raider (casey)

T'es réveillée en sursaut par le bruit de la porte qu'on éclate contre le mur. t'as la tête dans le cul, rien compris à ce qui c'est passé, mais d'un coup t'es à quatre pattes dans le lit, prête à te défendre – ou pas d'ailleurs. t’écarquille les yeux en découvrant ta sœur, et son air de pitbull. ohmygod. Tu prends son portable en pleine face, et t'échappes un cri de douleur. « Démerdes-toi et explique à Georg pourquoi t'es encore en train de dormir. MOI J'EN AI MARRE DE TES CONNERIES ! » tu serres les dents en appuyant sur l’œuf que tu sens déjà apparaître sur ton front, la gueule grimaçante. Georg, le taf de serveuse, le piston de ta sœur, t'avais complètement zappé. Tu pousses un grognement, plus à cause de la journée qui t'attends, que pour le coup que tu viens de reçevoir. T'ouvre la bouche pour protester mais la vision de ta sœur, qui cherche à claquer la porte sans parvenir à en trouver la poignée - qui c'est carrément décroché de la porte - te fais éclater de rire. Ta sœur beaucoup moins. « PRENDS CE PUTAIN D'APPEL ! » finit-elle par te hurler en brandissant le poing. Tu  lèves les mains en signe de reddition avant de prendre le portable, que tu fixes d'un air mauvais avant de le coller contre ton oreille. « J'me suis perdu, j'arrive. » tu raccroches à la gueule de ton futur patron avant même qu'il ait pu prononcer un mot. T'es certaine que si t'entends le son de sa voix, y'aura plus la moindre chance pour que t'y ailles. Tu rends son portable à ta sœur, qui doit se faire violence pour ne pas te le faire bouffer. « Oui, oui, je sais, je vais m'habiller. » souris-tu en te dirigeant en sautillant presque vers la salle de bain, histoire de l'énerver encore un peu plus.

***

Sur le chemin du café-bar, tu t'enquilles les joints pour zapper que tu vas perdre ta journée juste pour faire plaisir à Cha. Qui s'acharne à vouloir te faire entrer dans la vie active. Elle est mignonne ta sœur, mais ses efforts seront vains. Tu vas pas tenir deux jours, et vous le savez pertinemment toutes les deux. En signe de protestation, tu te perds pour de vrai, et tu te pointes avec deux heures et demi de retard sur l'horaire. Le patron te harponnes direct et – sûrement sur les conseils de ta sœur – commence à te houspiller direct. T'écoutes la moitié des consignes d'un oreille plus que distraite, plaçant des « ouais » et des « ok »  quand ça te paraissais opportun. Une fois que le patron te lâches la grappe, tu vas t'accouder au comptoir, passant au crible les clients présents pour essayer de voir si tu pourrais pas en plumer quelques-uns. Histoire de pas avoir totalement perdu ton temps quoi. T'en repères un, ou plutôt, la grosse montre qui brille à son poignet, la lueur dans ton regard change et ton sourire renaît. T'es tellement absorbé par l'homme en question que tu remarques pas le client qui vient s'asseoir au bar pile en face de toi. Il t'adresse la parole, tente de te poser des questions, mais ça te passe complètement au dessus. « Miss, oh miss, sers moi un cosmo s'teuplait. » c'est quand sa grosse patte se pose sur ta main que tu consens à concentrer ton attention sur lui. Classe moyenne, la quarantaine grisonnante, des joues de hamster, et probablement des trous aux poches vu la qualité de ses vêtements. Pas intéressant. Tu lui réponds même pas, tu sors la première bouteille que tu trouves, et tu la poses sur le comptoir avec un verre avant de le planter là. Tu te rapproches de ton client avec un grand sourire, et d'un main habile, tout en lui resservant le café, tu le soulages de son portefeuille que tu fais glisser dans la poche de ton tablier. « C'est la maison qui offre. »

Il avait finalement décoché un emploi. Ca n’était pas pour déplaire à Elise bien qu’elle sache pertinemment qu’il n’allait probablement pas faire long feu, elle appréciait qu’il se soit démené pour en trouver. En fait, tout n’était qu’une nouvelle mascarade. Le natif de Brisbane avait été pistonné par un de ses potes bourrés un soir, qui avait assuré à son patron qu’il était le roi des serveurs, qu’il avait plusieurs expériences à son actif et qu’il était celui qu’ils recherchaient. L’entretien s’était avéré compliqué puisque l’Australien ne parlait pas français, mais il lui avait promis d’apprendre par cœur la carte pour convenir à ses clients. Sceptique, on l’avait mis à l’essai. Mais ce n’est pas de Casey de se pointer en avance à son premier jour de travail. Le bougre s’était pourtant levé à l’aube, juste pour aller surfer. Casey n’avait pas pris de montre et quand il était rentré chez lui pour poser sa planche de surf, il avait remarqué un mot laissé par Liz, partie travailler. ‘Don’t be late to your new job !’ Non, promis il ne serait pas…il était déjà en retard. Prenant une chemise et un pantalon noir dans son placard qu’il avait achetés quand il bossait encore comme guide touristique, il s’habille en quatrième vitesse, passant une main dans ses cheveux pour les coiffer un minimum et il se met en route en marchant aussi vite qu’il le peut, sans courir pour éviter d’arriver dans un état pitoyable. Une fois sur place, le patron l’a mauvaise, il le sent, mais il lui admet qu’il n’est pas le dernier. D’autres sont également à l’essai aujourd’hui. « Désolé ! » Dit-il pour s’excuser puisque c’est le seul mot qu’il connait en français. Le patron explique deux trois choses à savoir, et son collègue lui traduit dans un anglais bancal ce qu’il doit comprendre. De toute façon, il connait le métier, il l’a déjà fait. Haussant les épaules, il commence à prendre ses marques, essayant d’articuler un ‘Bonjour’ à chaque client, mais se posant immédiatement au bar pour nettoyer les verres. Ca serait bien trop compliqué pour lui de prendre des commandes autres que de l’alcool. Un client demande alors un whisky. Ce dernier possède déjà une gueule bien enfarinée, comme s’il avait déjà fait la tournée des bars. L’Australien jette un regard à l’horloge au dessus de sa tête et secoue la tête. Les Français sont parfois plus des déchets que les Australiens. Il remarque ensuite une serveuse arrivée en retard, qui a une attitude bien différente des autres et il la suit du regard. Elle l’intrigue cette fille. Il la suit du regard, et ni une ni deux, il la voit s’emparer d’un portefeuille auprès d’un client qu’elle sert. Habile. Très habile. Celle-là, elle a de la bouteille, c’est certain. Il quitte momentanément le bar pour aller la retrouver, l’interpelant en anglais puisqu’il ne sait pas comment l’exprimer en français. « J’ai vu ce que tu as fait. Il est lourd son portefeuille ? Tu m’expliques comment tu fais ? » Ca pourrait le distraire de soustraire quelques pièces de plus à ses clients. Liz le tuerait si elle savait. Mais il n’est pas certain qu’elle ait compris ce qu’il lui avait signifié, Casey. Il grimace, se rappelant qu’ici, peu de gens comprennent la langue de Shakespeare. Il devrait vraiment apprendre la langue de Molière. « Désolé, pas parler French. » Essaie-t-il alors dans un français plus que mauvais.