(Enea) Prête pour une nouvelle dispute ?

La séance vient de se terminer et la complicité entre moi et Enea s’arrête en même temps que le photographe annonce que c’est dans la boîte. Parfois, j’ai du mal à les comprendre. Il n’y a rien de magique entre elle et moi. Ni dans nos sourires hypocrites qui arrivent à sonner sincère dans les shoots, ni dans nos regards que je sens pourtant intenses lorsqu’on s’observe, ou sur les photos, peut-être dû à notre colère respective pour l’un et pour l’autre. La boss voit bien que ça ne marche pas entre nous, qu’on ne s’entend pas hors shooting, mais elle continue à vouloir nous mettre ensemble. C’est simple, elle nous trouve formidable ensemble, elle a eu un véritable… coup de cœur ? Il arrive parfois qu’on me demande si je ne suis pas avec Enea, d’ailleurs, tant l’on nous voie ensemble un peu partout. Je ne réponds rien, je me contente de hausser les épaules, de faire vivre les rumeurs, le suspens, parce que c’est ce qu’il faut, que les gens y croient, qu’ils continuent de s’interroger, bien que dans ma tête, la question ne se pose pas : nous ne sommes pas ensemble et nous ne le serons jamais. Cette fille, elle s’est tellement faite une mauvaise d’image de moi, me juge sans m’avoir adressé la parole, qu’elle me sort par les yeux. Elle et tout ce qu’elle peut bien me balancer à la tronche. Et au final, ça ne fait que faire ressortir tout mon côté agressif, impulsif que je tente d’étouffer pour mes terreurs à m’occuper. Elle fait ressortir tout ce qu’il y a de plus mauvais en moi et elle n’a aucun mal à le faire. Il lui suffit d’ouvrir la bouche, de sortir un mot pour que ça me prenne la tête. Je me redresse, prends mes affaires sur le coin de la pièce et je sens au plus profond de moi qu’elle va me dire quelque chose. La séance a commencé un peu trop tardivement et ce n’est pas parce que je suis quelqu’un dont ils ont besoin ici, ce n’est pas un caprice de « star ». Mon retard était justifié. Mais tout ça, elle ne le sait pas. J’enfile ma veste en cuir et me tourne vers Enea, la devance avant qu’elle ne me tombe dessus. « Tu deviens prévisible ma pauvre fille. J’ai même pas besoin de t’entendre parler que je sais déjà que tu vas me balancer des trucs à la con. Alors c’est quoi cette fois ? Mon retard t’a tellement mis en pétard que tu as commencé à t’arracher les cheveux ? » lui demandé-je, en me penchant vers mon sac dont la lanière vient se coller contre mon épaule. Le photographe présent dans la salle nous regarde du coin de l’œil. Il a été témoin de beaucoup de nos altercations, de nos mots blessants et il n’a jamais rien dit, parce qu’il ne souhaite pas se mêler de tout ça, parce qu’il sait qu’il pourrait s’en prendre plein la tête s’il se mettait entre nous. « Ou alors mon odeur était bien trop forte et t’a donné la migraine ? » Moi, je n’ai pas besoin de son odeur pour ça. Il me suffit juste de la voir pour qu’elle me donne mal au crâne.

Je devrais déjà être en route pour aller bosser. C’est déjà une plaie pour moi d’enchaîner avec une autre nuit de boulot alors que je voudrais juste m’allonger un peu, mais j’ai pas le choix. Une autre chose pour laquelle je n’ai pas le choix : j’ai dû me coltiner Luka pour une séance photo et là j’ai un mal de crâne pas possible.  J’ai mal au crâne, mais pourtant les mêmes objectifs se succèdent dans ma tête comme un automatisme : aller au Caveau, survivre une nuit supplémentaire, rentrer dans mon studio, dormir. Et reproduire le même schéma, toujours le même schéma, demain matin. J’ai bien conscience que n’importe qui posant les yeux sur moi pendant plus de deux minutes finirait par fuir à toute allure. Je suis bien loin d’être sympathique, et si il y a quelques années j’essayais de prendre sur moi, j’ai tout bonnement fini par arrêter pour me transformer en Miss Parfaite, Miss Robot. C’est comme ça qu’on m’appelle. Le petit mannequin parfait qu’on peut modeler à sa guise, qui ne fera jamais de vague, qui fera un sourire quand nécessaire devant l’objectif, qui donnera ce qu’on demandera, et qui se renfermera aussitôt dans sa coquille avant de continuer son petit bout de chemin. Pourtant, sans le mannequinat, qui sait où je serais en ce moment. Toujours dans cette caravane, qui sait… J’ai conscience que je dois la vie à ce métier, mais depuis quelques temps je fonctionne tellement comme un automate, que j’en sais rien… Je sais même pas si je suis heureuse avec tout ça. Pas le temps de me poser la question. « Faut croire que t’as encore une once de neurones qui fonctionnent dans ton cerveau, tu devines bien. » Lâche-je à l’intention de Luka, en serrant les dents. Je fourre mes affaires en vrac dans mon sac avec plus de hargne que nécessaire, et galère à fermer la fermeture éclair, avec mon gilet qui vient de se coincer dedans. Et merde. « Je vais certainement pas m’arracher les cheveux pour toi, tu t’accordes bien trop d’importance. » Je finis par dégager mon gilet du piège et ferme d’un geste brusque la fermeture éclair de mon sac, que je mets sur mon épaule avant de planter mon regard dans celui de Luka. « Tu sais quoi ? T’es vraiment le dernier des cons. J’ai pas besoin de ton odeur pour avoir la gerbe, il suffit que je sache simplement que je vais devoir me taper des heures de shooting avec toi pour savoir que je m’embarque encore dans un truc foireux. » J’ai pas la moindre idée de pourquoi il est toujours en retard dès qu’on a une séance de prévue, et ça me regarde pas, je m’en fous en fait. J’aimerais juste qu’il se pointe à l’heure, pour que je n’arrive plus en retard au boulot et qu’on ne menace pas en permanence de me virer au bar. Parce que si je me fais virer, j’ai pas la moindre idée de comment je vais finir mes mois, ni de comment je vais payer le centre pour ma mère. Mais ça, j’imagine que lui aussi, il s’en fout pas mal. D’ailleurs je ne lui en parlerais pour rien au monde et je suis presque certaine que ça ne lui ferait ni chaud ni froid.

J’esquisse un mouvement pour partir, puis finis par me raviser et lui fais face à nouveau. « Peut-être que tout le monde ici est à tes pieds et s’en fiche que tu sois en retard en permanence, mais tu sais, le monde ne tourne pas autour de ta personne et moi j’aimerais juste finir dans les temps, car j’ai une vie en-dehors de tout ça. » Je sais même pas pourquoi je lui balance ça, je sais bien qu’il va m’envoyer sur les roses ou répliquer un truc bien cinglant. Pourtant, faut que ça sorte. « Mais bon, j’imagine que t’en as rien à foutre, hein. » Ce type, c’est en quelque sorte mon punching-ball. En général, quand les gens voient que je suis de mauvaise humeur, ils me laissent simplement décompresser dans mon coin. Mais lui, il vient toujours me pousser dans mes retranchements et… Et je lâche les vannes, dans un sens. Et ça me fait autant de bien que ce que ça peut m’épuiser.

Bien plus qu’elle ne peut l’imaginer. Ca fonctionne même plus que bien. N’importe qui pourrait le deviner de toute manière. C’est simple : après shooting est égal à prise de tête. C’est comme ça qu’on communique, en s’engueulant. J’sais même pas comment ça a commencé tant ça me paraît bien loin. A cause de mes retards répétitifs, certainement. Elle, elle est parfaite, elle est toujours à l’heure, elle arrive à gérer sa vie comme elle le souhaite. Elle aimerait que ce soit la même chose pour les gens avec qui elle travaille, pour bien mener sa vie, mais elle est mal tombée avec moi. Chaque jour ne se suive pas. Tout est imprévu, je fais avec ce qui me tombe sur la main, alors je ne peux pas être constamment ponctuel pour lui faire plaisir. Mes priorités sont ailleurs, point barre, mais je ne suis qu’à vingt minutes de retard à chaque fois, ça passe, ils acceptent facilement. Et la rédactrice en chef comprend. J’ai dû lui expliquer pour ne pas qu’elle me prenne pour quelqu’un qui ne prend pas au sérieux son job. « Comment tu veux que je réagisse autrement ? T’aimes tellement te prendre le chou avec moi que forcément, je finis par penser que ton petit monde tourne autour de moi. » Elle a l’air d’apprécier ça, de me prendre comme son bouc émissaire et finalement, je fais la même chose. Je lâche un soupir. Un truc foireux, bah voyons. Le magazine n’a jamais eu autant de succès que depuis qu’on pose ensemble, parce que les gens nous aiment bien. Sans moi, on ne l’aimerait pas autant, sans elle, ce serait la même chose. Ca va parfois loin. Quand je postais des photos de mon ex, sur ma page Instagram, les gens finissaient par l’insulter… Je fais un pas en avant, mais m’arrête lorsqu’elle en fait de même, se retrouvant de nouveau face à moi. J’aurais aimé qu’elle se casse, qu’elle me foute la paix, plutôt que d’en remettre une couche. Je pose une main sur mon cœur, comme si ça m’atteignait. « T’as une vie ? Oh tu parles de ta petite vie bien pourrie, celle qui est monotone, bien cadrée. A t’entendre, tu ne fais jamais aucun faux pas, mais tu veux que je te dise ? Je suis bien content d’avoir mes écarts, j’suis bien plus heureux avec, bien plus que toi et ta vie bien rangée, ennuyeuse. Pour tout l’or du monde, j’en voudrais même pas de ta vie. » Je ne sais pas ce qu’elle fait en dehors, j’en ai rien à faire. Je me rapproche d’elle, la fixe dans les yeux. Puisqu’elle a l’air de vouloir se disputer, peut-être bien par besoin d’extérioriser, un peu comme moi, eh bien elle va être servie. « Pourquoi j’irai faire des efforts quand la nana avec qui je bosse se permet de me juger ? Ca me fait presque plaisir au final, de ne pas arriver à l’heure, parce que ça te fait bien chier, parce que ça rend ta vie moins parfaite, moins robotisée. » Alors il va falloir qu’elle fasse avec, qu’elle se contente de ce que je peux lui donner, parce que je ne peux pas faire mieux, je suis dans l’incapacité de le faire et ce n’est pas faute d’essayer. « T’as de la chance d’être canon, j’suis pas certain que ton caractère de merde passerait bien ici si t’avais pas ta belle gueule pour t’excuser. » Ca sonne comme un compliment, mais c’en n’est pas un. Je lui fais juste comprendre que sans son physique, elle n’aurait pas fait long feu dans un endroit comme celui-ci. D’ailleurs, peu de gens la supportent, sauf les mecs, c’est à se demander pourquoi.

Pourtant, j’ai pas l’impression de demander le bout du monde. Qu’il se débrouille pour être à l’heure, c’est si compliqué que ça ? C’est si difficile pour lui d’essayer de se bouger pour pas foutre tout le monde dans la merde ? Mais de toute façon, personne ne lui dit jamais rien, tout le monde lui sourit lorsqu’il débarque aux séances avec au moins une heure de retard, et moi j’ai qu’à fermer ma gueule et sourire à mon tour. En fait je pense que c’est ça qui me gave le plus : devoir la fermer et sourire à chaque fois, alors que parfois j’aimerais juste hurler et tout foutre en l’air. Parfois je me fais peur moi-même en voyant combien je peux être en colère, et souvent pour des trucs à la con. J’ai toujours été incapable de me rebeller ou de me bouger lorsque ma survie en dépendait, et aujourd’hui je m’en retrouve à fulminer pour ce crétin qui n’arrive jamais à venir à l’heure. « Et évidemment, la seule raison pour laquelle je me prends la tête avec toi, c’est parce que t’es le centre de mon monde. Evidemment. Ca ne pourrait pas être à cause d’autre chose, genre parce que tu m’insupportes, tout simplement. Ou parce que tu me fais perdre du temps en permanence. » D’ailleurs là je suis encore en train d’en perdre, du temps. Pourquoi est-ce que je suis encore là à lui, parler, en fait ? A croire que je suis maso, un truc dans le genre. Passer des heures à feindre une alchimie avec lui devant les appareils photos avant qu’on s’engueule, pour finalement arriver en retard au boulot et risquer à nouveau de me faire virer, génial ouais. T’es un véritable petit génie Enea, vraiment. Pourtant, je reste là, plantée devant lui, à sortir ma colère qui transpire littéralement de tous mes pores. Lui non plus ne part pas d’ailleurs, alors qu’il pourrait aisément me tourner le dos et me laisser plantée là. Si ça se trouve, lui aussi il trouve un peu son compte dans nos disputes régulières, j’en sais rien. Est-ce que c’est possible de détester autant quelqu’un, mais de tout de même trouver son compte dans ces disputes permanentes ? « Tu connais strictement rien à ma vie, probablement parce que t’es tellement focalisé sur ton nombril que tout le reste te passe au-dessus. » Je sens les battements de mon cœur s’accélérer, et mes mains devenir moites. Je supporte déjà mal le fait d’évoquer ma vie qui est déjà plutôt pathétique, je m’en rends compte, mais dans sa bouche à lui ça sonne encore pire. Je sais bien que je mène un train de vie qui n’a aucun intérêt pour les autres, mais il n’y a qu’en fonctionnant comme je le fais actuellement que j’arrive à ne pas me noyer. Bosser en permanence, bouger tout le temps et ne pas me laisser de temps pour me reposer, ça m’évite de prendre du temps pour réfléchir à tout ça. J’ai aucune solution pour faire en sorte que ça aille mieux : j’ai besoin d’argent pour vivre décemment et pouvoir offrir un logement décent et approprié à ma mère, alors je me démène tant que je peux puisque ça m’évite de prendre trop de temps pour réfléchir. J’ai pas vraiment d’attaches, j’ai jamais vraiment eu de famille, alors… J’fais comme je peux, et lui, Luka, il a pas le droit de venir me parler de ma vie alors qu’il me connaît même pas. « Parce que toi tu me juges pas peut-être ? Je vois bien à chaque fois que tu me regardes que je te sors par les yeux, que tu me trouves insupportable et que chaque moment passé à mes côtés est une torture pour toi. Alors viens pas la ramener en me disant que je te juge, parce que c’est exactement ce que tu fais. »

J’ai limite envie de lui foutre un coup de sac dans la gueule lorsqu’il me balance qu’en vrai ça lui fait presque plaisir de foutre un peu le bordel dans ma vie, mais je me retiens, j’ai pas non plus envie qu’il porte plainte pour coups et blessures, il en serait capable cet abruti. « Et toi sans ta belle gueule t’aurais pas fait long feu ici non plus. Toi et moi on est certainement pas là parce qu’on va gagner un prix Nobel ou parce qu’on est géniaux, faut pas se voiler la face. Si j’suis là c’est en partie pour mon physique, mais t’es pas une lumière non plus j’te signale. Sauf que moi je me débrouille pour pas emmerder le monde et pour faire mon boulot comme il faut. » Le pire, c’est qu’il le fait comme il faut son boulot. Si on oublie qu’il est systématiquement en retard. Mais il me pousse tellement à bouts que je l’attaque sur tous les terrains. « J’arrive même pas à croire qu’on puisse nous trouver une alchimie sur les photos. » Lâche-je finalement presque plutôt pour moi-même. Franchement, tout ça m’échappe totalement.

« Excuse-moi de te contredire, mais là, à l’heure actuelle, c’est toi qui viens me faire chier. C’est toi qui perds du temps inutilement. » Et c’est comme ça tout le temps, à chaque fin de séance, à chaque fois qu’elle en a l’occasion. Elle me fait bien comprendre que le courant ne passe pas et je n’ai pas besoin qu’elle l’ouvre pour le savoir. Suffit juste que je la regarde pour ça. La plupart du temps, elle me lance des regards noirs et quand ce n’est pas ça, c’est une réplique cinglante que je lui renvoie avec plaisir. Je n’aime pas me laisser marcher sur les pieds, pas mon genre. Et elle, ce n’est pas son genre de ne rien dire, alors comme ça, on est très bien tombé. « Mon nombril ? Mais putain, t’es vraiment qu’une sale garce. » Une pétasse, une salope, tout ce que vous voudrez, ce n’est pas ma meilleure amie et je ne mâche pas mes mots pour la définir. C’est tout ce qu’elle mérite. Encore une fois, elle se permet de penser ce qu’elle veut, des choses qui ne sont pas réelles, des choses qui sont loin de ce que je suis. Si elle me connaissait un peu, elle prendrait conscience que mon monde ne tourne pas autour de moi, que mon monde, c’est mes frères et sœurs. Je vis pour eux, simplement. Et ça me convient, ça me rend heureux comme ça. Tant qu’ils sont heureux eux, je n’ai pas à me plaindre. Ils me le rendent très bien. Ils sont là pour moi, eux aussi, rien qu’avec les sourires qu’ils m’adressent, avec les bonnes notes qu’ils ont à l’école et bien d’autres choses encore, alors elle peut bien dire tout ce qu’elle veut, mais moi je sais qu’elle a tort. « Je n’ai certainement pas à me justifier auprès d’une petite conne dans ton genre. » Je l’aurais fait si elle m’avait doucement demandé pourquoi je prenais autant de retard, mais au lieu d’y mettre les formes, elle me tombe dessus. Et au final, je fais la même chose. Elle me critique, me juge, j’en fais tout autant. L’image qu’elle me donne est tellement négative que je ne peux pas faire autrement et j’ai sûrement tort de me comporter comme le dernier des cons avec elle, mais c’est plus fort que moi. Il faut que ça sorte. « Ah si si, je te juge, sans aucune gêne. On dirait que tu fais tous les efforts du monde pour qu’on te trouve insupportable, faut dire. Et ça marche bien. » Je hausse les épaules, pas vexé. Je sais bien que nous ne sommes pas ici pour recevoir un prix, mais au moins, j’ai un peu plus de respect de la part des gens qu’elle n’en reçoit elle et ça me satisfait. Je n’aime pas rester en froid avec ceux qui m’entourent et j’essaie de faire au mieux pour être diplomate quand les choses ne vont pas bien, mais je peux faire quelques exceptions. Avec Enea, j’en fais une. Je n’arrive pas à réfléchir, à me calmer, quand il s’agit d’elle. Ca sort, comme ça, naturellement et je ne suis pas des plus agréables. « Je m’occupe de mes frères et sœurs, putain. Je ne peux pas être là à l’heure, parce que je les prends à ma charge. Ca monte dans ton petit cerveau de moineau ? Si tu me l’avais demandé calmement, je te l’aurais dit, mais t’es tellement persuadée que mon retard est lié au fait que j’en ai rien à foutre de mon taf et des gens qui m’attendent que t’as même pas cherché à capter qu’il y avait autre chose derrière. » Je n’en ai pas honte, je l’assume, ce n’est pas un secret. Beaucoup sont au courant de ma situation, parce que j’en parle quand c’est nécessaire. J’en parle à l’université, pour qu’ils ne me tiennent pas trop rigueur de mes absences, mais ça commence sérieusement à déranger. Et je le conçois. Je dois faire des choses, je dois laisser tomber certaines choses… Je ne sais tout simplement pas quoi abandonner. Ce sont des projets, les miens et c’est dur de tirer un trait sur ça. « J’arrive pas à le croire moi non plus. On en a aucune, alchimie. T’es juste celle que je déteste le plus sur cette planète. » Une peau de vache cette fille. Je replace correctement la lanière de mon sac sur mon épaule et fais un pas sur le côté. Je la déteste cette nana, je la hais.