(Margaux) Des nouveautés sur Maona ?

Eneko appréhende. Il attend patiemment l’arrivée de Margaux à la terrasse d’un bar et il craint ce qu’elle va lui annoncer. Elle lui a fait part qu’elle avait découvert certaines choses sur la naissance de Maona et il ne sait pas du tout à quoi s’attendre. Il espère cependant que ce ne sera pas difficile à encaisser… A l’heure actuelle, elle ignore encore avoir été adoptée, il ne lui en a pas touché deux mots. Il pourrait, devrait, mais ce n’est pas à lui de le faire et après avoir eu une discussion avec les parents de Mao, il sait que ce sera difficile pour eux de le lui annoncer une deuxième fois, de faire face à une Mao perdue. Ils ont peur, eux aussi, qu’elle sombre de nouveau dans l’alcool. Ils ont peur qu’elle s’éloigne du bon chemin dans lequel elle est revenue et ils retardent autant qu’ils le peuvent l’annonce, mais il va bien falloir le lui dire, éviter les mêmes erreurs qu’auparavant et peut-être que ça lui rappellera des choses… Il n’en a pas tellement envie, mais il ne sait pas comment gérer les choses. Tout ça, c’est nouveau. C’est délicat. Il plonge un demi-sucre dans son café et en boit une gorgée, alors qu’il voit une silhouette se former au loin, une silhouette qu’il a déjà vu, sur une photo, rien de plus. Il n’a jamais rencontré Margaux, mais elle est là, il la reconnait, alors il pose sa tasse sur la table et se lève, ne sachant pas si elle le reconnaitrait, si Maona lui a montré une photo de lui. « Margaux ? » l’interpelle-t-il, dans un sourire. « Eneko. » Il la sait proche de Maona, elle lui veut du bien, elle est là pour elle, pour la soutenir et ça lui plait. Il ne la connait pas, mais il l’apprécie déjà pour tout ce qu’elle fait. Il n’aime pas toujours ceux qui lui sont proches, surtout les hommes, mais là, c’est bien différent. « Je ne vous ai pas attendu, j’avais un peu d’avance. Vous souhaitez quelque chose ? » demande-t-il, en se penchant vers l’entrée du bar, essayant de visualiser un serveur, mais aucun ne passe pour le moment. « Comment c'est arrivé ? Votre accident ? » Entre elle et Maona, elles n'ont visiblement pas de chance. « Ca me fait plaisir de vous rencontrer. Te rencontrer ? Peut-être que l’on pourrait commencer par se tutoyer ? » Ca brise la glace, la distance qui n’est pas si nécessaire que ça.

Tu es assez stressé. Ce que tu as découvert dans cette enveloppe t’avait surprise. Une grande enveloppe brune que le compagnon de ton père t’avait tendue une semaine plus tôt quand tu t’étais rendu à Bordeaux pour être près de lui. Tu étais parti en pleure, une fois de plus. Tu espères qu’il change, tu n’attendais que ça, tu voulais enfin connaitre ton père. Tu le connaissais physiquement – enfin, tu savais comment il était, mais tu ne connaissais pas son histoire. Tu avais discuté avec Aloïse, sa sœur donc ta tante. Les rares fois que tu l’avais vu, tu lui demandais comment été son frère jeune. Tu voulais savoir s’il avait toujours été comme toi, tu l’avais connu. Méchant, froid et sans cœur. Tu avais voulu annoncer la nouvelle à Maona. Seulement, tu ne savais pas si elle se souvenait encore de ça ou pas. Elle t’en avait déjà parlé qu’elle avait été adoptée, mais avec sa perte de mémoire, tu ne sais plus ce qu’elle sait. Tu ne veux pas être une bombe en disant un truc qu’elle ne sait plus, alors tu te tournes vers la seule personne qui pourrait d’aider : Eneko. Son ex-mari. L’homme dont elle est encore amoureuse, enfin, elle ne te l’a pas dit, mais ça se voit. Tu connais la Maona amoureuse et c’est ce qu’elle dégage encore quand elle te parle de lui. Tu es devant le café, tu passes la porte, mais tu ne sais pas qui trop chercher. Maona t’avait envoyé des photos d’eux, mais avec l’accident, ton portable est dans un sale état. Tu as tout perdu, tu as dû même t’offrir un portable avant l’heure. Heureusement, que tu avais gardée tous tes numéros sur le cloud. Malheureusement, ce n’était pas le cas de tes photos et de tes musiques. « Margaux ? » tu entends une voix grave t’interpellais. Tu vois un homme, un homme qui doit avoir la trentaine, un grand brun qui doit te dépasser d’une bonne tête. C’est lui, c’est sûr. Ça ne peut être que lui. « Oui c’est bien moi. Enchantée, Monsieur Deribay. Ce n’est pas grave, c’est ma faute, je suis en retard.» oui tu es en retard, tu as fait un petit détour par une pharmacie pour acheter ce qui vous avez fait défaut quand tu as faillis sauté le pas avec Jonny Tu avais pris ton courage à deux mains et tu avais questionnée la pharmacienne. Tu avais pris trois boites différentes pour être sûr, tu ne sais pas comment est son machin toi. Tu as juste écoutée la dame qui en savait beaucoup plus que toi. Au moins, tu auras ce qu’il faut chez toi, si ça doit se reproduire. « Je veux bien un thé à la menthe si ça ne vous dérange pas » tu t’installes alors en face de lui. Il est impressionnant. Tu comprends ce que Maona lui trouve, c’est un très bel homme, il faut se l’avouer. Il est beau son Eneko, enfin, toi, t’as ton Jonny, alors les autres hommes, tu ne le regardes pas comme une fille normale. Non, toi, tu ne jures que par ton amoureux depuis des années. « oh, mon accident » tu passes ta main sur les bleus qui recouvre ton avant-bras. « Une personne âgée n’a pas vu le feu rouge. Il m’a percuté alors que j’étais déjà engager. Je n’ai pas eu le réflexe de freiner. J’étais dans mes pensées, enfin, je venais de lire quelque chose de troublant. » il va croire que Mao et toi vous êtes pas douées avec les voitures. Seulement, ça pourrait s’expliquer maintenant « ça me fait plaisir également de vous rencontrer enfin. Oui bien sûr, on peut se tutoyer, ça ne me gêne pas. » le serveur qui était venu entre temps, t’apportes ta grande tasse de thé. Une douce odeur de menthe s’en échappe. Tu sors alors l’enveloppe de ton sac, autant passé aux choses qui fâchent. Tu lui tends un papier. « Regardez ce document. » tu te reprends « Pardon, regarde la fin de ce papier. » tu lui fait lire la ligne où est inscrit le nom du père. C’est un papier indiquant le souhait de vouloir faire adopter un enfant, par chance ton père avait eu la lucidité de reconnaitre l’enfant. « Je suis une Laurence depuis mes onze ans, j’ai pris le nom de ma mère après le divorce de ma mère. Avant cela, j’étais Margaux Gauthier, mon père était, enfin est Alain Gauthier » tu baisses alors les yeux, de le dire à haute voix, c’est si étrange. « Mao enfin Maona est ma …»

Le serveur passe, prend la commande et Eneko se réinstalle en observant son bras coloré. Un accident de voiture. Ca lui rappelle évidemment de mauvais souvenirs, cette fois où on a trafiqué le véhicule de sa petite femme. Le plus important c’est qu’elle est là, face à lui, vivante et en bonne santé, plus ou moins. Il ne s’attarde pas sur le sujet, saisit la feuille A4 qu’elle lui tend, commence à lire, puis passe directement à la fin pour lire ce qui doit l’intéresser. Il ne comprend d’ailleurs pas, puis il fait le rapprochement et percute lorsqu’elle reprend la parole. « Ta sœur ?! » Maona est sa sœur ?! Il se laisse tomber sur le dossier de sa chaise, les yeux rivés sur les lignes, sur cette encre sur ce papier. Margaux est sa sœur. Ca doit lui faire un choc de l’apprendre et lui… Lui, quelque part, ça le soulage, parce qu’elles se connaissent, parce qu’elle pourra enfin arrêter de faire toutes les recherches dans lesquelles elle s’était lancée corps et âme, mais ce n’est vraiment pas le moment, encore. « Maona ignore qu’elle a été adopté, pour le moment. Enfin, elle le sait… Mais avec son accident, elle a oublié ce détail important de sa vie. J’ai conscience que ça puisse te faire un choc de l’apprendre et honnêtement, j’en suis moi-même très surpris. Quelles sont les chances que deux sœurs soient de très bonnes amies et de la même famille sans même le savoir ? » Ca arrive, mais pas si souvent que ça. « Comment as-tu eu ça ? » Est-ce son père qui souhaitait qu’elle l’ait, pour retrouver les traces de cet enfant adopté ? Il y a tant de questions qu’il se pose, mais avant tout, il pense au bien-être de Maona, toujours, c’est elle qui est plus importante que n’importe qui à ses yeux. Plus importante que lui-même. Il passe sa main sur sa nuque, boit une gorgée de son café afin de se requinquer un peu. « Il ne faut pas qu’elle l’apprenne, pas tout de suite. J’aimerais d’abord lui annoncer qu’elle a été adoptée. J’aimerais qu’elle le sache, avant d’approfondir là-dessus. » De lui apprendre qu’elle a déjà pris contact avec un côté de sa famille, puis maintenant que l’autre est complète. « Ton père, est-ce qu’il est… ? » Il ne la connait pas, Margaux. Il ne sait pas ce qui se passe avec ses parents, s’ils sont toujours en vie et il aimerait que ce soit le cas, que Maona puisse connaître son père, qu’elle puisse avoir les réponses à ses questions, aussi. « Je suis désolé de te poser cette question, mais est-ce qu’il est bien vivant ? » Maona, ça, elle doit le savoir, elle connait bien Margaux, mais il aimerait avoir cette réponse, elle l’intéresse.

tu l’observe lire attentivement le document que tu viens de lui tendre. Tu vois bien qu’il est aussi surprit que toi. Combien avait-il de chance pour que Maona, ta meilleure amie, ta sœur spirituelle, ta jumelle d’une mère différente soit en réalité ta demi-sœur ? Les chances étaient infimes, mais vous étiez inespérable. Tu préférais que ça soit elle et pas une autre. oui, tu préfères que ça soit Maona, celle que tu connais depuis toujours, qu’une personne que tu ne connais pas et qui avec laquelle cela ne fonctionnerait pas entre vous. « oui il semblerait que nous soyons des sœurs. C’est fou, j’ai toujours considérée Maona comme la sœur que j’ai voulu avoir, comme la jumelle qu’on m’avait retirée à la naissance. Parfois, on se comprend sens rien, dire que ça en ai bizarre. Alors quand j’ai vu ce document, je n’en ai pas cru mes yeux, je venais de le lire, juste avant mon accident. Ce document explique le lien si fort qu’on a. Un lien qu’on a jamais compris  » oui tu n’as jamais compris ce lien qui vous unissez. Parfois, tu te demandes si elle n’était pas ton clone ou toi le sien, vu que tu es née plus tard. Il y a des choses que vous aimez toute les deux, des choses que vous détestez avant même d’avoir gouté.   « C’est pour ça que je t’ai contacté. Je ne pouvais pas lui en parler à elle, en ne sachant pas ce qu’elle a perdu. J’ai besoin de vous en parler à vous, enfin à toi. Elle m’avait dit qu’à un moment, elle pensait que tu étais son frère et que vous aviez fait quelques recherches. C’est pour ça que je viens vers toi Eneko. Je veux savoir ce que je dois faire. » il te demande où tu as eu ses papiers. « le conjoint de mon père me les a transmis » tu vois bien qu’il se pose des questions sur ta famille. Tu dois peut-être mettre les choses au claire. Pour qu’il comprenne. Maona connait très bien son père biologique, le tien. Les rares fois où elle l’a vu, elle n’a pas aimé ton père. Elle avait dit que ta mère et toi vous mériteriez mieux. Elle sera sous le choc en apprenant que ton méchant père et le sien. « Maona connait très bien mon père, enfin notre père. Il n’a jamais été très présent à la maison. Ma mère pensait qu’il avait un métier important et qu’il devait partir souvent de la maison. Seulement, il avait une vie cachée. Il passait des semaines avec son amant, avant de daigner revenir à la maison. Qu’ils y aient du monde à la maison ou pas, il se montrait toujours agressif envers moi. Quand j’ai eu onze ans, ma mère a appris pour l’enfant qu’il avait fait à une autre, qu’il était homosexuel et qu’il lui avait menti. Ce jour-là, devant Maona, il a dit que j’étais la pire chose qu’il lui soit arrivé. Que j’étais tout ce qu’il hait le plus au monde, que j’étais le rappel constant de son hétérosexualité. Il détestait l’homme qu’il avait été, donc il me détestait moi aussi. » tu essaies de rester forte, tu essaies de ne pas faire couler les larmes qui commence à monter. Autant qu’Eneko soit au courant de l’homme qui est le père de la femme qu’il aime. Tu ne veux pas de sa pitié, mais tu veux qu’il sache ce qu’il en ait. « Oui, il est encore en vie, mais pas pour très longtemps » puis tu lâches un soupire « il a un cancer en phase terminal. Je ne pense pas qu’il soit bon qu’elle aille le voir, il sera avec elle, comme il l’est avec moi. Il n’a jamais aimé Maona, il m’a souvent dit que j’avais mal choisi mes amis.  »    

Oui, c’est complètement dingue, Eneko lui-même peine à en revenir tant c’est une information surprenante, mais ce document est bien là pour prouver ce qui est avancé. Maona a trouvé sa famille, entière, même si elle ne le sait pas encore et avoir Margaux dans sa vie va lui faire énormément de bien. C’est une jeune fille avec qui le courant passe bien, une sœur qui est apte à la soutenir dans toutes les épreuves qu’elle traverse. « C’est une chose qu’elle a oublié. Elle n’est pas encore au courant que sa mère est la mienne, qu’elle a été adopté, alors… Laisse-moi m’en charger. Je lui en parlerai. Il fallait que je le fasse. » Il faut maintenant qu’il lui annonce les choses, qu’il trouve le comment il fera ça, autant dire que ça s’avère être une tâche difficile, mais ce sera soit lui, soit ses parents adoptifs. Il ne faut pas faire les mêmes erreurs qu’autrefois. Pas deux fois comme ça, il ne le supportera pas. « Je te tiendrai au courant. Je te laisserai lui annoncer cette nouvelle, mais vas-y doucement. Ca fait beaucoup à accumuler en si peu de temps… » Beaucoup trop. La réalité ne lui échappera pas, il le sait. Un jour, elle se rappellera forcément des choses, peut-être pas par son biais, ni naturellement, mais pas la force des choses, de ce qui se passe autour d’elle et ça, il ne sait pas le gérer. Il aimerait encore profiter de la jeune femme qui n’a aucun souvenir de ce qui a été fait, de ce qu’elle a fait, de ses erreurs à lui. Il lâche un soupir en apprenant un peu plus de la personnalité de cet homme. Un père peu présent, avec une vie cachée, tout ce qu’il aime. « Son amant ? » Voilà qui le rebute un peu plus encore. Eneko a une très mauvaise expérience avec les hommes et rares sont les homosexuels qu’il supporte. Il a tendance à se remémorer comment s’est comporter Cameron avec lui, ce qui le pousse à ne pas avoir une bonne opinion d’eux, des pratiques. « Il s’est montré violent avec toi ? » Il le déteste déjà, cet homme. Il ne veut pas qu’il approche Maona, surtout si c’est pour lui dire des choses aussi horribles que ce que Margaux a reçu en pleine figure. Des choses blessantes, qui restent gravées dans la tête. Maona a trop souffert pour supporter une personne de ce style en plus. Il aimerait la protéger des démons, des siens et ce n’est pas toujours évident. Après tout, aujourd’hui, qui est-il dans sa vie ? Son ex-mari qui essaie de récupérer une place qu’il avait autrefois, un homme qui vit dans des souvenirs qui ont beaucoup compté, qui comptent toujours. Eneko lâche un soupir, encore un. « Il faut que je lui parle. » C’est son père, tout de même. « Ce sera à elle de prendre sa décision. » Il ne pourra pas l’empêcher de faire un pas vers son père. Et elle le fera peut-être bien, pour obtenir des réponses, ne pas avoir de regret. « Je ne peux pas le lui interdire, tu comprends, même si je n’ai pas la moindre envie qu’elle le rencontre. » Il va lui faire du mal, il le craint.

« oui je te laisse faire, c’est pour ça que je voulais vous voir, je suis déjà assez surprise par la nouvelle, je voulais pas aggravé la situation. Enfin lui balancer un truc dont elle ne se souvient plus. » tu es en train de touiller ton thé sans t’en rendre compte. De parler de ton père ça te fais oublier les choses qui t’entour. Eneko est la première personne a qui tu parles de ton père. Enfin, comment il est réellement. Il doit savoir. Il doit tout savoir pour voir s’il est bon de le dire à Maona ou pas. Tu serais même capable de le garder pour toi, s’il te dit que c’est une mauvaise idée. Tu veux que le bonheur de ta sœur toi. Qu’elle sache ou pas, tu t’en fiches. Tu veux la voir sourire à nouveau. « Est-ce qui a été violant ? Dans ses mots oui. Il ne m’a frappée qu’une fois, je lui dois cette cicatrise. » tu lui tends ton poignet. La cicatrise est moins net avec le temps, mais elle est là à cause de lui. Tu ne savais pas ce qu’il lui avait pris ce jour-là. Tu lui avais ramené un petit dessin que tu lui avais fait à l’école et il t’avait frappée. Tu étais tombée sur la table en verre du salon. Il était parti comme si de rien été et toi, tu avais juste dit à ta douce maman que tu avais trébuché sur le tapis. Tu as toujours été maladroite, alors tu avais joué sur ce fait. Tu ne voulais pas lui dire la vérité. Ta maman souffrait déjà assez. Tu lui as menti, tu n’as menti que cette fois-là. « Tu veux parler à mon père ? » tu es un peu sous le choc. Il veut parler à ton père ou souhaite-t-il en parler à Maona avant. Tu tiendras ta langue autant de temps qu’il le faudra « Je ne veux pas te pressée, mais j’ai parlé au docteur et il lui laisse moins d’un mois à vivre.» oui tu as croisée un de ses docteurs quand tu pleurais dans le couloir de l’hôpital de Bordeaux. Il t’avait alors annoncé la nouvelle. Il avait bien vu comment tu avais été traité, alors il avait jugé bon de t’informer. Il avait cru bon de te dire que ton calvaire serait bientôt fini. Tu détestes ton père, mais tu ne souhaites quand même pas sa mort pour aller mieux. Tu avais alors fuit. « Je croyais qu’il aurait changé en se sachant malade, mais il est pire qu’avant.» une première larme coule le long de ta joue, tu ne t’en aperçois pas. Parler de ton père de chamboule à chaque fois, penser à lui te détruit à chaque souvenirs. Tu ne veux pas qu’elle vive ça. Tu ne veux pas qu’elle soit malheureuse d’avoir un père « Je ne veux pas qu’elle souffre à cause de lui. Je tiendrais ma langue s’il le faut. »

« Tu as bien fait. » Maintenant, il va falloir qu’il prenne ses responsabilités, qu’il amène le sujet, parce qu’il sent bien que c’est un secret trop lourd à porter pour Margaux et qu’elle a besoin d’en discuter avec Maona. « Tu n’aggraves pas la situation, il faut juste que je lui en parle, que je lui dise pour son adoption. » Il faut qu’elle apprenne déjà ça, qu’elle avale la nouvelle et il ne sait pas vraiment comment ça va se passer. Cette histoire les avait tellement dépassé qu’il ignore comment lui apprendre la nouvelle sans que ça l’atteigne à un trop gros degré. Autant dire que la tâche s’avère être difficile, d’autant plus qu’à la base, il souhaitait prendre son temps. Eneko l’écoute, est d’abord rassuré qu’il n’ait pas été violent, avant de voir cette cicatrice. Ce geste lui a peut-être échappé, mais il n’est pas d’accord avec cette façon de faire, d’être aussi impulsif dans les gestes. Lui l’est, dans ses paroles. Il ne contrôle pas toujours tout ce qu’il dit tant ça l’affecte et ça peut faire aussi mal qu’une lame sur un bras, mais tout de même. La violence physique, il ne cautionne pas et il a peur pour Maona, qu’elle finisse par le rencontrer. « Non, à Maona. » Parler à cet homme, pour le moment, il n’y pense pas. « Il faut que je lui parle pour qu’elle puisse prendre sa décision. Je ne peux pas la prendre à sa place, je ne peux pas lui interdire de rendre visite à cet homme, même si j’aimerais qu’elle ne le voie pas. Je serai certainement présent, en revanche. » Impossible qu’elle y aille seule, il ne le souhaite pas. Trop protecteur avec la femme qu’il aime, mais ça lui semble tellement naturel. Il l’aime tellement. « J’ai peur qu’une rencontre puisse l’atteindre. » Ce sera forcément le cas, mais il craint tout de même la chose, il envisage toutes les possibilités. « Non non. Laisse-moi le temps de lui dire les choses et je te tiendrai au courant, rapidement. Je te laisserai prendre contact avec toi, ou inversement. Est-ce que tu souhaites lui annoncer cette découverte ? Je pense que tu es la mieux placée pour ça, qu’il vaudrait mieux qu’elle n’apprenne pas cette nouvelle de la bouche de quelqu’un d’autre que toi. » Il n’est pas certain que ce soit les meilleurs choix, mais il est dans une impasse. Il n’y a pas une meilleure façon d’agir, finalement. Il faut le faire, c’est tout.