(Minotaure) Staring at the clock all day

Staring at the clock all day

Soirée chez les Pratt. Pas qu’il aime pas retourner chez ses parents, un soir par semaine, mais c’est toujours le même cinéma; on l’interroge sur son avenir après lui avoir servi un peu de vin, pas trop parce qu’on se souvient pas qu’il est majeur depuis six ans et qu’il picole plus que ça quand il est seul. Sa mère s’intéresse à sa vie sentimentale, toujours inquiète depuis que Numa s’est fait passer pour son mec, il y a quelques temps. Son frère lui gueule dessus parce qu’il lui a pas ramené un dvd qu’il lui a piqué, il y a déjà deux semaines et dont Simon a aucun souvenir. Une soirée banale, en somme, dans sa famille et la migraine qui pointe parce qu’il se tourne les pouces et qu’il respire les vapeurs d’alcool qui s’échappe de son verre au lieu de le boire, le regard de son père qui ne le quitte que quand il tend son assiette vers sa femme, pour sa plâtrée de purée. Ce soir, on lui a pas fait son plat favoris et ça, Simon il apprécie pas tellement, parce que des patates écrasées il en bouffe déjà chez lui, plus qu’il ne le faudrait d’ailleurs, mais c’est un des seuls trucs qu’il est capable de faire sans foutre le feu à la cuisine.. Et encore, ses pommes de terre sont généralement à moitié crues. Le dessert se fait attendre et, dans l’impatience de ponctuer ce repas long, Simon cherche du secours n’importe où; notamment en envoyant un texto désespéré à Mino qui met pas trop de temps à lui répondre. Ça le rassure, y a au moins un abruti, quelque part, qui veut bien le laisser s’échouer sur son canapé. « Hé, gros manche. J’te pique ça. » Son petit frère à pas son mot à dire, même s’il le fixe de manière outrée, alors que Simon débarque dans sa chambre à la fin du diner, pour fouiller le tiroir du meuble sur lequel repose sa télé, lui volant une de ses manettes avant de le saluer d’un joli majeur et d’embrasser sa mère. La porte claque, doux son de sa libération. Ses clefs en main, il repasse rapidement chez lui pour attraper deux bouteilles encore entières, vestige d’une soirée dont la fin lui échappe encore, où il a réussi à sauver ces deux-là alors que les autres ont fini dans une poubelle. « Ma gueule ! » Il réveille le voisinage, pour ce qu’il s’en fout. Arrivé à l’immeuble de Mino, sa voiture qu’il laisse garée sur le trottoir, avec le sentiment qu’il l’utilisera probablement pas avant le lendemain, il pousse la porte alors qu’une fille sort de l’immeuble où il veut entrer. Ça l’arrange, il aura pas à s’exciter sur l’interrupteur. Son téléphone vibre; son frère qui lui interdit de renverser quoique ce soit sur sa précieuse manette. Simon éclate de rire, range le téléphone et tambourine la porte de Mino en sifflant comme un abruti, histoire de combler le silence en attendant qu'on lui ouvre. « Bitch, j'ai ce qu'il faut! » La porte est à peine entrouverte, que Simon se glisse dans l'appartement, retire son sac de son dos pour l'ouvrir et en sortir les bouteilles promises, deux jeux volés à son cadet et sa manette à lui, qu'il oubliera probablement avant la fin de la soirée, comme toujours.

© ACIDBRAIN

La différence entre Mino et Numa l’a toujours pas mal fait rire, parce que quand il voit la difficulté du second à s’ouvrir à une autre fille parce qu’il a la tête occupé par une autre et celle du premier à s’envoyer ce qui bouge sous son nez et qui, évidemment, a assez de charmes pour l’intéresser. Le jour et la nuit. Et Simon, lui? Il est un peu au milieu de ce joyeux bordel, le copain qui vit un peu les histoires d’amour, et de cul, par procuration parce qu’en ce-moment, pour lui, c’est le calme plat. Faut dire aussi qu’il cherche pas tellement, monsieur se la joue difficile à attraper, préoccupé par sa vie pour y foutre une gonzesse au milieu, alors qu’il est encore incapable de faire une lessive tout seul sans ressentir le besoin d’apporter son linge sale chez maman. Qui gueule. Comme Numa d’ailleurs. C’est peut être écris quelque part, de toute façon, que Simon doit s’entendre qu’avec des mecs qui sont ses opposés complets ou partiels, parce que quelque part, les Favre ils ont ce petit truc qui lui manque dans sa vie. Merde, encore un peu et il va demander à être adopté par la famille de timbrés. Il en serait capable, en plus, ce con.
Sourire aux lèvres, son regard bleu passe du visage de Mino, lui envoyant un léger coup dans l’épaule pour le saluer, avant de faire comme chez lui; parce qu’il y passe autant de temps que dans l’appartement de Numa alors, fatalement, c’est un peu comme s’il habitait là.. Plus que dans son propre chez-lui, en tout cas. « Hé beauté! » Le chien vient se coller à ses jambes, la main de Simon qui lui caresse le crâne avec tendresse, pas seulement parce que l’animal a été nommé après lui.. Même si, quelque part, c’est un bon début vers la gloire. Peut être que Madonna a appelé son chat comme ça, avant d’être une star, on sait pas ! Y a de l’espoir ! « C’est-à-dire qu’on avait pas encore fini de bouffer que mon père était déjà le cul vissé devant la télé.. Super moyen de dire qu’on le fait chier. » Il peut parler, il a passé le repas à envoyer des coups de coude à son frangin et à regarder le fil instagram de ses contacts. Lamentable. C’est Simon. « Ah putain, super! J’ai rien bouffé, je crois que ma mère avait pas envie de s’emmerder. J’ai vu mon frangin se préparer un kebab quand je partais, la dèche! » Son sac qu’il pose près du fauteuil, il s’y vautre tranquillement en souriant. « La petite brune que j’ai vu en entrant dans le hall ? Putain tu te fais pas chier mon salop! Et t’as pas pensé à lui demander si elle avait une copine ? Merci de penser à moi. » Simon soupire en récupérant son élastique autour de son poignet pour rattacher sa tignasse clair, le regard qui croise celui du chien qui vient se foutre sur ses pieds, pour l’empêcher de bouger. « Me fais pas croire que j’t’ai forcé à plier le truc vite fait, elle devait pas être si chouette que ça.. Sinon tu m’aurais envoyé m’faire voir.. » Le menton en l’air, il regarde Mino en souriant comme un idiot.

La réflexion de Mino le fait sourire, un rire qui se perd au fond de sa gorge, alors qu’il s’installe tranquillement, comme s’il était chez lui. Il est comme ça Simon, il prend ses aises n’importe où, sans se poser trop de questions, pas qu’il soit sans-gêne, parce que c’est clair qu’il ira pas faire pareil chez un parfait inconnu.. Mais maintenant qu’il a réussi à être aussi copain avec ce Favre-là qu’avec le premier qu’il a connu, Simon hésite plus vraiment à se comporter de la même manière avec l’un et l’autre. C’est le type qui s’entend bien avec tout le monde, de manière générale, bien qu’il soit assez intelligent et réfléchi pour savoir différencier les copains et les amis de passage. Au départ, il aurait pas forcément parié que Mino ferait parti de ces « potes » qui tiennent la route, mais peut être que le fait d’être le frère aîné d’un de ses meilleurs potes et, en plus, de bosser ensemble ça vous rapproche d’une manière ou d’une autre. « Faut dire qu’y a pas beaucoup de distances entre chez toi et la plage.. » Il se marre un peu avant d’hausser les épaules. « Je vaux mieux que ? Quoi, elle avait une verrue sur la gueule, elle était conne comme ses pieds? » Il sourit, les mains sur la nuque, la tête en arrière, le regard rivé sur Mino qui s’installe près de lui. Simon aime pas trop critiquer les autres, même s’il fait clairement parti de ces gens qui jugent au premier regard, c’est pas de sa faute, il a beau en prendre conscience après-coup, mais fatalement ça recommence. On dira ce qu’on veut, pour avoir l’air du parfait gentleman, mais quelque part la société du paraître à fini par salement déteindre sur lui. Ça explique probablement qu’il soit toujours célibataire et incapable de garder une nana; sans qu’il sache vraiment si c’est vraiment lui qui a un problème d’engagement ou si ceux sont les filles qui sont devenues très difficiles au niveau des goûts. « P’tain.. J’ai pas compté mais.. Le célibat commence à me peser, j’te le dis. J’te trouve presque canon.. Rends-toi compte. » Il éclate de rire alors qu’au même moment, la main de Mino lui attrape la barbe. Ç’aurait été quelqu’un d’autre, il se serait fâché, mais là, ça ne fait que renforcer son hilarité. « C’beau c’que tu me dis, ma poule. » Il lui envoie un clin d’oeil alors que le chien se roule sur le dos, dès que la main de son maître se met à lui caresser le poil. Quelle serpillère ce clébard. Penché en avant, Simon pousse les deux trois conneries qui traînent sur la table basse, pour faire de la place pour les verres et l’apéro improvisé qui se prépare. « Y a pas ta pote, au fait ? Gab’? » Une nana tarée, encore. M’enfin ça semble plus ou moins normal d’en avoir dans l’entourage des Favre. « Ah, en parlant de pizza, tiens. » Il sort un billet, pour payer sa moitié, en mec honnête. Paraîtrait que les bons comptes font les bons amis, alors. « J’espère pour lui, parce que le paquet de chips il y survivra pas. Hmm.. J’ai même pas vu c’que j’ai pris. » Il récupère les boitiers de jeux. « J’l’ai juste entendu hurler de pas foutre de gras dessus.. On a un jeu de guerre, ô surprise. Et mario kart. J’aime voir que j’ai pas trop raté son éducation à ce gamin. » Il fait faussement le fier.

Son regard océan s’agrandit, surprit par l’enchainement de la réflexion de Mino qui le conduit à un résultat auquel Simon pensait même pas.. Ou à peine. D’accord, un brin, pendant quelques secondes, mais surtout la première fois qu’il a croisé Gaby, parce qu’il faut dire qu’elle passe pas inaperçu, mais l’idée d’une relation avec elle le fait gentiment sourire, avant de rire.. Principalement parce que la tête de Mino, à cet instant, vaut surement tout l’or du monde. « Mais hé.. C’toi qui t’fais des films, j’ai jamais dis ça. » Néanmoins, il fronce les sourcils, juste par contradiction, avant de croiser les bras sur son t-shirt délavé, encore un sujet de débat avec sa mère d’ailleurs. « Quoi ? Ça serait si choquant que ça, ta pote et moi ? Pff.. Non.. Par contre ta soeur.. » Il précise pas laquelle et c’est justement le but, histoire de l’énerver un peu, même si le sourire sur les lèvres de Simon en dit long sur le but de sa réflexion, si bien qu’il éclate de rire, doucement, avant de tapoter le genou de Mino. Il s’en remettra. Normalement. « Je la toucherais jamais ta Gaby, parole de pote. Ça fout trop la merde ces histoires, se taper la pote d’un pote.. » Il tait le prénom, mais sa réflexion sous-entend clairement la situation entre Numa et Lia. Pas besoin de mettre des termes explicites pour que Mino comprenne où il veut en venir, de toute manière c’est de notoriété public que Simon est pas vraiment pour son retour, du moins.. Si, mais pas autrement que comme amie, parce qu’il a été aux premières loges de la descente en enfer de Numa et qu’il veut pas que ça recommence. « Puis j’aurais trop peur qu’elle se serve de moi comme brouillon pour ses tatouages et tout le bordel.. J’ai déjà du mal à faire accepter mon look, à la Jésus, à ma mère.. Si en plus j’me ramène tatoué de partout, j’voudrais pas l’enterrer si tôt tu vois. » Il se marre, mais il a eu le droit au chapitre sur le danger des sectes et de l’obsession pour la Bible de la part de ses parents pendant des mois. Oui parce que Simon a joué le jeu de leur faire croire qu’il voulait se la jouer Jésus des temps moderne, ça a pas loupé. « Puis on est là pour parler de ma vie amoureuse inexistante ou se mettre une race et jouer à des jeux comme des cons ?! Sans rire quoi, un peu de sérieux s’il te plaît! » Et il s’attaque au paquet de chips sans attendre pour patienter en attendant l’autre guignol qui doit leur livrer leur repas. « Ce gamin est pas perdu, il en faut bien un qui s’en sorte sur les deux Pratt, que les gènes soient pas totalement foireux quoi! » Il se tapote les cuisses quand l’interphone sonne, ses pieds qui remuent et obligent le chien à se relever lentement, pour finalement bondir et se précipiter vers Mi… Non, vers la pizza en fait. « Ah que diable, enfin de la bouffe digne de ce nom ! » Un regard vers son verre, qu’il attrape une fois plein pour le cogner doucement contre celui de Mino et s’en vider la moitié dans le gosier, puis faire passer le tout avec un bout de pizza encore chaude, qui fume et dont le fromage lui crame les doigts. « Ah merde au fait! Il sort son portable de sa poche arrière, fouille ses textos avant de sortir celui d’une nana que Simon a, évidemment, renommé dans son répertoire. On m’a demandé de te transmettre ça.. » Message qui demande à Pratt de transmettre le numéro à, on cite, son « collègue ténébreux ». En relisant le message, Simon peut pas s’empêcher de pouffer de rire. Il pointe le numéro du doigt, pour que Mino le not, si jamais ça l’intéresse. Ce qui, Simon est persuadé , risque d’arriver.

Ça le fait rire, à gorge déployée, même si quelque part Simon se doute que la menace est à moitié une blague et à moitié d’une sincérité presque terrifiante. C’est le côté italien qui doit parler, le frère qui protège les filles de la famille comme un mafieu protège sa famille, ou une connerie dans le genre. On part dans le cliché, oui. Principalement parce que ça lui échappe et que ça lui viendrait pas à l’idée de surveiller les relations de son frère, comme Mino doit surveiller celles de la benjamine de la famille. Faut dire que Baby Pratt est assez costaud pour se démerde tout seul avec les filles, ou les mecs d’ailleurs, ça fait longtemps que Simon a pas charrié son frère sur ses potentielles relations amoureuses. Faudrait penser à le faire, sous peu, histoire que le gamin s’imagine pas que son aîné se laisse aller à lui foutre la paix. « Quoi, je suis si dégueulasse que ça que tu m’imagines pas en beau-frère ? Ça nous rapprocherait grave.. » Il envoie un clin d’oeil en pouffant de rire, parce que l’air de rien, si Mino venait à voir la masse de messages qu’Alessia lui envoie, auxquels il répond avec autant d’application qu’un diabétique se pique pour vérifier son taux de sucre. Pas que ça veuille dire quoique ce soit, mais vu le tempérament de son ami, Simon craint un peu que l’autre s’emballe et se méprenne. « Puis moi qui rêve de me faire adopter par la famille, ça me donnera l’occasion de prendre le nom Favre.. » Il sourit et hausse les épaules en avalant une gorgée, surveillant Mino du coin de l’oeil avant de manquer de s’étouffer. Il s’étrangle, se tape sur la poitrine pour essayer de reprendre son souffle, à moitié mort de rire, à moitié en train de crever tout court. « T’es con .. Tu sais qu’il faut pas m’faire ce genre de blague quand j’bois.. » La gorge qui brûle, Simon fait passer l’irritation de sa toux avec une nouvelle gorgée, pour finalement souffler, le nez rouge et les pommettes en feu. « M’enfin, tu sais bien que j’suis tout à toi, mon amour. » De sa main libre, l’autre tenant sa part de pizza, Simon lui caresse la joue en pouffant avant de s’attaquer une nouvelle fois à sa nourriture, attrapant la télécommande pour zapper les chaînes, avant de jouer, pendant que Mino récupère le numéro et.. La perle. Le norvégien entend le bruit du vibreur, capte le regard étrange de son ami et fini, d’engloutir son morceau pour lui arracher le portable des mains et ouvrir la bouche, encore pleine de pizza, en lisant le mot.. Il finit par refermer son clapet en avalant le bout avant de taper sur l’écran de son index et de regarder Mino, sans parler, le temps de bien faire passer le fromage brûlant dans son gosier, pour pas s’étouffer une nouvelle fois. « Dafuq! Coloc’? Genre et je suis pas au courant p’tain ! Et bordel mais.. Nooooon.. Attend.. ohlalala mais elle ressemble à Gaby! » Cette fois, il s’est levé du canapé et il manque de sauter sur place, comme une pucelle, en pointant un index accusateur vers Mino. « Sérieux mec mais.. Tu la sors d’où ? Me dis pas que tu te tapes Gaby Bis ! Si tu me dis que c’est sa soeur.. Putain mais, quel petit enfoiré celui-là. » Il récupère son verre, pour le vider, avant de le reposer et de se resservir, toujours debout avec le téléphone du coupable dans la main.

Simon il est pas du genre discret, faut dire qu’on lit en lui comme dans un livre ouvert, du moins quand on le connaît bien, un peu comme Numa et Mino. Même son frère, à son plus grand dam d’ailleurs parce qu’il peut même plus lui cacher un truc sans que cet infâme gnome ne le devine. C’est peut être pour ça qu’il comprend pas bien le besoin des autres, toujours, de lui cacher des trucs, même ce qui paraît clairement dérisoire; c’est pas non plus comme si Simon allait beugler sur tous les toits ce qu’il vient d’apprendre. Il est grande-gueule et un peu con, mais il est aussi une tombe quand il s’agit de taire des trucs qu’on veut pas voir ébruiter.. Si on le torturait, pas sûr qu’il garderait la bouche fermée, m’enfin qui voudrait lui extirper des informations aussi dérisoires que celles qu’il découvre en fouinant dans le téléphone de Mino. Alors oui, c’est pas tant pour l’emmerder, que le norvégien se secoue comme une pucelle effarouchée qui vient de voir le loup - le grand loup, si on parle du Favre huhu -, mais parce qu’il a le sentiment qu’on lui fait pas assez confiance pour partager des choses avec lui. Quelque part, ça le vexe mais Simon en tient pas forcément rigueur; il peut concevoir qu’on veuille garder des choses pour soi. « Cette Gaby te mènera à ta perte, bro. » Il se marre avant de hausser les épaules, de regarder une nouvelle fois la photo de la jeune fille; elle est mignonne. Pas vraiment son genre, mais elle a l’air clairement calme comme nana, ce qui dénote pas mal avec le type de gonzesses que Mino ramène régulièrement, ou attire de manière générale. Simon croise les bras, un regard vers son ami avant de souffler. « Bha en même temps, vu comme vous en parlez, ouais.. J’pensais que c’était une ado. Boa mon salop. » Pas trop mauvais le bougre, il finit par rendre le téléphone à Mino, avant de se rassoir à sa place, attrapant un autre bout de pizza, après s’être arraché la gueule avec le précédent, qu’il s’est enfourné trop chaud dans le bec. « J’vois pas le problème. Pratt et sa vision un peu bidon des choses. Enfin ouais, je peux imaginer pourquoi Gaby veut pas que tu touches sa soeur, m’enfin.. Elle est majeure, du coup si elle tu l’intéresse aussi, j’vois pas où le souci. » Si, il le voit, mais ça lui parait tellement absurde. Quoique.. Non, il sait pas. Il a pas ce genre de relation pour piger ce qu’une grande soeur peut ressentir à l’idée que sa cadette s’envoie son meilleur ami.. « Après ouais, si tu veux pas foutre la merde avec Gab’, j’peux comprendre, m’enfin.. Si vous êtes honnêtes l’un envers l’autre, toi et cara, ou toi et gaby hein.. » Il hausse les épaules. Ouais, Simon se prend jamais vraiment la tête pour ce genre d’histoire, même si ses conseils sont surement aussi pourris que ceux de Docteur Love. « M'enfin c'est vrai que si moi j'peux pas toucher Alessia, j'vois pas pourquoi toi tu toucherais Cara.. » Et son rire s'échappe à nouveau, au risque de s'étrangler encore avec sa part. Ou de se manger une tarte.

Ça le presque marrer de voir Mino dans cet état, parce que Simon a beau faire le con à cet instant, en secouant presque le téléphone sous son nez, à regarder ses messages comme s’il cherchait un trésor.. Y a quelque chose dans l’attitude du Favre qui le dérange un peu, qui lui fait dire le mec fait bien trop attention à ses promesses pour que ça soit pas louche, mais c’est pas au norvégien de lui en parler. C’est pas sa place, ni forcément son rôle et puis c’est le genre de sujet sur lequel Simon émet des réserves, parce qu’il est clairement pas du genre à distribuer les bons conseils comme un pervers distribue les sucettes. Pas trop con, le copain, il finit par remettre l’appareil dans les mains de son propriétaire, attrapant son propre téléphone pour envoyer un message à son frangin, histoire de s’occuper, lui assurant qu’il a léché sa manette et que ça risque d’être sale. Ça le fait marrer et il finit par lever un regard vers Mino, souriant. Vautré dans le canapé, la tête sur le bord du dossier, Simon soupire en lui tapotant le genou d’un air compréhensif, ou qui se veut comme tel, parce qu’il a un peu de mal à comprendre ce qui peut gérer Gaby dans cette affaire. C’est vrai que si Pratt avait une soeur, il aimerait pas trop que le Favre s’en approche, m’enfin il les connait les types dans son genre; ces mecs qui se donnent des allures de macho et d’obsédé, plus préoccupé par la prochaine à ramener dans son lit que celle qui s’y trouve déjà.. Il est pas psy, mais il sait que ça cache toujours quelque chose. C’est comme ça, Simon il juge pas toujours à la couverture du livre, il laisse souvent la part au doute et Mino fait clairement parti de ces gens sur qui Simon pose un doute raisonnable. « Ça va, je rigole. Tu sais bien que je suis pas comme ça, Alessia c’comme mon frangin.. Il force les sourcils avant de lever l’index, qu’il pose contre son nez pour rectifier. Plutôt comme ma frangine du coup, parce qu’à moins que vous ayez été élevé dans la tradition tahitienne… Parce que ouais, j’ai lu un truc hier ça m’a fait délirer.. Tu sais qu’à Tahiti, le troisième enfant est élevé comme une fille, même si c’un garçon ! Enorme non.. Merde.. Du coup ç’aurait été Numa qui aurait été élevé comme une nana.. Oh bordel. » Et il se marre, comme un idiot avant d’avaler son verre, encore et de reprendre de la pizza pour choper une boite de jeu et l’agiter, se levant pour placer le cd dans l’appareil. « Tu sais bien que je suis jamais contre le fait de me toucher, mais bon, vu que c’est apparemment pas le thème de la soirée, je propose de commencer les choses sérieuses! » Et il revient s’asseoir, lourdement, aux côtés de son pote en lui tendant une des manettes.

Il comprend pas trop l’intérêt de ces petits secrets, ces trucs qu’on s’échine à lui cacher par peur de sa réaction, alors qu’il a pas le souvenir d’avoir déjà réagis à l’extrême après qu’on lui ait annoncé quoique ce soit. Semblerait qu’il sache se contenir, se tenir tout simplement, mais apparemment ses copains ont tous l’air de s’imaginer qu’il est capable de leur arracher les yeux. Ça serait quelqu’un d’autre, y aurait probablement matière à se vexer, mais Simon essaie de se dire que chacun à besoin de son petit jardin de secret. Il peut le comprendre. Il l’accepte, alors il rend son téléphone à Mino, sourit et s’enflamme sur un sujet idiot qui n’a de sens que pour lui, probablement. Parce qu’il est comme ça, avec les copains, parce qu’il veut pas se prendre la tête et, surtout, parce que peut être qu’il respect assez Mino pour se dire que s’il a pas envie de lui en parler plus en détails, alors c’est son droit le plus légitime. Qui est-il pour s’octroyer le droit de mettre son nez dans tout ? Personne, sans doute. Il a tendance à dépasser les bornes, la plupart du temps, parce qu’il traîne si souvent avec les Favre, que le barbu a fini par s’imaginer qu’il faisait vraiment parti de la famille.. Ce qui, d’un regard critique, est assez injuste envers Bastien, son petit frère, parce qu’à mieux y regarder, Simon aurait tendance à être bien plus proche de Numa et sa fratrie, que de son propre cadet. Sa deuxième part engloutit, le norvégien s’interrompt quelques minutes dans son orgie culinaire pour se resservir un verre, qu’il sirote tranquillement en s’installant en tailleurs sur le canapé, ses pompes qu’il planque sous la table basse, parce qu’il voit déjà le chien qui lorgne dessus. « Tu touches… Et j’te.. ok ? » Et cet abruti de serpillère, comme Simon aime le surnommer, qui se met à remuer la queue en le fixant, avant de regarder son maître, qui éclate de rire. Simon se met à pouffer à son tour, avant de partir dans le fou rire total, au point de reposer son verre sur la table basse, pour éviter d’en foutre partout, les yeux qui coulent un peu. « P’tain non t’es con, relance pas le sujet sur ça bordel.. Il a la voix qui déraille, alors qu’il continue à rire comme un débile. Non mais tu sais que mes parents s’en sont toujours pas remis. Régulièrement ma mère me demande pourquoi elle voit plus Numa avec moi, je crois que ça sous-entend une rupture.. » Et pour s’amuser, il récupère son propre portable pour envoyer un texto à l’intéressé, dont le contenu ne tient qu’en quelques mots; [i]Tu me manques mon chaton.[/color] Ce qui le fait rire d’autant plus avant de reprendre son souffle et de reprendre une gorgée de son verre, tapant de sa main libre sur sa cuisse avant de prendre sa manette d’un air faussement sérieux. « Celui qui gagne c’est celui qui se met au-dessus alors! » Le sous-entendu graveleux s’accompagne d’un clin d’oeil alors que l’écran s’éclaire et que la musique de Mario résonne dans l’appartement. « Que dalle. Te foutre une branlée moi, puis une déroute, ça va te calmer! J’vais prendre Toad le champi hallucinogène, tu vas voir ! » Sauf qu’il tient sa manette à l’envers, même s’il s’en rend compte ne riant.. ça part mal pour lui, si d’emblée il sait plus dans quel sens tout se tient.