(favre) une repas de famille à l'improviste

Une journée plutôt occupée et occupante. Comme toujours en fin de compte. Et puis c’est pas plus mal parc que comme ça, ça m’évite de penser que j’ai pas vu Julian hormis dans le lit depuis presque une semaine. Nos emplois du temps ne concordent plus vraiment, et disons qu’il ne fait plus vraiment d’efforts non plus pour qu’on réussisse à passer un peu de temps ensemble. Même les dimanches chez les parents … Il avait au contraire accepté toutes les gardes de nuit à l’hôpital. Mon fiancé ce médecin … mais j’avais plus que jamais l’impression qu’il ne voulait plus passer de temps avec moi. Le lever était simple, normal et je déposais un baiser sur son front avant d’aller faire mon petit footing habituel. Alors que j’entrais dans la douche une demie heure plus tard, il était déjà parti pour l’hôpital. Alors je prenais mon café dans un gobelet à emporter et me dirigeais vers le cabinet. Comme tous les matins.

Plongée dans les dossiers jusqu’au cou, mais j’aimais ça. Une nouvelle cliente donc je devais m’occuper du divorce. Madame Rowlands a décidé de demander le divorce parce que son époux la trompe avec son assistante. Le banal classique, vu et revu. Malheureusement pour elle. Mais je comptais bien l’aider et avoir gain de cause. C’était elle qui était lésée dans l’histoire, et je comptait bien à ce qu’on lui rende justice! Après un rendez-vous avec elle pour pouvoir évaluer sous quel angle attaquer le dossier, je recevais un sms de Mino Repas ce soir chez moi. Rassurez-vous les filles, ce n'est pas moi qui cuisine. Numa ramène ses lasagnes. un large sourire et je répondais immédiatement par la positive. Si Julian était pas content c’était pareil. Le reste de la journée passa rapidement et j’avais déjà hâte à ce soir. Je trépignais d’impatience.

Les pneus crissaient dans l’allée et sa voiture était déjà là. Il était là, c’était un miracle. Et en même temps, c’était pas le bon soir. « Je suis rentrée!  » dis-je doucement en posant mon sac sur le comptoir de l’entrée. Il était sur le canapé. « Je reste pas, soirée chez Mino !  » et non, il n’était pas invité. Enfin je ne supposais pas, mais je voulais voir mes frères et soeurs seuls à seuls. Déjà j’avais piqué son attention et il m’envoyait déjà au visage qu’on ne se voyait pas assez. Camembert arrivait déjà en entendant les éclats de voix et vint ronronner dans mes pattes pour me calmer un peu. « Tu rigoles? Je suis là tous les soirs, c’est toi qui es à l’hosto tout le temps. » ce à quoi il me reproche que ce soir il est là. « Et donc moi je suis sensée être disponible tout le temps quand « monsieur » veut bien daigner me prêter attention? » je fronçais les sourcils et nerveusement caressais le petit Cheddar qui venait de me rejoindre. « De toutes façons je ne te demande pas ton avis, je t’informe juste que je vois Mino, Alessia et Numa ce soir!  » et je claquais les talons pour aller me changer dans la chambre. Je ne m’énervais que rarement. Mais son attitude commençait un peu à me courir sur le haricot. J’inspirais une bonne fois et terminais de me changer. J’étais déjà en retard et j’envoyais un sms à Mino « Suis en route j’arrive » bien sûr une fois de retour dans le salon, les chats étaient seuls sur le canapé. Julian était de nouveau parti.

Je toquais à la porte en tentant de me recoiffer un peu pour m’occuper les mains, légèrement nerveuse. Bon au moins une soirée avec la fratrie ça fera toujours du bien. Quand il m’ouvrait je remarquais immédiatement la blessure à l’arcade qui trônait sur son visage. Immédiatement je laissais tomber mon sac par terre et pris son visage entre mes mains. « Mais, Mino!  » dis-je en le forçant à me montrer de plus près son visage. « Tu as désinfecté ça au moins? » dis-je en fronçant les sourcils. J’étais sûre que non. Je le connaissais. J’entrais dans la maison et allais enlacer mon second petit frère, Numa qui était déjà occupé dans la cuisine. « Salut mon Numa! » dis-je. « Viens par la!  » dis-je en forçant Mino à te suivre dans la salle de bain pour s’occuper de tout ça.

Bien sûr j’étais heureuse de fuir cet atmosphère pourrie qui régnait chez moi pour retrouver mes frères et soeurs autour d’un bon repas. C’était con quand même, moi qui aimait bien être chez moi voila que j’étais « contrainte » de le fuir. Mais au moins, c’était en très bonne compagnie que j’allais passer la soirée, et avec un peu de chance ça m’apaiserait un petit peu à propos de Julian. Qui sait!? Peut être que je pourrais un peu plus relativiser après ça.

En deux temps trois mouvements j’étais déjà devant chez Mino. Inutile de vous dire que je connaissais le chemin par coeur. Et ma voiture encore plus. Parfois j’ai l’impression de la mettre en pilote automatique et que j’ai qu’à dire. « Aller chez Mino » pour qu’elle m’y emmène. Je me retrouvais donc bien vite avec mes deux petits frères. Sino qui m’ouvrais et Numa comme à son habitude dans la cuisine. Mais la seule chose que je vis réellement, c’était le visage de Mino. Et une fois de plus, enfin comme d’habitude je dirais, j’étais inquiète pour lui. Mon petit côté protecteur. Et probablement aussi très maternel comme il ne pouvait s’empêcher de me le faire remarquer. « Bonjour à toi aussi. Et non maman, je n'ai pas désinfecté.  » je l’emmenais dans la salle de bain immédiatement pour m’en occuper, mais il n’avait pas de pansement. Bon tant pis. Je le lâchais au moment ou j’entendais la voix mélodieuse d’Alessia résonner dans le salon « Salut la compagnie ! » je souriais doucement et retournais avec Mino dans la pièce principale. « T'en a pas marre d'aggraver l'état de ta face ? » je souriais très largement et m’approchais de Numa pour humer le délicieux parfum de son plat. « Numa, je tuerais pour avoir ton don aux fourneaux. » j’étais pas vraiment douée! Une fois j’avais essayé de reproduire les lasagnes de maman, avec sa recette de qui plus est, mais ça n’avait pas été ma meilleure réussite, et ils s’en souvenaient bien. « C'est encore plus moche de près. » Sacré Alessia. C’était bien elle tout ça. Je plantais un baiser sur la joue de Numa et allais à présent vers ma soeur pour la saluer comme il se doit. « Bonsoir ma chérie. » et je la gardais un peu contre moi. Ce moments d’harmonie fraternelle était tellement agréable pour nous. Et essentiels pour moi.

« J'ai l'impression d'entendre mama, j'aurais peut-être dû l'invite elle aussi pour avoir des reproches. » je tournais la tête vers Mino qui râlait encore et je levais les yeux au ciel. inviter mama, mauvaise idée je hochais de la tête positivement. « Mais non, on est très bien tous les quatre.  » moi en tout cas j’adorais, c’était encore mieux à cinq, mais la petite dernière était une grosse chanceuse qui était en train de profiter du soleil avec papa et maman en vacances! « J'ai l'impression que ça fait un an qu'on s'est pas fait un truc ensemble. » je le regardais et hochais de la tête positivement de nouveau. Oh oui, au moins ça! euh ... oui, je ... ouais, quelque chose comme ça. je le regardais et soupçonnais sa gêne. Je décidais donc de ne rien dire. On se souvenait tous de l’accident et on n’avait pas envie de le remettre sur la table. bon sinon Mathilda, c'est quand on revoit ton homme, ça fait un moment.   le sourire que j’avais disparut directement. Instinctivement je portais ma main droit sur ma bague et souris un peu gênée. « Oui, c’est vrai. Je vais voir avec lui qu’on essaye d’organiser un truc. » dis-je en éclaircissant ma gorge avant de me diriger vers l’armoire afin de prendre les assiettes et pour mettre la table,  comme si j’étais chez moi.

Quel remue ménage. Mais c’était normal, parce que chez les Favre c’est comme ça. On était bruyant. Mais on débordait d’amour. « Chacun en aurait prit pour son grade. » et elle ne pouvait pas avoir plus raison qu’à ce moment précis. « Oh pour sûr, elle aurait fait la soirée  à elle même » dis-je en riant et serrant ma petite soeur contre moi. « Bonsoir. » Je les aimais tellement tous, pensais-je en les regardant avec affection. Ils étaient tout pour moi. « Et ouais, ça fais trop longtemps qu'on s'étaient pas retrouvés tous les quatre. Vos petites têtes m'avaient trop manquées. Enfin, sauf vous deux, je vous vois trop souvent. » Je souriais un peu et hochais de la tête. Il est vrai qu’eux trois évoluaient plus ou moins dans les mêmes cercles. Et même niveau âge ils se suivent plus. Non? Pourtant ça me manquait ces moments qu’à nous. Enfin on y avait remédié avec cette soirée improvisée. Mais c’était parti pour être super! Malheureusement, la conversation dériva sur Julian, comme il pouvait être logique étant donné qu’il était une des principales raisons que je ne pouvais pas voir ces trois là aussi souvent que je le voulais, mais j’éludais un peu la question. Oui je leur en parlerais peut être, si déjà j’arrivais moi même à comprendre ce qui se passait. Alessia était maligne « Qu'est-ce qu'il ne va pas ? Il a fait quoi ? Je dois aller le menacer ? Non parce que je suis capable de le faire hein ! » elle me suivait directement et m’accompagnais. Ses propos me touchaient beaucoup. Et sincèrement. Je souriais et hochais négativement de la tête. « Rien, rien t’en fais pas ma puce, passons une bonne soirée. » je regardais Mino et Numa qui ne disaient rien mais probablement pensaient autant qu’Alessia. « Et je n’ai aucun doute sur tes talents en combat petite soeur » dis-je en riant un peu et ramenant ce qu’il fallait pour mettre la table. « Tout le monde s’installe à cette fichu table, vous me fichez des vertiges à bouger comme ça. Aller les morveux, à table » je souriais un peu, c’était bien Mino ça. Je pris directement ma place, l’habituelle puisque nous avions bien entendu nos rituels. « Alessia tu aurais la permission de boire ce soir » je me mis à rire doucement sans ne rien dire pour le moment attends, tu peux pas lui servir à boire, faut une autorisation des parents à cet âge là ...   et voila qu’il met sa main sur le verre de notre soeur que j’observe amusée. pas de mot des parents, pas de sorties ... ça marche comme ça à l'école non ? je souris. « Sinon je peux les appeler aussi pour avoir leur accord vocal. On s’en contentera pour ce soir » dis-je en sortant mon téléphone de ma poche et faisant mine de composer le numéro de téléphone des parents. Je tendis également mon verre à Mino qu’il me serve puisque, moi, je pouvais boire!

« On va parler de tout ça autour de lasagnes du chef. Puis j’ai quelque chose à vous annoncer. » bon il a gagné, je repose le téléphone. bien sûr qu’il a piqué ma curiosité. nous dit pas que t'es enceinte quand même ...   je pouffais de rire. L’odeur de la lasagne embaumait déjà. J’avais l’appêtit ouvert. Et j’étais curieuse. « On t’écoute !  » dis-je impatiente.

« D'accord … Mais si tu veux en parler je suis là. » « Personne ne doit avoir de doute là-dessus. » je regarde Alessia et hoche de la tête. « Je sais ma belle!  » dis-je en souriant très largement. Un petit sourire aux lèvres je m’installais à la table. « Aller, oust. Et je ne compte pas finir ivre, ce n'est pas un verre de vin qui va me tuer. D'ailleurs vous m'avez tous déjà vu ivre je pense, ou alors vous en avez entendus parlés. Y'a plus de tabou à avoir. » c’était tellement amusant de la taquiner, surtout quand on s’y mettait tous ensemble « Eh ! Range ça ! On va pas les déranger pour ça quand même. » je haussais les épaules avec un petit regard énigmatique. La solidarité féminine et de soeur était toujours de mise, mais quand même c’était bien rigolo parfois de la faire tourner en bourrique

« Bon aller, accouche. » Et là la soirée change tout de suite de tournure. Parce que … « Non plus sérieusement… je ne sais pas comment vous l’annoncer... » « J’ai une tumeur au cerveau, il me reste plus que deux semaines à vivre… » je m’était pas attendue à ça. Mais vraiment, vraiment pas du tout. Déjà mon cerveau se mettait en marche, et s’emballait. Vite. Trop vite. Deux semaines, c’était beaucoup beaucoup trop peu! Je vais pour me lever mais il m’en empêche « Non, fait pas cette tête, je plaisante, c’est ma blague du premier avril à la bourre. » alors là mon visage se met à rougir, on est sanguin dans la famille. Moi moins peut être mais ça ne veut pas dire que ça ne peut pas péter!  Je lui met un petit coup dans le ventre pour lui apprendre. putain, t'es vraiment con quand tu t'y mets.   j’acquiesce et y vais de mon propre commentaire. « IDIOTA! » «  Aie… merde, tu m’as fait mal… » « Bene per voi!  » je mettais mes poings sur mes hanches. « Vai a farti fottere! » l’italienne surgit toujours au quart de tour! Terrée quelque part. Pour me calmer un peu je croise les jambes et prend un peu de vin. Zen. C’est qu’il m’a vraiment fait peur cet idiot! « Bon, pour vrai, j’ai une annonce. Vous savez tous que je fais de la boxe, non ? » je l’écoute et hoche de la tête. « Je te vois venir Al’. Je ne fais pas que casser des gueules pour le plaisir. Vous devais être au courant, que la semaine prochaine, j’ai un important combat ? Je veux que vous y assistiez… » je souris un peu puis réalise ce qu’il dit. « Bref, ce n’est pas ça que je voulais vous dire. J’ai été approché en début de semaine par un sélectionneur qui serait intéressé par m’entrainer et il souhaiterait me voir évoluer dans le semi-pro. Je sais que vous désapprouvez que je me bats, même si vous le dites pas, je le vois très bien dans vos yeux que ça vous plait pas. Là, ça serait pour une vraie cause… » Je met un peu d temps à comprendre ce que ça veut dire. Le temps de réaliser. Le temps de me remettre de ces « émotions ». Et puis au final. je ... je serai là Mino, tu sais bien que je serai là avec toute la bande.   je regarde brièvement Numa qui parle, puis pose mon regard sur mon autre frère. « Je serai là aussi, bien évidemment, la question ne se pose pas » la colère laissait place à la joie à présent. Quel ascenseur émotionnel. « C’est super Mino! » des étoiles plein les yeux cette fois je me lève et lui dépose un baiser sur le front et le garde un peu dans mes bras. C’est ainsi, je suis démonstrative, et émotive. J’ai besoin de contact et c’est ainsi que je m’exprime. Alors oui, je suis heureuse pour lui. C’est une excellente nouvelle! puis t'as raison, vaut mieux être payé pour se faire casser la gueule, plutôt que le faire gratuitement ... je me met doucement à rire « Ouais enfin prend un bon cutman hein quand même, t’aurais l’air fin si c’était moi qui devait venir prendre soin de toi dans ton coin du ring!  »