Sans anesthésie se recoudre l'arcade (Mads puis Lisa)

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sans anesthésie se recoudre l'arcade

Mads & Nora (puis Lisa)

Journée banale à l’hôpital, la chevelure fraichement brune de Nora qui virevolte dans les couloirs, entre dans les chambres, sourit aux patients. Nora, c’est l’infirmière fraichement diplômée qui ne laisse personne indifférent. Elle est celle qui secoue, qui remue, elle leur interdit, aux patients, de s’apitoyer sur leur sort parce qu’il y a toujours pire en dehors. Nora, elle a toujours vécu là-dedans, la maladie, l’envie d’aider les autres à reprendre goût à la vie. Son père en fauteuil roulant, sa mère atteinte de ce foutu cancer … Elle l’a perdu, sa mère, pourtant elle croyait pouvoir la sauver, elle croyait pouvoir l’aider avec des mots doux, des sourires et des rires, mais parfois il ne suffisait pas de ça, parfois on ne contrôlait plus rien, c’était la vie qui prenait tout en main, le destin, ce fameux destin qui pouvait être si dur. Milieu de semaine, les couloirs de l’hôpital sont plutôt calmes. Le pire, c’est souvent le week-end, quand les jeunes boivent jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout. Nora ça la fait rire, parce qu’elle s’y reconnait plutôt bien. Elle est la première à sortir boire après son service, la première à se mettre la tête à l’envers et en rire. Nora, elle ne réfléchit pas beaucoup – elle fait ce qu’elle veut, quand elle veut, elle est cette fille imprévisible qui étonne toujours, ne laisse personne de marbre. Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, Nora est le genre de femme que l’on n’oublie pas. Elle, par contre, elle oublie plutôt vite. Elle évite de penser au passé, encore moins au futur. Ce qui est fait est fait, ce qui arrivera arrivera, elle répète sans cesse. Aucun remord, aucun regret, aucun projet. Qui sait ce qui se passerait demain, qui sait où elle sera, si elle sera encore là ? On l’appelle soudainement pour un nouveau patient. Ses talons qui claquent sur le sol, Nora entre dans la chambre et son regard se pose sur le jeune homme qui s’y trouvait, plutôt bien amoché. Elle s’approche de lui et son cœur fait un bond. Mads. Deux ans environ qu’elle ne l’avait pas croisé et voilà qu’elle le revoyait dans cet état, venant sans doute d’être tabassé. « Que.. Qu’est-ce qu’il t’es arrivé ? » Nora le regarde de plus près. Des bleus partout, des bandages autour des côtés sans doute cassées, l’arcade de son sourcil droit qui venait à peine d’être recousue. « Si tu as trop mal, je peux te mettre sous morphine à petite dose, mais ça risque de t’endormir. Tu n’attends pas quelqu’un ? » Ses yeux se pose une nouvelle fois sur lui, son œil presque noir à cause du coquard, son visage abimé – elle aurait pu ne pas le reconnaitre si elle ne retenait pas tout, les moindres détails. Le passé était le passé, mais les souvenirs restaient. Quelques semaines tout au plus, voilà combien de temps leur histoire avait duré, mais assez pour s’en rappeler, assez pour fuir avant de s’attendrir. « Si j’avais su que je te retrouverai là dans … Dans cet état-là. Le monde est petit et la violence est grande mais t’es un solide, ça va aller. » Elle le regarde, elle lui sourit. De la force, il en aurait bien besoin pour combattre ses douleurs.

acidbrain

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Tu sais pas pourquoi t’es venu enfaite. T’as fait partir Lisa vers 8h, elle commençait un peu plus tard c’est cour le mardi. Tu connais aussi bien son emploi du temps que le tien. Tu as la mémoire des choses. Tu te souviens de tous, même des choses les plus inutiles. C’est la faute de ton super cerveau ça. Tu le caches sous une apparence de mauvais garçon, de caïd. Quand tu étais gamin les plus grands de ton école s’étaient foutus de toi et de ta façon de tout retenir. Quand tu es partie de Norvège pour le Pays-Bas, tu as caché ton savoir. Bref, tu te retrouves à l’hôpital. Tu avais appelé ton boulot pour leur demander quelques jours en leur expliquant que tu t’étais fait agresser par la veille. Ils ont acceptés rapidement, ils te doivent bien ça, grâce à ton travail vous avez un super projet en lien avec l’armée de l’air français. Un super avion encore inédit dans le monde. Tu enfiles un jogging et un tee-shirt ample et tu appelles un taxi parce que tu as essayé de rentrer dans le monstre, mais tu as vraiment trop mal. T’arrives par les urgences, une infirmière ne tarde pas à te prendre en charge. Tu l’observes un peu. tu elle te semble familière. Tu tentes le tout pour le tout. « Nora ? » tu as du mal à la reconnaitre. Avant elle avait les cheveux un peu plus clair, aujourd’hui, elle les a un peu plus sombre. Tu te souviens de toutes tes ex-petites amies. Enfin, tu en as pas eu des masses de copines, t’as eu plus de coup d’un soir et rarement de relation sérieuse, enfin pas avant Lisa. « Que.. Qu’est-ce qu’il t’es arrivé ? » tu ne lui réponds pas immédiatement . Elle doit bien se douter de ce qui a pu t’arriver, parce qu’elle te connait Nora. Nora sait que t’es du genre sanguin parfois. Quand elle t’a connu t’étais pas le jeune homme calme que tu es aujourd’hui. Tu te battais souvent à l’époque. Tu étais nouveau en ville et tu avais fréquenté quelques mauvaises personnes. « Si tu as trop mal, je peux te mettre sous morphine à petite dose, mais ça risque de t’endormir. Tu n’attends pas quelqu’un ? » tu secoues la tête « Non, non pas de morphine. J’ai envoyé un message à ma copine avant de venir » tu lui souris, ouai, elle va être sur le cul en apprenant que toi le grand Mads qui s’attache pas à une petite amie. « hé oui, je me suis coupé les ailes. Elle en vaut le coup, vraiment. » elle te détaille, observe tes bleus et le bandage que tu as autour du torse. « Si j’avais su que je te retrouverai là dans … Dans cet état-là. Le monde est petit et la violence est grande mais t’es un solide, ça va aller. » tu lui souris doucement, c’est vrai que tu es un solide, mais tu admets facilement que le un contre trois était un très mauvaise idée. « t’es infirmière c’est bon ? t’as était reçue finalement ? »

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sans anesthésie se recoudre l'arcade

Mads & Nora

Tu ne t’attendais pas à le voir là, Mads – quoi que tu aurais pu t’en douter, que tu le trouverais dans cet état là un jour. Avec lui il y a plus de deux ans, c’était toujours la vie à cent à l’heure, la vie parfois violente, écrasante. Il était le genre sanguin qui n’avait peur de rien, encore moins de se battre, de devoir utiliser ses poings. Toi, t’étais pas forcément violente – mais il y avait quelque chose en lui qui te plaisait, plus que son physique, sa personnalité que t’avais envie de creuser. Tu savais, tu comprenais qu’il n’était pas comme ça sans raison, que sans doute il avait de bonnes explications, une histoire compliquée à raconter – mais tout c’était arrêter avant les confidences, parce que vous vouliez sans doute pas vous donnez cette chance. Lui comme toi, vous ne cherchiez rien de sérieux, c’était juste quelques semaines, assez d’attachement pour prendre peur pour la suite et vouloir que ça se termine. Nora, elle avait trop peur de perdre la personne qu’elle aime pour aimer. Elle savait ce que c’était, de perdre un être cher. Il y a un an, elle avait perdu sa mère et elle voyait encore tous les jours lutter son père contre tous ces souvenirs qu’elle avait laissé derrière elle avant de décéder. Elle ne voulait jamais choisir d’aimer quelqu’un et le perdre, se le faire arracher par la vie – ça lui faisait peur, ça la terrassait mais ça, jamais elle ne l’avouerait. « Nora ? » Tu secoues la tête en souriant. « Tu vois ton cerveau de champion fonctionne toujours aussi bien, te faut plus que quelques coups pour t’affaiblir. » Tu ris légèrement, valait mieux prendre le bon côté des choses plutôt que de s’apitoyer sur ses blessures – même s’il devait pas mal souffrir. Tu te souvenais de la mémoire hors du commun de Mads, de la facilité qu’il avait à se souvenir de tout. Toi aussi, tu avais une bonne mémoire – mais ça n’avait rien à voir, lui, il avait un don, un vrai. « Non non pas de morphine, j’ai envoyé un message à ma copine avant de venir […] hé oui, je me suis coupé les ailes. Elle en vaut le coup, vraiment » T’avais écarquillé les yeux avant qu’il reprenne, Mads casé, si quelqu’un te l’avait dit il y a deux ans, tu lui aurais ris au nez. Mais ça prouvait finalement que tout le monde pouvait bien changer, même si t’avais toujours du mal à l’imaginer avec une petite vie bien rangée – la preuve, il était là et dans un sale état. « J’pourrais lui dire la chance qu’elle a d’avoir réussi à te caser ? » Tu ris légèrement « Fin remarque à l’époque, j’avais pas vraiment essayer » Non, t’avais fui dès que ça faisait un peu trop de temps. Finalement, ça avait pas été bien difficile de casser, vous saviez très bien tous les deux que ce n’était qu’une histoire de quelques semaines, que ça ne marcherait pas ou plutôt que si, ça marcherait, mais à court terme et c’est justement ce qui vous convenez. « T’es infirmière c’est bon ? T’as été reçue finalement ? » S’il savait, t’en avais passé des épreuves et des aventures depuis deux ans. La mort de ta mère, il y a un an, ça avait été un choc plus grand qu’un autre. Mais juste t’avant, tu étais partie plusieurs mois en Afrique du Sud, en mission humanitaire, dans le cadre de tes études. T’avais touché la misère jusqu’à son centre, t’avais affronté la vie que certains étaient obligés de supporter chaque jour et aujourd’hui t’avais envie d’hurler sur tout ce qui osait se plaindre de la leur parce qu’ici, c’est le paradis. « Pourquoi, tu en doutais ? » Tu lui demandes. T’avais toujours voulu faire ça, depuis toute petite. T’as toujours vécu là dedans, avec ton père en fauteuil roulant et plus tard, le cancer de ta mère. T’as toujours su que tu voulais aider les autres. « Et toi tu deviens quoi ? Si t’es casé aussi niveau boulot, j’en reviens pas, j’ai un autre homme devant moi alors que moi, tu vois, j’ai pas tellement changé. » T’étais toujours la même et sans doute pire. Depuis la mort de ta mère, tu profitais de la vie jusqu’à n’en plus finir – tu ne réfléchissais plus à rien, tu fonçais sans penser au lendemain, tu t’amusais jusqu’à plus rien pouvoir.

acidbrain

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« Tu vois ton cerveau de champion fonctionne toujours aussi bien, te faut plus que quelques coups pour t’affaiblir. » tu ris, elle se souviens alors. En deux mois de relation, elle te posait des questions sur ce que vous aviez fait, sur ce que vous aviez mangé et encore pleins de détails sans importance. Tu y répondais avec un aplomb sans faille, puis tu avais toujours raisons. Tu ne te trompais que rarement« mon cerveau est en hibernation pour le moment. J’ai trop mal pour qu’il fonctionne. Ils ne m’ont pas ménagé ses cons. » oui tu souffres. La veille ça allait, tu avais encore l’adrénaline qui coulaient dans ton corps, seulement, aujourd’hui, tout est parti. Tu as mal, tu es d’une humeur de chien – enfin tu évites de le montrer, parce que déjà tu n’aimes pas les hôpitaux - « Pourquoi, tu en doutais ? » on non, tu doutes jamais de la capacité qu’on les gens à réussir, seulement, l’humain est formaté de tel façon qu’au moindre obstacle, il abandonne. Il n’aura qu’à le contourner, mais l’humain est bête, il préfère rebrousser chemin alors que la sortie est même pas à quelques pas. Toi, t’es pas de ce genre-là, toi tu fonces tête baissée, jusqu’à avoir ce que tu veux. Parfois, tu regrettes les choses que tu fais, mais une fois que tu as ce que tu espérais, tu ne penses plus à ce que tu as dû faire ou dire. Non toi, Mads Skovgaard tu es une tête brulée. « Oh non, pas du tout. J’ai toujours cru en toi, même si je ne l’ai pas forcement dit quand on était ensemble. je suis pas doué pour ses trucs, mais ça tu le sais » que tu lui dis avec un faible sourire « Et toi tu deviens quoi ? Si t’es casé aussi niveau boulot, j’en reviens pas, j’ai un autre homme devant moi alors que moi, tu vois, je n’ai pas tellement changé. » enfin, toi tu trouves que tu n’as pas tellement changé. Tu es toujours le même au fond, seulement, aujourd’hui, tu ne veux plus avancer seul. Tu as compris que tu ne pouvais pas et que tu ne le voulais pas surtout. « qu’est-ce que je deviens. Ouai je suis casé et j’ai un bon boulot maintenant, je suis ingénieur depuis un petit moment dans une compagnie d’aéronautique. Enfin j’ai pas mal de diplôme, mais ça tu ne le savais pas non plus. Bah j’essaye d’éviter les ennuis enfin, là, ce n’est pas ma faute. J’ai voulu sauver l’honneur de ma copine. La prochaine fois, j’éviterais le trois contre un. »

HRP:

» Nora | Une femme sans défense.
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