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Invité Invité
| Sujet: (laetitia) steak-frites Lun 25 Avr - 23:01 | |
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Et tu les sens, les regards de pitié, justifiés. Ceux qui se fixent sur ta jambe en métal. Ceux qui t'évitent comme la peste, comme si t'étais contagieux. Les enfants trop curieux dont les questions peu discrètes parviennent à tes oreilles. Pourquoi il manque une jambe au monsieur. Pourquoi il a une jambe en fer. Pourquoi. Pourquoi. Parce que t'es un abruti. Parce que t'as cru que tu pouvais défier la nature. Que t'étais plus grand qu'une satané montagne. Et t'as stupidement perdu. Ta jambe. Ta vie. T'avances difficilement, ta putain de béquille sous le bras, pour t'aider, pour t'appuyer - parce que tu t'y fais pas à ta jambe bionique. Ton psy est persuadé que tu fais exprès, consciemment ou inconsciemment. Que tu veux pas de tout ça. Y'a du vrai, y'a du faux. Cette sale impression que ta vie est terminée. Tu te stoppes quelques secondes et t'appuies contre le mur d'une bâtisse quelconque. Y'a le soleil qui tape aujourd'hui, ça sent le printemps et t'es content d'avoir trainé ta carcasse hors de la maison. Tu supportes pas ta tante. Ses jérémiades. Ses coups d'oeil exaspérés. Ses règles trop strictes. Tu comprends pas comment ton oncle peut copuler avec une femme pareille. Tyran en talons aiguilles, rouge carmin sur les lèvres, un 36 entretenu grâce à des repas diététiques, des séances de yoga paddle stupides. Tu ricanes tout seul dans ton coin. Tu l'aimes pas et c'est sûrement réciproque. Après tout, t'es le rejeton de son beau-frère, le parasite handicapé. On t'a envoyé chez elle. Elle n'a pas eu son mot à dire. Et elle te supporte. Toi et tes crises de colère. Toi et ta jambe en moins. Tu reprends ta marche branlante et tu pousses la porte du petit restaurant qui paie pas de mine - mais parait que c'est un des meilleurs dans le coin. Y'a la serveuse qui te saute dessus, sourire éclatant, joie de vivre. Ça te donnerait presque mal à la tête tant de bonheur émanant d'une seule personne. T'esquisses un semblant de sourire mais ça doit pas être jolie parce que tu la sens hésiter. Y'a un peu de monde dans la petite pièce principale et tu mentirais si tu disais que ça te dérangeait pas. Ça te fait chier. Parce que t'aimes plus ça, le monde, les autres. « Vous aviez réservé ? » T'hoches la tête et tu balances ton nom de famille dans un grognement peu aimable. Elle garde pourtant son sourire et ça t'énerve un peu. Elle fouine dans un vieux bouquin qui a du voir des jours meilleurs et acquiesce en tombant sur Peretti. D'un geste ample de la main, elle t'indique une table dans un coin pour deux. Et tu te traines jusqu'à la chaise, ta béquille claquant contre la carrelage, tentant de ne blesser personne dans tes manœuvres vacillantes. Tu t'affales sur le siège avec un soupir de soulagement, tendant ton morceau de jambe et massant ta cuisse dans l'espoir de faire disparaitre la douleur persistante. Mais parait que c'est impossible. Pour te donner contenance, t'ouvres le menu et tentes d'oublier l'impression qu'on t'arrache sans cesse ta jambe.
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| | | Ludovic Peretti member ◊ cute little bubbles messages : 447 pseudo : street avatar + © : sonny.
âge : vingt 6 statut civil : coeur à prendre job/études : cuistot, anime une émission (et une séquence) culinaire
| Sujet: Re: (laetitia) steak-frites Mar 26 Avr - 13:52 | |
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Les tournois approchent, Vital est aux anges depuis que tu lui as annoncé que tu comptais finalement te présenter à Roland Garros avant d'aller molester la pelouse wimbledonienne. Tu ne sais pas encore où est-ce que tu vas dénicher la pèze dont tu auras besoin pour y participer, tu ne sais rien des détails. Ta hyène de compétition de mère va s'en charger comme elle se charge de tout ce qui pourrait te ralentir. Tu gardes au fond de ton cœur et dans ta cervelle, les noms des personnes que t'aimes fréquenter en espérant qu'elle ne vienne pas y foutre son nez. Douée pour les interrogatoires corsés, tu finis souvent par invoquer les mensonges les plus basiques, t'appuyant sur ton expérience pour t'assurer sa confiance. Les sourires sont esquissés , les masques toujours portés avec élégance, sur le visage, comme une seconde peau. Ta vie est une vaste farce à laquelle tu assistes, spectatrice, au premier rang. T'aimerais jeter des légumes pourris sur tes détracteurs et tu commencerais par celle qui t'a fait voir le jour. Elle est la première à t'exaspérer. Tu jettes un regard à ton téléphone cellulaire, en te pinçant les lèvres. Comme tu t'y attendais, des messages de ta mère apparaissent sur l'écran, un de ton Phare et l'autre, d'Andria ; tes lèvres s'ourlent sur un sourire. L'enthousiasme pointe à travers les nuages, tu as tellement hâte de parler avec lui. Hâte de refaire le monde, en racontant plein de conneries et, parfois, le regarder droit dans les yeux, confier ce qui pèse sur ton palpitant, tes poumons, ce qui t'étouffe constamment. Et cracher sur ta mère, une discipline quasi olympique à laquelle vous risqueriez, un jour, de remporter l'or. Andria en tient surement une couche alors, tu t'empresses de récupérer tes vêtements. (…) Tu avances sur le bitume, d'un pas accéléré, t'es pressée et ça se voit. Tu manques à deux reprises de rencontrer le sol, tu évites les badauds. Tu arrives à destination avec les nerfs en pelote. C'est quoi, cette façon de se dandiner sur le trottoir, d'errer sans but et de ralentir ceux qui ont des trucs de prévu. C'est dingue, quelqu'un devrait un jour mettre en application une loi histoire de verbaliser ceux qui marchent avec lenteur. Il n'y aurait quasiment plus personne dans les rues et tu pourrais, quant à toi, être à l'heure. Tu finis par pousser la porte du bistrot avec sept minutes et sept, non, huit secondes, non ,bref, sept minutes et des poussières de retard. T'avances en essayant de repérer ton cousin des mirettes mais avec ton début de myopie, t'es un peu mal barrée. Heureusement que l'endroit n'est pas vaste et tu le remarques, installés à une table sa jambe robotique et lui. T'as pas besoin de lunettes pour constater que son humeur est à la fête. Tu avales les mètres, te penches un peu vers lui pour lui souffler un « salut toi » en claquant une bise bien bruyante sur sa joue rêche où une barbe se la joue parasite. Tu retires ta veste, tu la poses sur le dossier de ta chaise et tu t'installes face à lui, avec dans le regard un éclat mutin. « Tu sais que ta montre a un problème, elle est en avance de sept minutes » - ton trait d'humour fait effet tandis que tu te munies du menu. « J'espère que tu es prêt à te faire enquiquiner, aujourd'hui je suis d'humeur » tu lui lances un clin d’œil par dessus le dépliant. « Elle est jolie, la serveuse, je l'ai croisé en entrant » - tu remarques, l'air de rien, sur le ton de la conversation. S'il te connait suffisamment, il sait déjà où tu espères en venir.
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