'être juste toi-même sans un petit break. tu vas juste te retirer un certain temps. une semaine normalement, mais peut-être qu’il te faudra plus de temps. pour te retrouver. pour revenir et être à 100% avec ta famille et tes amis. tu ne veux pas un jour te sentir seule et directement sauter sur les réseaux sociaux ou sur ton portable pour combler cette solitude. tu vas profiter de cette semaine pour lire plus. faire de la peinture tard dans la nuit. danser. rire. avoir de la musique douce dans tes oreilles. faire un break en bref. tu n’insinues pas que c’est mauvais tu veux juste te reconcentrer sur l’essentiel. tu veux reprendre le contrôle. tu n’as pas le pouvoir sur instagram et tu ne veux pas qu’il ait de pouvoir sur toi. tu veux être plus qu’un personnage public. tu ne veux pas qu’on te définisse par le nombre d’abonnés que tu peux avoir. tu as beau en avoir beaucoup tu n’en connais pas les trois quarts. tu veux juste être seule. tu ressortiras avec un plus grand sens de qui tu es et de ce que tu seras. tu t'inquiètes aussi beaucoup trop pour hakeem ça fait trop longtemps que tu n'as plus eu de ses nouvelles. tu te redresses d'un coup. ton humeur enjouée s'est envolée en y pensant simplement. tu as soudain comme une grosse boule dans la gorge. tu essaie de ne pas perdre ton sourire pour garder une façade de circonstance. tu ne veux pas te trahir alors tu décides à parler. « je pense que ça doit être bon... la pâte doit être bonne. » tu te lèves de ton lit. tu glisses quelques mèches rebelles derrière tes oreilles. tu sors de la chambre. tu passes par le salon. tu prends ton portable et tu regagnes la cuisine. tu sors la pâte. le gaufrier que tu graisses et que tu branches. tu mets la musique assez forte et tu chantes en play-back les paroles de have love will travel que tu connais par cœur à force. tu bouges en cadence.

« je suis sûre que tu es jaloux de la vue paradisiaque que j’ai depuis mon lit tous les soirs en me couchant et tous les matins en me levant. en même temps je te comprends parfaitement il y a vraiment de quoi être vert de jalousie. » tu souris doucement, ce doit être ça oui, tu dois être envieux du paysage qu'elle possède. tu souris, un peu plus et tu viens finalement la rejoindre sur le lit. elle s'allonge, tu t'assoies, tu la regardes, tu ne peux pas détourner le regard alors tu l'observes, sagement. quelque chose comme ça. « ce n’est pas moi qui te manqueras, mais mon incroyable et fluide conduite ainsi que ma jolie voiture. c’est vrai qu’on peut vite devenir vite accro. oh je ne m’inquiètes vraiment pas pour ça. certes tu seras moins en sécurité sur la route, mais tu en trouveras d’autres qui seront prêtes à t’emmener là-bas même encore plus loin. une semaine. » qu'elle finit par conclure. elle va partir une semaine. une semaine que toi, tu vas passer à l'hôpital, enfermé dans une chambre blanche, un lit blanc avec cette odeur que tu détestes tant . l'odeur de l'hôpital.   « je n'ai pas forcément envie d'en trouver d'autre pour m'emmener là-bas. » que tu lui confies simplement. non, tu n'as pas envie de demander à une autre personne, puis au final, tu ne pourras plus aller là-bas, non, sans être un fardeau, ça ne sera plus possible. tu vas juste pouvoir rester à l'hôpital, peut-être chez toi et encore, comment feras-tu ? t'en sais trop rien, tu ne veux pas y penser quelque part. tu pars dans tes pensées, elle aussi, le silence s'impose à vous jusqu'à ce qu'elle le brise sans réellement prévenir. « je pense que ça doit être bon... la pâte doit être bonne. » qu'elle lance avant de s'en aller vers la cuisine. tu restes là, un instant, à la regarder partir. il y a quelque chose qui cloche, quelque chose qui ne va pas, mas es-tu capable de le lui demander ? est-ce que c'est ton rôle ? tu aimerais, que ce le soit, tu aimerais l'écouter si elle en ressent le besoin. alors tu finis par te lever et la rejoindre dans la cuisine. elle est déjà derrière les fourneaux quand tu arrives. tu t'approches d'elle alors qu'elle est de dos, tu viens doucement poser tes mains sur sa taille, ses hanches. « tu sais Marlow, si .. si tu as besoin de parler, je peux t'écouter. » que tu lui murmures simplement. oui, tu peux l'écouter, tu peux prendre soin d'elle, elle peut se confier sans peur, tu n'iras pas le répéter ni rien, tu pourrais même l'aider.

tu sens sa présence derrière toi puis ses mains sur toi. tu n’as pas été assez convaincante visiblement. tu aimerais beaucoup revenir quelques année en arrière quand tu étais capable de passer d’un extrême à l’autre en deux secondes ou seulement grâce à une chanson. tu regrettes de ne pas pouvoir donner le change quand il est temps de passer à autre chose. tu te dois d’agir comme si tu ne voyais pas de quoi il parle. tu devais jouer l'innocente. tu te détaches. « merci c’est gentil, je m’en souviendrai. » autrement dit tu ne vois pas pourquoi il te dit ça. tu ne vois pourquoi il te dit ça maintenant. tu souris de plus belle pour ne pas en dire davantage. tu mets la musique un peu plus forte. tu ne te gênes pas pour une fois c’est toi qui dérangera tes voisins. tu ne veux pas en discuter ni devoir répondre à des questions gênantes. la vérité, ta vérité : tu ne peux supporter le départ d’hakeem. parler ou pleurer pour son départ ça ne le fera pas revenir. dans ta tête, ton grand frère, c'est le meilleur. c'est ton modèle. le plus fort. le plus beau. ton frère, tu l'aimes, pas seulement parce que c'est ton frère, non, ton frère tu l'aimes parce que ce que tu connais de lui t'amènes tout naturellement à l’aimer. tu fais semblant, tu souris pour ne faire de la peine à personne. tu es assez ouverte sur tous les sujets, mais quand il s’agit des émotions négatives que tu peux garder en toi tu te refermes comme une huitre. un hermétisme soudain, une susceptibilité soudaine, ce sentiment d’avoir été touché à vif qui te verrouille. tu refoules ce genre d’émotions. tu n’en parles à personne. c’est mieux de n’en parler à personne. tu n’en parles pas. tu n’en parle jamais. ni à ta famille ni à tes amis. tu as toujours procédé de cette manière. au fond de ton lit, tu décompresses. tu craques et tu t'endors instantanément par la suite car tu es sereine. le signal lumineux passe au vert. signe qu’il est suffisamment chaud. tu verses une louche dans les deux emplacements. tu le fermes il n’y a plus qu’à attendre. « j'espère que tu as faim. » pendant que la machine fait son travail, tu te hisses sur le plan de travail. ton regard se perd sur le mur d'en face. la brutale sonnerie du téléphone te sors de tes rêveries. tu descends du plan de travail. tu ouvres rapidement pour voir la cuisson. tu refermes et tu retournes la machine. « tu veux quoi dessus ? sucre glace, nutella, confiture ? je peux même te la faire façon banana split si tu veux ... alors ? »