(LEANDRE) Advienne que pourra.

Advienne que pourra

Léandre & Auxence

Il semblait à Auxence que la pluie se dissipait et que le soleil pointait le bout de son nez. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu cela, et les flaques d'eau qui s'amoncelaient depuis un petit bout de temps au pied de ce pauvre arbre gorgeaient la terre d'eau. Le violoncelliste avait profité de cette belle matinée pour jouer un peu de violoncelle dans la rue, comme à son habitude. Les plages étaient vides, les rues commerciales peu fréquentées, les arcades, cela dit, bondées. S'il on peut dire bondées, car seuls une vingtaine de personnes se pressaient dans les petites arcades. Illusions. Auxence en avait assez de jouer seul du violoncelle. Il avait bien eu l'idée de poster une annonce, mais qui répondrait ? Non, vraiment, il n'y avait plus d'espoir. Le musicien avait donc eu l'autre idée de jouer des morceaux dans la rue au cas où. Des enfants jouaient au ballon de l'autre côté de la rue, et leur mère, si c'était bien elle, les surveillaient tranquillement, en sirotant une boisson dans un gobelet de Starbucks. Les jeunes se chamaillaient à propos de tout et de rien, mais ils se réconciliaient deux minutes après pour continuer leur jeu. Un chien jouait, lui aussi. Avec sa queue, faisant des ronds. Le violoncelliste le trouva amusant mais, très vite, le chien se lassa de ce jeu et aboya si fort que la moitié des personnes présentes dans la rue sursautèrent. Auxence reprit son morceau, une petite variation qu'il avait imprimé la semaine dernière. En plus de son, violoncelle, il avait apporté sa flûte et son piccolo. Mais il n'avait pas vraiment l'intention de s'en servir, c'était juste pour avoir plus de choses sur lui. Le vent tourna, apportant avec lui les effluves fleuries du jardin inondé.

En plus:

Invité

Il était sorti tôt le matin. Tôt avec son instrument. C'était un peu sa compagne, l'amour de sa vie, c'était p't'être pour ça qu'il n'avait jamais eu de copine. Au début de la matinée, il pleuvait. Il avait pris son parapluie et son long manteau noir. Il avait marché un instant et s'était installé pour jouer. Mais il n'y avait pas grand monde. Pas grand monde pour s'arrêter lui déposer une pièce dans son étui. Il aimait bien jouer, mais si c'était pour que personne ne l'écoute, il préférait jouer seul chez lui. Il rangea son violoncelle, écoutant une énième fois avec un air béat le "clips" de fermeture. La pluie semblait s'être arrêté, mais Léandre persistait à garder son parapluie grand ouvert, sous des regards sûrement interloquée des deux ou trois passants qui lui prêtaient de l'attention.

Au départ, c'était chez lui qu'il se rendait, mais une jolie mélodie l'avait ensorcelé et dévié de son objectif originel et guidé comme les bonnes odeurs guidaient les Looney Tuns dans leur dessins animés. Mais ce n'était pas n'importe quelle mélodie. Quelqu'un d'autre s'obstinait à jouer du violoncelle dans les rues presque désertes. Courageux. Lorsqu'il arriva enfin à la source de cette musique, il se demanda un instant qu'elle était elle, mais il ne mit pas le doigt dessus. Lorsque ce dernier finit son morceau, il posa son parapluie d'un côté et son violoncelle de l'autre, pour applaudir tout sourire.

- Bravo, bravo! Fantastique!

Il était comblé de rencontrer en personne un autre violoncelliste, pour aucune raison bien précise, sûrement parce que c'était une belle passion.

ptit mot:

Advienne que pourra

Léandre & Auxence

Les cris avaient réveillé son attention. Ils s'étaient révélés après sa petite variation, juste après. Une succession de bravos, bravos. Et ça lu avait fait plaisir, très plaisir. « Oh merci merci, ça me touche vraiment que quelqu'un... » Auxence s'arrêta, détailla le sac de l'homme qui avait dit bravo. Il était si abasourdi qu'il n'en croyait pas ses yeux. Deux minutes, un autre violoncelliste ici, à Biarritz ? C'était une chance inespérée ! « Vous êtes violoncelliste ? » demanda-t-il, hasardeux. « OUAAHHH ! Moi c'est Auxence ! » enchaîna-t-il en lui serrant la main. S'il avait pu, il lui aurait fait un câlin, mais c'aurait été déplacé et pas vraiment le lieu où faire des câlins. Quelle joie ! Il allait peut-être pouvoir faire des duos, des tas de choses ensemble ! Peut-être même écrire des trucs ! Et puis il aurait un copain violoncelliste nouveau, qui deviendrait même connu, et alors, il serait fier de son nouveau copain. Oh, que ce serait trop bien ! Les idées poussaient dans son esprit, comme des champignons ! Auxence voyait le soleil, haut dans le firmament, et les oiseaux, qui s'envolaient. L'enthousiasme le gagnait ! Il n'allait plus rester seul violoncelliste à Biarritz. Quelle chance ! Et il pourrait même jouer avec son meilleur ami, et tout et tout ! Qu'est-ce que ça le motivait ! Auxence se sentait pousser des ailes. L'euphorie, en quelques mots.

Spoiler: