(Nino) shit

alma dit qu'elle va bien, mais il sait que ce n'est pas vrai. comment le pourrait-elle puisqu'elle est constamment enfermée entre ces murs. elle souffre de l'absence des parents et nino, lui, ne parvient pas à les faire venir. alors il multiplie ses visites et ce malgré que lui-même a le moral dans les baskets. voilà plus de deux semaines qu'il est sans nouvelles de maona. depuis qu'ils se sont dit ces mots qui fâchent, qu'ils se sont cracher leur venin à la gueule. alma, elle le taquine là-dessus, elle essaye de lui tirer les vers du nez, mais il reste muet. nino, il ne dit pas un mot de cette soirée où alors en oublie l'essentiel. en réalité, il ne veut pas qu'alma sache que sa petite maona n'est plus, qu'elle a disparu au fond d'une bouteille de vodka pour revenir en une version inférieure, une version détruite, brisée. et elle n'a pas besoin de ça. non. alma, c'est le genre de femme à toujours se faire du soucis, pour rien, pour tout le monde. et il ne veut pas lui faire endurer ça. il ne peut pas savoir qu'elle s'inquiète encore pour quelqu'un d'autre, même si au fond elle pourrait résoudre le conflit intérieur de maona. c'est peut-être égoïste, mais il ne veut pas. maona est trop butée et il ne veut pas qu'elle devienne sa cause perdue. alma doit se battre, mais pour elle, en priorité. alors c'est pour ça que, lorsqu'il revient à sa chambre après être aller faire un tour, il ne peut s'empêcher de la retenir d'entrer. maona, la main sur la poignée de porte. il serre son poignet, peut-être un peu fort, mais c'est l'émotion de la revoir ici, après tout ça. à quoi tu joues ? son regard est furieux et il la fixe sans sourciller. ça lui fait bizarre parce qu'elle semble encore différente de l'autre jour. une autre version d'elle même dont il ne connaît pour l'instant rien. lâche moi Nino, je viens voir Alma. - non. il l'entraîne à l'écart, loin de cette chambre où alma risquerait de les entendre. non tu n'entreras pas. tu l'as dit toi même t'es une bombe à retardement alors si tu crois que je vais te laisser exploser à la figure de ma soeur tu te fourres le doigt dans le cul ma pauvre. c'est direct, mais au moins ça a le mérite d'être clair.

tu .. tu ne peux pas m'interdire de voir ta soeur ?! elle se retire de son emprise tandis qu'il arque un sourcil. vraiment ? pourtant c'est bien ce qu'il faisait, là, en l'éloignant de la chambre, en l'emportant le plus loin possible d'alma. il arque un sourcil, peut-être parce qu'il prend ça comme un défi, peut-être parce qu'il est étonné qu'elle ne l'en pense pas capable. mais il est déterminé, nino. il est déterminé à ne pas impliqué alma dans cette histoire, à la protéger de toutes ces menaces qui rodent dans le monde extérieur. j'en prends le droit. elle a pas besoin de savoir toutes ces conneries, elle en a putain de pas besoin. merde mao, tu penses pas qu'elle a autre chose à faire que de s'inquiéter pour toi ? parce que tu le sais ça, qu'elle va s'inquiéter pour rien et que ça va la faire souffrir encore plus qu'elle ne souffre déjà ! non, il ne peut pas le permettre. il ne peut pas parce que ce serait ne pas respecter cette promesse qu'il s'est faite après l'accident, celle de la protéger coûte que coûte comme elle l'a fait pour lui. et si cela signifiait de se mettre maona encore plus à dos qu'avant, alors il le ferait, sans hésiter, sans sourciller. je ... je me soigne Nino, tu le saurais si tu étais venu prendre des nouvelles, je suis allée dans un centre, je suis sortie hier. je ... mais je comprends, je comprends, désolée, c'est ta soeur et je ... enfin, je comprends. je ne voulais pas déranger, je voulais juste savoir comment elle allait. elle le prend de cours, vraiment. il s'attendait pas à ça, il savait pas nino. il ne pensait pas qu'elle aurait pu prendre cette initiative, mais il y voit là l'espoir de retrouver maona, la maona. il a un léger mouvement de recul. pas parce qu'il est dégoûté, non parce qu'il est étonné. puis il se sent mal à l'aise, il se dit que peut-être il n'aurait pas dû la laisser tomber comme ça. il aurait pu l'accompagner dans cette épreuve, mais elle était forte maona, elle semblait y être parvenue sans lui. puis, de toute évidence, son disons compagnon devait bien être présent pour elle, lui. je ... je savais pas. c'est, comment dire, c'est ... wow, bien. il ne sait pas quoi dire, ou plutôt comment le dire. parce qu'au fond il est fier d'elle à cet instant, il est fier qu'elle se soit battue contre ses démons. je suis content pour toi si ça t'a aidé, vraiment. il est partagé entre sa colère et sa tendresse. il a envie de l'envoyer balader, trop protecteur et craintif. mais il a aussi envie de la serrer dans ses bras, d'être là pour elle comme il aurait toujours dû l'être. parce qu'elle le mérite, vraiment. elle le mérite, la vraie maona, pas celle à qui il a eut à faire l'autre nuit. comment ... comment elle va ? tu peux au moins me le dire ? - elle va ... tu la connais. elle est pas du genre à se plaindre alors impossible de savoir si elle dit vrai quand elle dit qu'elle va bien. comment tu te sentirais toi si t'étais enfermée dans une chambre depuis plus de deux mois sans contrôle de tes jambes ...? il baisse sa garde, un peu. puis lui donner des nouvelles ne lui fera pas de mal. pourtant il reste sur la défensive, encore peu certain qu'il la laissera entrer dans cette chambre.

je oui, je comprends, je vois. tu lui passeras le bonjour tu .. ne lui dis pas s'il te plaît, pour ma ... ma maladie, ne lui dis as. elle n'a pas besoin de savoir ça. elle le pense, elle le considère, son alcoolisme comme une maladie et lui il vaut en ce mot une onde d'espoir. parce qu'il savait que ce n'était pas elle, que ce n'était pas maona, celle qui connaît, celle qu'il aimait. parce qu'on peut guérir d'une maladie. alors il hoche la tête comme pour lui promettre de garder le silence, de ne pas dévoiler ce secret qu'il sait destructeur. de toute évidence lui même n'en aurait pas eut envie. il n'aurait pas pu lui faire ça, leur faire ça. à elles deux. j'étais enfermée, pendant deux semaines Nino, je n'avais pas le droit d'être en contact avec des gens de l'extérieur, dès que je faisais une crise, on m'injectait un produit je .. je peux comprendre une partie de sa douleur et ... enfin, moi c'était et c'est ma faute, elle, c'est autre chose. je ... je m'embrouille légèrement, désolée, je vais ... je vais rentrer chez moi je pense, je ... son coeur se serre parce qu'il ne savait pas. mais il aurait dû, certainement. s'il n'avait été aussi buté, aussi orgueuilleux. il aurait dû prendre de ses nouvelles malgré ce qu'elle avait pu lui dire, être présent pour elle alors qu'elle en avait besoin. parce que lui non plus n'était pas tout blanc, non, il s'était montré aussi odieux qu'elle et il en portait la responsabilité. alors il n'a pas envie de la laisser partir, il ne peut se résigner à la voir s'en aller comme ça, aussi furtivement qu'elle n'était arrivée. il a envie de lui attraper le bras et de la sommer de rester avec lui, parler un peu plus, juste être là, près de lui. mais il ne fait rien. pas fierté, pas dépit peut-être. en fait il n'en sait rien, mais alma se trouve là dans la chambre et il ne sait pas s'il doit retourner la voir ou rester avec maona. le coeur partagé entre deux choses qu'il désire. je voulais te voir aussi, pour m'excusez pour ... cette nuit, j'étais .. je n'étais pas moi-même, j'ai eu le temps d'y penser et je sincèrement désolée de ce que j'ai pu dire, ou faire je ... je ne voulais pas te blesser. ses yeux s'arrondissent d'étonnement. trop tard qu'il a envie de lui dire, parce que le mal est fait, parce qu'il ne se laissera plus prendre à son petit jeu, parce qu'il ne se laissera plus guider par ses sentiments et qu'il ne veut plus en souffrir. alors il hausse simplement les épaules, acceptant ses excuses. il ne veut pas être fâché contre elle, il ne le peut simplement pas car poser son regard sur elle c'est craquer à nouveau pour son regard de braise, c'est se souvenir de leur couleur, de leur lueur. je te dois aussi des excuses ... je me suis emporté, j'avais pas à dire ces conneries non plus. j'suis con et tu le sais. je pensais qu'en te secouant un peu tu finirais par comprendre ... j'avais tord et j'en suis désolé. pourtant il ne peut cesser de penser combien elle avait pu se jouer de lui, comment il avait été utilisé à des fins personnelles, pour oublier cet homme qu'elle aime. et, au fond ça lui fait mal. parce que la revoir, être aussi proche d'elle, a tout fait resurgir. et qu'elle, elle aime eneko. sur ces mots il sent que c'est la fin, mais il n'en a pas envie. je ... tu veux discuter ? enfin je sais que c'est ce qu'on est en train de faire mais disons que c'est pas vraiment le lieu idéal pour ça. il est gêné et se gratte l'arrière du crâne. on peut prendre un truc à boire en bas si tu veux. puis si t'as besoin de parler ou je sais pas, bah ... tu peux. il espère qu'elle dira oui, parce qu'il ne peut se résigner à la voir partir comme ça. alors alma attendra, elle comprendra.