matt & numa

tu avances, sans grande conviction, quand tu découvres ton partenaire. tiens, il te dit quelque chose, mais sans plus ... où est-ce que tu aurais pu le voir le monsieur ? tu te questionnes, tu n'arrêtes pas jusqu'à finalement arriver devant lui, un joli sourire aux lèvres. t'es pas là pour trouver l'amour, t'es là pour faire des rencontres, et ce cher monsieur sera une rencontre de plus que tu penses pourtant avoir déjà vu .... mais où ? telle est la question. bonjour ! je suis désolé de vous observer comme ça, mais je suis persuadé de vous avoir déjà vu ... je m'appelle numa, et vous ? que tu demandes. t'es naïf, en cet instant, tu ne vois ni le mal, ni le bien, tu ne penses si à sacha, ni à lia, ni à personne d'autres. tu avances, simplement, vers l'inconnu et tu t'assoies.

Matt s'est installé à la table. Il attend tranquillement l'arrivée de la jeune femme qu'il doit rencontrer. Ce n'est que lorsqu'il voit un homme s'avancer qu'il croit à une blague. Bon, il passera ce rendez-vous-ci à parler de rugby, ou à plaisanter avec son interlocuteur. Pas de drague pour l'instant. A peine arrivé, le jeune homme le salue et le scrute du regard comme s'il avait un bouton sur le nez. Il en a l'habitude, et Matt ne s'en formalise pas pour autant, mais il ne peut s'empêcher d'éclater de rire. Finalement, il n'y a pas que sa cousine qui ne s'intéresse pas au rugby. "Salut Numa, moi c'est Matt." Il esquisse un sourire, il a envie de plaisanter, alors il ne lève pas le doute sur son identité. "Ah bon, je m'en souviendrais pourtant... T'es de Biarritz?Tu permets que je te tutoie, hein? Tu dois avoir mon âge!" A présent, il se demande pourquoi un gars comme lui se retrouve dans ce genre d'événement, et il a presque envie de lui poser la question. Mais pour l'instant, il s'abstient.

Matt. t'en sais trop rien, tu ne sais pas si ça te dit quelque chose. tu n'arrives pas mettre une situation sur sa petite tête, ni même sur son prénom. il continue dans sa tirade, tu l'écoutes, pourtant, t'es pas encore totalement là, t'es encore en pleine recherche d'identité. est-ce si grave ? oui oui, bien sûr, on se tutoie ! c'est peut-être comme ça que je te connais, si on a presque le même âge et que t'es de biarritz aussi ... on a forcément du se croiser un jour non ? tant que tu n'auras pas réussi à trouver qui c'est, tu continueras à être ailleurs. c'est peut-être lorsque tu as reposé tes iris sur lui que la connexion entre tes neurones s'est refaite. mais oui ! je sais qui tu es ! tu joues dans l'équipe de biarritz de rugby non ? que tu t'exclames, sans réellement faire attention aux autres tables qui sont autour de vous. t'es tout fou, et t'es bien content d'être venu ici, pour la première fois, tu trouves ça utile. j'savais que je t'avais déjà vu, j'en étais sûr ! bon, du coup, toi, tu ne sais pas qui je suis pour le coup ... mais je suis déjà venu vous voir jouer c'est pas mon sport de prédilection mais j'vous soutient à 100%.

Il a beau chercher, Matt ne voit pas où il aurait pu le croiser, alors s’en suivent les questions de base, en bon Biarrot, il s’imagine qu’ils ont pu se côtoyer au lycée ou au collège. « T’as quel âge ? T’étais peut-être au lycée Malraux ? J’ai 21 ans. » Parce que Matt ne cherche absolument pas à étaler au monde entier qu’il est rugbyman professionnel. Il aime sa tranquillité, et s’il sait que c’est temporaire car sa carrière finira par exploser véritablement une fois en Top 14, il savoure. Mais il est vite démasqué. Le jeune homme en face de lui fait le rapprochement et il ne peut qu’acquiescer. « Oui, je joue au BO ! Je suis demi d’ouverture mais je peux jouer au centre aussi. » Il ne sait pas pourquoi il précise car il est bien évident que le garçon n’est pas du métier. Il en plaisante d’ailleurs : « Tu dois rien comprendre à ce que je te raconte ! » Son interlocuteur croit bon de lui préciser qu’il est déjà allé les voir jouer, et d’un signe de tête, il le remercie en questionnant : « Tu préfères le foot ? » Même si Biarritz est plutôt une terre de rugby, le football est un sport plus populaire. Et puis il songe plutôt aux autres sports locaux : « Ou le surf ? » Ca parait plus plausible ici. Matt lui fait passer un véritable interrogatoire, les questions s’enchainent, comme s’il était plus à l’aise à l’idée d’en apprendre plus sur l’autre que sur l’inverse. « Mais du coup, comment tu t’appelles ? Et toi tu fais quoi dans la vie ? » Sympa le ‘speed meeting’.

tu en ais certain maintenant, il joue au club de rugby du coin, c'est obligé. comment tu fais ça ? tu es déjà passé par là, ta bande aime bien ça, le rugby du coup ... ils t'ont déjà emmené voir de nombreux matchs puis c'est toujours plaisant comme sport même si légèrement trop brutal pour toi. surtout maintenant que tu as une jambe qui n'en fait qu'à sa tête. je ne comprends absolument rien c'est vrai !   que tu réponds en riant, c'est vrai que s'il te parlait chinois ça serait certainement pareil dans ton esprit. le néant. tout ce que tu comprends, c'est qu'il joue dans l'équipe de ta vile natale et que rien que pour ça t'as envie de l'apprécier le Matt. aaah non pas le foot, c'est pas mon truc mais tu as gagné c'est bien le surf ... je suis de biarritz alors vivre à côté de la plage ça donne envie d'y aller tous les jours.  tu lui souris doucement alors qu'il enchaîne les questions, ça te fait plaisir qu'il en pose, ça signifie qu'il est tout de même intéressé par toi, parce de nouvelles rencontres et c'est plutôt bien de partir de ce point. une bonne mentalité. je te l'ai pas déjà dis ? je m'appelle numa, je sais, ce n'est pas commun, mais je t'assure que je viens d'ici, j'ai juste des origines italiennes alors forcément, ça donne des prénoms de ce genre ...   tu hausses doucement les épaules. alors moi, je suis commis de cuisine à l'atelier, je ne sais pas si tu connais ? et toi du coup, tu vis de ta passion ?  

Le jeune homme en face de lui a la dégaine du surfeur maintenant qu’il y pense. Matt aime bien prendre une planche et s’adonner à ce sport aux sensations fortes. Mais son emploi du temps bien chargé entre la musculation, les entrainements de rugby, les moments en famille et les sorties ne lui accorde pas souvent ce plaisir. « Ah ça c’est sûr! J’aime bien le surf, mais avec le rugby j’ai pas trop trop le temps, alors c’est rare que j’y aille. » Et puis il n’est pas exceptionnel, il finit souvent sous la vague, mais ça le fait rire. Ca fait moins rire son entraineur qui une fois a du se passer de ses services parce qu’il avait heurté un rocher. Il a bien vite compris qu’il se devait de se consacrer totalement à son sport. Son interlocuteur se prénomme Numa. C’est joli. Ca le fait sourire. Lui a un prénom plutôt commun : Matt, mais son véritable prénom est Matthew, bien moins commun en France. C’était d’ailleurs très drôle à l’école lorsque les maitresses et les autres enfants ne parvenaient pas à le prononcer correctement. ‘Mattiou’ c’était tellement drôle ! Il s’intéressait à ce que le jeune homme avait à lui dire parce qu’il refusait de vivre dans une sphère intouchable. « C’est bien d’avoir un prénom original, ça évite d’avoir des doublons à l’école ! » dit-il en souriant. Numa lui apprit qu’il travaillait à l’Atelier et le jeune Whitford était impressionné parce qu’il appréciait réellement ce restaurant. « Oui je connais bien, on vient souvent avec ma famille ! » Ils aimaient bien fêter les anniversaires des filles là-bas et le sien aussi. Parfois ils n’avaient même pas besoin d’une occasion particulière. « Eh oui, j’ai la chance de pouvoir en vivre ! C’était mon rêve de gosse ! » Il n’avait toujours songé qu’au rugby. Il ne s’imaginait pas faire autre chose, et il n’y avait jamais songé à vrai dire.

quand il t'avoue qu'il aime bien le surf aussi, t'as envie de devenir son meilleur ami. parce qu'il est gentil, parce qu'il à l'air normal, il n'a pas l'air de se prendre la tête puis ... puis il est sympa quoi ce type, alors s'il aime aussi le surf tu ne peux que l'apprécier. c'est comme une congrégation. Ce doit d'ailleurs être pareil pour lui, quand il tombe sur quelqu'un qui aime le rugby, il doit forcément avoir envie de l'apprécier. aux premiers abords, tout du moins. tu sais très bien qu'après, faut connaître la personne et savoir si elle est réellement sympa. Je comprends, ça ne doit pas être facile de trouver du temps pour tout combiner même toi t'avais du mal à trouver l'temps des fois. du coup, t'avais trouvé un logement au bord de la plage. comme ça, tu n'avais pas tout le temps des excuses pour ne pas y aller. du moins la proximité n'en était pas une. ah ça c'est certain, j'ai jamais rencontré de numa, donc oui, c'est plutôt une bonne chose, pour ça tout du moins. tu lui souris amicalement. quand il te dit qu'il va souvent à l'atelier, ça te fait plaisir. forcément, t'aimes bien quand les gens viennent manger là où tu bosses, c'est toujours plaisant et ça fait plaisir. aaah, la prochaine fois dis-moi quand tu es dans l'coin, j'essayerai de gratter une petite réduction. oui, t'es comme ça, t'aimes bien offrir. t'es un de ces types généreux au fond. c'est certain, tu dois être fier de toi. j'ai voulu suivre le même chemin, enfin, pour le surf quoi mais j'ai eu l'droit à un obstacle - un accident - et du coup ... et du coup je suis commis. c'est pas tellement la même chose mais c'est pas mal. puis un mec qui cuisine, c'est rare.

tu comprenais, pour les entraîneurs, avec ce qu'il t'était arrivé ... tu comprenais, qu'ils puissent s'inquiétez de perdre leur petit. c'était tout à fait normal. c'est certain qu'une blessure signifie souvent une saison de perdue, c'est pas génial, les entraîneurs doivent être sous tension c'est leur gagne pain, comme celui de matt, c'est son gagne pain, il a besoin d'être en forme pour réussir et avoir assez d'argent pour remplir son assiette tous les soirs. c'est de cette manière que la vie fonctionne. tu n'as jamais eu à te plaindre puisque tes parents ont toujours été là pour t'aider. une bonne chose, très bonne chose. pas de soucis, tu passes à l'accueil et tu demandes numa, il n'y a pas pas trente-six millions, surtout à l'atelier. tu ris légèrement, à ta propre blague qui rappelle la sienne sur les doublons de prénom à l'école. le genre ... le genre à finir paralysé d'une jambe pendant plus d'un an. pas l'truc sympa tu vois. mais oui, je remonte la pente même si j'ai du mettre mes rêves de carrière dans le surf à la poubelle. mais tant pis, disons que je suis vivant alors il vaut mieux voir les bonnes que les mauvaises choses.

Il hausse les épaules. Avec tous les sponsors qu’il a au dessus de la tête, il est évident que le jeune homme se doit d’être prudent, et tant qu’il peut vivre de son métier, il le fera. Parce que là encore, tout est éphémère, tout peut s’envoler très vite, il en a conscience. Il acquiesce à la proposition de Numa et il se plait à lui faire une petite blague : « Tu sais, t’aurais pas dû me proposer ça, car maintenant on va venir tous les jours mais que si on a la réduction ! » Il rit discrètement, jetant un coup d’œil aux autres tables, se demandant si comme eux, les autres se sont retrouvés à faire connaissance avec des personnes en qui ils ne voient pas du tout un potentiel rendez-vous. Mais Numa lui raconte alors ce qu’il a du vivre, et si Matt est peiné pour lui il est bien trop curieux : « Accident de la route, ou de surf ? Désolé, je devrais peut-être pas te poser ce genre de questions.. Tu surfes de nouveau à présent ? » Ca montre toute la détermination de son interlocuteur. Ne pas renoncer pour continuer de vivre.

aah, dans ce cas, peut-être qu'il faudrait que tu oublies ce que je t'ai dis. tu fais une petite mine, t'as le sens de l'humour, évidemment, et t'imagines déjà la scène dans ton esprit. lui, et toute sa troupe de rugbyman qui passent par là pour manger, l'ambiance que ça ferait s'ils venaient tous en même temps. t'imagine déjà le borde que ça serait dans la salle de restaurant et peut-être même que tu regretterais de ne pas être en salle pour une fois. tu aurais peut-être envie de sortir de tes cuisines pour observer la scène. tu parles ensuite de ton accident, il te pose des questions et étrangement, ça ne te dérange pas. t'inquiète pas, ça ne me dérange pas, ça fait un an ... tu lui souris, avant de reprendre. non, pas la route, je suis vigilant, par contre quand je surf, quand j'ai une idée en tête ... je fonce et voilà. je me suis pris un rocher, ma jambe est restée coincée un bon moment. trop longtemps. et j'en ai perdu l'usage pendant près d'un an. tu ne souris plus tellement, c'est étrange, d'en parler, mais ça fait du bien. ça fait du bien, de lâcher les mots, de lâcher ce que tu peux avoir, ce que tu as vécu. tu n'en parles pas réellement, tu as toujours du mal à en parler, parce que ça te fait te souvenir le tout. mais ça va mieux, j'ai des rechutes, mais je ne peux pas m'empêcher de continuer le surf, même si ça m'est totalement interdit.

Il sourit. « Oh mince, je me faisais une joie d’inviter tout le Biarritz Olympique ! » Ca serait à faire un jour. S’ils se qualifiaient pour les demi-finales d’accession au TOP14, pourquoi pas. Il mettait un point d’honneur à animer le restaurant avec tout son entourage. Jonny en chanteur de karaoké pour la peine. Si la note positive était agréable, c’est surtout parce que le sujet suivant était beaucoup plus déprimant à aborder. Matt ne serait probablement pas parvenu à continuer sa vie s’il avait eu un accident lié au rugby, car le plus gros risque c’était les cervicales, et il avait toujours dit à son père que dans le cas où il serait tétraplégique, il préférait qu’on l’aide à ne pas souffrir. Il comprenait donc ce que ça faisait de voir son rêve s’envoler. « On mesure rarement les risques, nous c’est pareil au rugby. C’est pour ça que le monde s’écroule du jour au lendemain, mais faut pas se laisser abattre, même si tu ne peux pas être pro, tu as toujours des challenges devant toi. » Il remontait d’ailleurs sur une planche, ce qui prouvait que la volonté était capable de grandes choses, il devait continuer d’y croire et persister. « Fais attention, mais profite aussi, parce qu’on a qu’une vie mec ! » Et tant qu’on est jeune, il faut se le permettre !