(maona) explications.

pendant une heure t'as attendu comme une idiot chez toi, à tourner en rond. tu t'es simplement préparé à sortir et le reste du temps tu n'as fait que cogiter. tu n'as cesser de t'imaginer la scène dans ta tête, à plusieurs reprises. de te former divers scénarios possibles et imaginables, chacun tournant au drame. t'aimes pas ça, ne pas savoir. tu stresses, tu sais pas pourquoi, mais tu stresses. certainement parce que tu vas la revoir pour la première fois depuis qu'on t'as annoncé qu'elle était enceinte. également parce que c'est chez son mec que t'as rendez-vous. tu sais que c'est fini, que tout serait réellement fini d'ici quelques heures, mais ça t'angoisse quand même et ça te gêne. un peu, terriblement en fait, de la retrouver chez Eneko. tu prends ton portable, lui envoies un message comme convenu pour lui dire que tu pars, et tu sors de chez toi. la trajet te paraît horriblement long et pourtant plus tu t'approches de chez lui, plus tu as envie de faire demi-tour. t'es pas prêt à entendre ça, t'es pas prêt à faire face à la réalité. c'est terminé, Nino, terminé. tu gravis les marches une à une et elles t'essoufflent plus que d'habitude. ton coeur bat à tout rompre lorsque tu te retrouves face à cette porte. t'hésites quelques secondes, peut-être plus en fait. t'as plus vraiment la notion du temps. tu écrases finalement ton poing contre le bois, trois ou quatre fois, tu ne sais pas trop. machinalement tu l'as fait en rythme, sur le tempo d'une mélodie. les mains dans les poches tu te dandines, tu marches sur place. on dirait que t'as envie d'uriner. tu te calmes seulement quand t'entends le verrou s'ouvrir et tu soupires longuement avant que la porte ne s'ouvre sur elle. t'as le coeur qui va exploser, les yeux qui pétillent lorsqu'ils croisent les siens. salut ... que tu sors faiblement. t'es ridicule mon pauvre. ridiculement ridicule.

entre Nino, entre. tu la suis à l'intérieur, t'es venu pour ça après tout. tu regardes partout autour de toi et t'es vachement impressionné. c'est grand, y a de l'espace, c'est beau. tu te dis qu'elle a bien fait de lâcher son appartement à deux balles pour venir s'installer ici. mais ça te fait un pincement au coeur parce qu'au fond cet appartement tu l'aimais. t'y avais vécu pas mal de choses, pleins de souvenirs venaient de là-bas. et maintenant tu ne pourrais plus y mettre un pied. triste, oui voilà, c'est triste. mais elle doit être bien ici, Maona. elle doit être à l'aise, confortablement installée. c'est bien pour sa convalescence. mais toi tu l'es pas, à l'aise. t'arrives pas à te sortir de la tête que t'es chez lui et non chez elle. ou alors chez eux, maintenant, t'en sais rien. mais il vit ici et ça met une ambiance étrange autour de toi. t'es parano, t'as l'impression de sentir son odeur partout. mais t'es pas un chien Nino, alors arrêtes. ça me fait plaisir, que tu sois là ... viens, on va se caler au salon. tu lui offres un sourire, sincère mais lointain. t'es toujours en train de regarder autour de toi. tu crois être discret, mais tu l'es pas tellement. on dirait un gosse qui vient d'entrer dans un musé pour la première fois. assis toi, où tu veux, dans le salon, ou viens avec moi dans la cuisine, je vais chercher quelque chose à boire. tu veux quoi ? tu allais t'asseoir sur le canapé, mais tu te ravises. plutôt crevé que de rester seul dans une pièce ici. alors tu la suis calmement. je veux bien un coca, s'te plait. tu vas pour t'appuyer sur le plan de travail, mais tu te ravises. t'es pas chez toi ici. du coup, mmh ... t'habites ici maintenant ? tu marques une pause pour racler le fond de ta gorge. c'est sympa, la déco tout ça... elle te tend ton coca et tu t'empresses d'en boire quelques gorgées comme si elles pouvaient te libérer de ce malaise. instinctivement tu retournes au salon parce que tu sais que c'est ce qu'elle allait faire, c'est ce que tout le monde fait. tu t'assois et tu la regardes, fixement. t'attends qu'elle parle en première parce que tu juges que c'est elle qui a le plus à dire. après tout c'est Maona qui porte un enfant, possiblement ton enfant...

oui et non, c'est chez lui depuis qu'il est divorcé de sa femme, ce n'est pas vraiment chez moi. c'est ... du provisoire tu vois. oui, c'est sympa, il est architecte, alors ça aide. t’acquiesce simplement de la tête. architecte, bien évidemment. puis tu fais le rapprochement. tu sais que Maona fait des études d'architecture et design, tu sais qu'elle effectuait un stage il y a encore quelques mois. et tu te dis que c'est peut être comme ça qu'ils se sont rencontrés. t'as un goût amer dans la bouche. tu te dis que si elle n'avait pas fait ce stage, si elle était allée ailleurs, peut être que tout ceci ne serait pas arrivée. peut-être qu'elle ne l'aurait pas rencontré, qu'il ne serait pas venu foutre la merde dans sa vie. la sienne et la tienne au passage. bon ...  je ne sais pas par quoi commencer Nino. je suis désolée vraiment, d'avoir foutu la merde dans ta vie, comme ça, aussi rapidement. mais je te remercie, d'avoir été là, pour moi, malgré tout. tu lui adresses un petit sourire. elle est sincère tu le sens. tu fais partis des dommages collatéraux voilà tout. t'as essayé d'être là pour elle, un peu pour te rattraper de ce que tu lui avais fait subir à l'époque où vous étiez encore ensemble. mais surtout parce que, malgré tout, tu tiens à elle. Maona, tu tiendras toujours à elle, d'une façon plus ou moins étrange, même si tout est finis entre vous. et tu sais qu'elle aussi tiens à toi, ça te va. je vais en Belgique, la semaine prochaine, pour le test ... c'est le seul pays qui autorise et qui permet de faire des tests, avant que ... qu'il naisse. on sera fixé, mais tu sais, si .. si c'est le tien, je ne viendrai rien te demander, si tu n'en veux pas, je comprends parfaitement Nino. je ne t'imposerai jamais cet enfant d'accord, je t'en voudrai pas non plus. tu n'as pas eu le choix. tu soupires. tu ne sais pas quoi faire, quoi dire. en fait tu ne sais même plus quoi penser. tu ne veux pas être père c'est certain. t'es pas prêt, tu t'en sens pas capable. puis tu sais que tu ne serais pas ce qu'il y a de mieux pour ce gosse. mais t'as pas non plus envie de l'abandonner, de les abandonner. et le fait de savoir que ce Eneko pourrait élever ton envie, ça te donne envie de vomir. j'aurais aimé l'avoir, ce choix ... que tu souffles dans un murmure. tu parles pour toi-même, d'une petite voix lointaine. et si jamais ... si jamais ... enfin Eneko lui, il en pense quoi ? tu t'étonnes toi même, de te demander ce que ce type penser. en fait c'est plus égoïste que ça. t'as pas envie qu'il soit partant pour élever ton enfant. pourtant, t'as pas non plus envie qu'elle se retrouve seule. si c'est pas le sien, vous allez faire quoi ...? t'as l'espoir qu'elle te dise qu'il la quitteras. c'est mesquin, mais tu ne peux pas les imaginer ensemble en sachant que cette petite chose a ton sang et non le sien. alors tu te surprends à espoir qu'il soit celui d'Eneko. t'en veux pas en fait, non t'en veux pas de ce gosse.

il ne le supportera pas. si c'est pas le sien, je partirai, je le laisserai vivre sa vie. on en a pas encore parlé. de tout ça, on verra bien, après le test. donc je ne sais pas vraiment, ce qu'il pense de tout ça. après le test, vous saurez, vous aurez enfin le verdict. t'as du mal à imaginer qu'un simple test puisse décider du reste de ton avenir, du chemin que va prendre ta vie, de la tournure des événements. c'est fou comme tout peut basculer en un fraction de seconde. ça t'en donne presque le tournis. est-ce que ... tu as d'autres questions Nino ? ne te gêne pas pose-les. tu réfléchis quelques secondes. des questions, t'en as à la pelle. mais tu sais qu'elles n'ont rien à faire ici et que, si tu venais à les poser, tu risquerais te l'énerver et de la perdre à nouveau. tu ne veux pas déclencher une querelle pour quelques malheureuses questions. t'as pas envie de la blesser et te faire mal en retour. t'as pas nécessairement besoin de savoir toute la vérité, t'en sais déjà assez. tu oses quand même en poser une, une dernière et tu l'as laisseras tranquille. est-ce que tu regrettes ? maintenant. je veux dire ... c'est évident que ce bébé tu veux qu'il soit d'Eneko. mais si c'était pas le cas, tu regretterais ce qu'il s'est passé ? entre nous ... t'as l'air faible en posant cette question, mais tu t'en moques. t'aimerais juste savoir, parce que toi, même si cet enfant tu n'en veux pas, tu ne parviens pas à regretter. c'était beau, c'était vivant, c'était magique. tu t'étais enfin retrouvé et même si tout s'est emballé, que rien n'est allé après ça, ce moment tu ne peux pas le regretter. est-ce que ça va toi ? et Alma ? toujours pareil, pas d'amélioration ? tu m'excuseras, auprès d'elle, de ne pas pouvoir venir la voir ... - tout va bien, rien de nouveau ... je lui passerais le message. d'ailleurs je lui ai pas dit, pour toi ... je voulais pas lui dire au cas où tu préférais garder ça pour toi pour l'instant ou lui raconter par toi-même. elle m'a demandé de tes nouvelles quand même. je lui ai dit que je savais pas trop. je préférais ça plutôt que de mentionner l'accident ... tu te sens un peu coupable, parce que ces derniers temps tu n'es pas aller lui rendre visite assez souvent. tu sais que d'autres viennes également alors ça te rassure. mais avec tout ce qui se passe dans ta vie ces dernières semaines, t'as du mal à trouver le temps et l'énergie. t'as du mal à lui faire face et ne pas pouvoir tout lui raconter.

Nino je .. je ne peux pas regretter ce qu'il s'est passé entre nous, ça reviendrait à regretter le bébé et il ne mérite pas d'être regretté ... comme tu ne mérites pas une telle chose. j'ai mal agi, c'est certain. t'as l'impression qu'elle ne parle que du petit, pas de toi. tu ne sais pas quoi penser de cette réponse. elle ne te convient pas, mais te suffit pourtant. je tiens à toi, énormément Nino, n'en doute pas mais ... mais j'aime Eneko. tu le savais déjà, tout ça. tu le savais qu'elle l'aimait autrement comment aurait-elle pu terminer dans des états pareils si ça n'avait pas été le cas. elle est amoureuse d'un type que tu ne portes pas spécialement dans ton coeur. t'as pas l'impression d'être du même monde que lui, d'appartenir au même milieu. rien qu'à regarder autour de toi, tu le sens. alors comment lutter ? la bataille était perdue d'avance. à l'évidence tu l'avais perdue le jour où tu l'avais laissé tomber alors que vous étiez encore ensemble. les secondes chances n'existent que pour faire bonne illusion, autant ne pas te leurrer. tu vois ses yeux s'humidifier et t'aurais aimé intervenir, mais tu ne trouves rien à dire à tout ça. t'es blessé c'est certain, en ton fort intérieur. mais tu le savais, il ne te manquait plus que de l'entendre sortir de sa bouche. votre conversation tourne désormais vers Alma et ça te fait du bien de ne plus parler de tout ça. je comprends je ... ça veut dire que tu veux bien que je retourne la voir ? tu soupires longuement. bien sûr ... ton regarde fixe le sien et tu t'y perds un peu. je ne voulais pas que tu la vois quand t'allais mal et puis j'étais énervé contre toi. je dis pas que c'est pas le cas maintenant, mais je sais que ça lui fera pas de mal de te voir. elles ont toujours été très proches, tu le savais. t'en avais même parfois peur quand vous étiez encore ensemble. parfois tu te demandais qui d'Alma et de toi, Maona aimait le plus, mais c'était pas pareil. t'étais juste un peu jaloux, comme toujours.

tu ressens de la colère en toi et tu l'assimiles à Maona pourtant elle est bien plus profonde que ça. tu t'en veux à toi même pour commencer. tu t'en veux d'avoir jouer au con quand t'étais encore avec elle, parce que peut-être que les choses se seraient passées autrement si tu avais su répondre présent. tu t'en veux te t'être laissée amadouer, t'avoir craqué ce soir où elle te demandait de la rejoindre dans son lit. mais tu lui en veux également de lui avoir fait subir cette histoire, de l'avoir entraîner dans cette emmerde. tu t'en veux aussi de ne pas avoir su te protéger, parce que Maona, elle était bien trop ivre pour y penser. tu t'en veux de ne pas savoir comment réagir, de ne penser qu'en mal à ce petit être qui grandit doucement en elle. tu t'en veux de ne pas en vouloir, de le rejeter malgré tout et d'espérer que ce soit celui d'Eneko. oui au final tu ressens plus de colère envers toi même qu'envers elle, mais c'est toujours bien plus facile de la déporter sur les autres que de la garder envers soi. merci ... je, tu as eu raison, de m'écarter quand j'allais mal, tu as joué ton rôle de frère et c'est normal. tu as eu raison. je passerai la voir, dès que j'en trouverai le temps, pour le moment, je n'ai pas tellement le droit de sortir d'ici alors ... d'ici quelques semaines, tu lui diras ? que je pense fort à elle ? - oui je lui dirais la prochaine fois que j'irais la voir. tu ne précises pas vraiment quand parce que tu n'assumes pas. la dernière fois que tu t'es rendu à l'hôpital remonte à plusieurs jours et ce n'est pas dans tes habitudes de la laisser seule aussi longtemps. t'as un peu l'impression de la laisser tomber, mais tu te laisses submerger par tout ce qu'il t'arrive en ce moment. tu .. tu vas lui dire ? pour nous ? tu fronces un peu les sourcils quelques secondes parce que tu n'es pas certain de comprendre ce qu'elle entend pas nous. puis tu saisis qu'il s'agit d'elle et de son bébé. tu soupires légèrement. non ... non, bien sûr que non. je veux dire ... c'est à toi de lui dire, tu ne penses pas ? au final c'est comme si tu te sentais pas réellement concerné par cette histoire, mais comme si c'était eux, Maona et Eneko, qui l'étaient bien plus que toi. tu réalises peut être pas en fait, que ce petit être pourrait être de toi.