LOEIZ – i'm not ready to say goodbye.

Comme prévu, peu après la soirée du bar; j'envoie un texto à Loeiz pour lui signifier que c'est aujourd'hui, qu'on se rend au chevet de ma soeur pour discuter de son plan, ce plan que nous refusons tout les deux d'ailleurs. La vieille j'ai eu dû mal à trouver le sommeil, j'essayais de me bâtir un texte quelque chose de censé que j'allais lui déballer pour l'empêcher de mettre son idée à exécution, mais cela ne m'a rien apporté à part le fait que je me suis endormie sur les petites heures du matin encore plus confuse qu'au début de la nuit. Je ne pouvais plus reculer maintenant, la démarche était débuté et je ne pouvais pas prendre la fuite ou changer d'idées puisque cette fois-ci Loeiz était avec moi. Je propose de passer le prendre, il accepte et le trajet se fait dans un silence des plus complets, je sens une certaine lourdeur entre nous et ça m'agace, mais j'y fais abstraction je dois me concentrer sur ma grande soeur, sur elle et rien d'autre. On arrive finalement à l'hôpital et on se rend dans le bâtiment connexe où ma soeur se trouve c'est comme une maison d'hébergement qui regroupe d'autres gens comme elle, qui sont tétraplégiques ou qui sont dans d'autres conditions. Je m'avance à la réception et souris à la réceptionniste qui me reconnait aussitôt; « Bonjour Romane, comment vas-tu? » Je garde ce doux sourire et je répond; « Ça va merci, est-ce que je peux aller voir June?» Celle-ci acquiesce et je jette un regard à Loeiz légèrement derrière moi, puis je reprend en disant; « Nous serons deux aujourd'hui.» Évidemment, la réceptionniste reconnait Loeiz qu'elle a déjà vu plusieurs fois déjà. « Pas de problème, June sera contente de vous voir.»

Tranquillement, on se rend à sa chambre, je m'arrête dans l'encadrement un moment. Cette image me frappe à chaque fois, June est dans son fauteuil, le fauteuil rivé à la fenêtre. J'inspire un et je viens frapper à la porte doucement annonçant ma présence tout en m'avançant sachant très bien qu'elle ne peut pas nous faire volte-face. « Salut, c'est moi.» Je viens devant elle, mes yeux croisent les siens; nous avons le même regard d'ailleurs, les même prunelles claires, d'un bleu profond. Je souris et viens lui déposer un baiser sur sa joue, celle-ci sourit « Salut petite soeur.» Me dit-elle alors que je m'accroupis un peu pour me mettre à sa hauteur d'une certaine manière. Puis, je m'humecte les lèvres alors que mes yeux viennent se poser sur Loeiz légèrement en retrait alors que j'annonce à ma soeur sa venue. « Je t'ai amené de la visite...» Doucement, je me redresse et à l'aide de la manette sur son fauteuil, je le fais pivoté pour qu'elle puisse faire face à son meilleur ami. Puis doucement, je me décale un peu pour me mettre en retrait et les laisser profiter de leurs "retrouvailles". Je vois l'oeil de ma grande soeur s'illuminer et mon coeur gonfle dans ma poitrine, c'est palpable et tellement beau que ça me bouleverse. Mes yeux se posent un moment sur elle, puis sur lui et c'est tellement fort que je m'oblige à détourner les yeux un moment. Bon sang, comment je vais faire pour lui parler de ça alors qu'elle semble avoir une bonne journée aujourd'hui, j'ai l'impression que je suis littéralement entrain de me dégonfler, d'abandonner. Après leurs accolades, June n'est pas stupide et elle n'est pas dupe non plus, elle nous demande alors; « Qu'est-ce que vous faites là, tous les deux?» Elle sait pertinemment qu'entre moi et Loeiz ce n'est pas la joie. Je pose mon regard un instant sur Loiez, puis je finis par hausser les épaules et répondre; « J'avais envie de venir te voir, Loiez aussi. Du coup, j'ai proposé qu'on se rendent ici ensemble.» D'une certaine façon, en disant ça je mentais qu'à moitié. De nouveau j'affichai un doux sourire, ouais sans aucun doute j'étais littéralement entrain de me dégonfler.

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C’est le jour. Romane prend les commandes, alors que je regarde le couloir que nous allons prendre dans peu de temps. Les formalités faites, nous nous dirigeons vers la chambre de June. J’ai le cœur lourd, qui bat à cent à l’heure. Je crains que ça ne suffise pas, qu’elle soit butée au point de se renfermer, de nous demander de partir. Elle peut être brute parfois, surtout lorsque ça ne va pas dans son sens. Et puis j’ai donné l’information à sa petite sœur…Si elle ne lui en a pas parlé, c’est qu’il y avait bien une raison. Je reste quelques secondes à l’extérieur de la porte, puis entre en entendant Romane annoncer qu’elle n’est pas seule. C’est toujours pareil lorsque je passe la voir, j’ai besoin de temps pour souffler, pour me préparer à ce que je vais voir. Une June sans possibilité de bouger un seul pouce. Mon cœur se resserre, une boule s’installe au creux de ma gorge. Oh putain que ça fait mal de la voir clouée dans ce fauteuil. « Salut toi. » dis-je, en arborant un sourire, cachant à la perfection ce que je ressens au fond de moi. C’est un véritable bordel. Mon cœur saigne, ma tête a mal elle aussi. J’ai envie de hurler toute ma souffrance, de prendre la sienne par la même occasion, lui retirer un énorme poids sur les épaules. Je suis un escroc, un mauvais gars, pas un magicien. Je ne fais pas dans les miracles. Je m’approche, dépose un baiser sur sa joue, l’encercle de mes bras et ébouriffe ses cheveux au passage. Elle lève les yeux au ciel, soupire, puis nous interroge. Mon regard se pose automatiquement sur Romane qui prend la parole qui n’arrive pas à lui dire la vérité, alors elle tourne autour du pot et June n’y croit pas tellement, je le sens dans ses yeux qu’elle essaie de déchiffrer à travers les miens la véritable raison de notre présence. « J’ai dit à ta sœur ce que tu comptais faire. » June lâche un soupir, exaspérée. « Loeiz ! Ecoute, Romane… » enchaîne-t-elle, en me lançant un regard noir, puis en posant son attention sur sa frangine. « Je n’ai pas souhaité t’en parler, pas tout de suite. Mais, regarde-moi… Je ne peux plus rien faire, je suis dépendante de la médecine, des autres. C’est humiliant pour moi de vivre comme ça, de devoir être accompagnée pour aller aux toilettes, rien que ça. » June se mord les lèvres en me faisant signe de l’approcher de Romane. Je me place derrière son fauteuil, m’exécute en fixant Romane des yeux. Je sens bien que ça ne va pas, qu’elle est touchée par ce qui se passe, par ce qu’elle entend. « Je ne souhaitais pas te blesser. Ni toi, ni Loeiz, ni personne. » Pourtant, ça me blesse. Je ne peux imaginer une vie sans June, elle le sait très bien, je le lui ai dit plus d’une fois. « Ta sœur a besoin de toi. » June lâche un petit rire, tout ce qu’elle peut faire. « Je t’en prie Loeiz. Pas dans cet état. » Je sais ce qu’elle pense, qu’elle n’est d’aucune utilité, sauf que… Elle en a, pour moi. « Je me doute que c’est dur pour vous… Pour que vous soyez ici dans la même pièce, je ne peux que m’en douter. Mais… Ce choix, il m’appartient. Essayez de comprendre. Je n’y arrive plus. » finit-elle, la voix tremblante. Je fais le tour de son fauteuil et aperçois les larmes aux bords de ses yeux qui menacent de couler. Ce spectacle, c’est comme si on me poignardait en plein cœur. Je m’éloigne, m’appuie contre la fenêtre pour ne plus voir ça et regarde à l’extérieur, le cœur qui pleure, à défaut de laisser mes yeux s’en charger. Je ne veux pas qu’elle parte.

« J’ai dit à ta sœur ce que tu comptais faire. » La voix de Loeiz se brise dans l'air, voilà il ne passe pas par quatre chemin pour dire la raison principale de notre visite. Je vois aussitôt une légère panique dans le regard de ma grande soeur, probablement qu'elle pense que ça va trop vite tout d'un coup et moi aussi d'ailleurs. « Loeiz ! Ecoute, Romane… » Ma soeur lance un regard noir à son meilleur ami, moi je demeure là sans un mot; je vois soudainement son visage se radoucir comme quand j'étais enfant et qu'elle essayait de m'expliquer quelque chose de compliqué. « Je n’ai pas souhaité t’en parler, pas tout de suite. Mais, regarde-moi… Je ne peux plus rien faire, je suis dépendante de la médecine, des autres. C’est humiliant pour moi de vivre comme ça, de devoir être accompagnée pour aller aux toilettes, rien que ça. » Je sens l'émotion me nouer la gorge alors qu'elle demande à Loeiz d'avancer son fauteuil vers moi. Bon sang, je comprend tout ça; je sais très bien que ce qu'elle vit est un véritable cauchemar à chaque jour lorsqu'elle ouvre les yeux, je sais tout ça; mais une part de moi est tellement égoïste, j'ai du mal à me faire à l'idée qu'elle souhaite m'abandonner. « Je ne souhaitais pas te blesser. Ni toi, ni Loeiz, ni personne. » Mes yeux se remplissent de larmes, mais aucunes ne coulent sur mes joues. Je sers mes bras contre ma poitrine pour me protéger; pour m'empêcher de ressentir cette douleur qui envahit mon âme, mon être. Voilà que Loeiz ouvre la bouche pour répliquer alors que moi, aucun mot ne réussit à sortir, je suis comme pétrifiée. Comme si j'étais spectatrice d'une scène; « Ta sœur a besoin de toi. » C'est à mon tour de me mordre délicatement la lèvre alors que je sens qu'elle tremblote un peu, en effet j'ai besoin d'elle plus que n'importe qui; mais à quel prix? Tranquillement, en la voyant dans cet état complètement à bout, j'ai l'impression de comprendre mieux sa demande, mon côté égoïste s'estompe et je pense soudainement à elle, parce que c'est ma grande soeur qui souffre actuellement. « Je t’en prie Loeiz. Pas dans cet état. » Qu'elle lâche avec un petit rire, je continue de l'observer alors qu'elle reprend la parole; « Je me doute que c’est dur pour vous… Pour que vous soyez ici dans la même pièce, je ne peux que m’en douter. Mais… Ce choix, il m’appartient. Essayez de comprendre. Je n’y arrive plus. » Cette fois, c'est trop; je finis par voir ces larmes qui perlent au coin de ses yeux et j'ai l'impression d'avoir le souffle court, je demeure silencieuse un moment alors que Loeiz est maintenant face à la fenêtre. Je sais que les prochains mots que je prononcerai va le mettre hors de lui, mais j'ai finalement compris et je vais respecter sa requête, même si ça me donne envie de mourir à mon tour. « C'est vraiment ce que tu souhaites?» Ma question fend l'air, alors que je renifle doucement; j'entend un couinement se sont les semelles des chaussures de Loeiz signe qu'il s'est retourné. Je peux sentir son regard sur moi, c'est vrai qu'au départ en débarquant ici, je pensais être du même côté que lui. Mais, en entendant les mots de June je ne peux pas faire autrement que d'accepter sa décision. Celle-ci n'est plus capable de rien faire, peut-elle au moins décider comment elle voit la fin des choses, peut-on y laisser ce "loisir" de choisir comme une adulte responsable et indépendante. Des larmes coulent chacun sur nos visages, alors que j'ai l'impression de voir un poids énorme se retirer des épaules de ma soeur. Je sens aussi l'explosion approchée, je sais pertinemment qu'il risque de m'accuser; que tout ce que je souhaite c'est me débarrasser d'elle de toute façon que c'est ce que j'ai toujours souhaité. « Oui... C'est vraiment ce que je veux.» Me dit-elle, j'acquiesce alors que j'ai toujours cette boule au travers de la gorge. Je sais aussi qu'elle tente de capter le regard de son meilleur ami, alors que mes yeux se posent sur lui; nos regards se croisent et j'ai l'impression d'y lire; "tu m'as abandonné, tu l'abandonnes" Étrangement, je me sens bien avec ce revirement de situation; dans le fond mon opinion ne compte pas, June sait très bien que j'ai envie de la garder auprès de moi encore longtemps, mais elle sait aussi que je la vois souffrir et que c'est inhumain de faire ça, c'est purement égoïste. Je remarque les poings de Loeiz qui se serrent et ses phalanges qui blanchissent tellement il sert fort, l'explosion approche et elle risque de créer des dommages.

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Je me retourne aussitôt, les sourcils froncés. Je suis en train de rêver. Romane ne dit pas ce qu’il faut, elle se montre bien plus compréhensive et n’essaie même pas de la dissuader. Elle rentre dans le jeu de June. Elle baisse les bras et les larmes qu’elle a aux bords de ses yeux, qui roulent sur son visage. Putain. Je n’arrive pas à croire ce qu’elle est en train de faire, alors qu’il y a peu, elle me disait qu’elle ne voulait pas de tout ça, que June la laisse. Ma mâchoire se crispe, mes poings sont serrés. J’avais de la compassion pour elle, maintenant, je n’en ai plus aucune. Qu’elle pleure, qu’elle s’effondre, j’en ai plus rien à cirer. Je secoue la tête, fais un pas vers June que je regarde dans les yeux, puis vers Romane. « T’es vachement utile. » dis-je, avec beaucoup d’ironie. Elle ne sert à rien cette fille. Je suis le seul à refuser qu’elle se suicide, le seul à refuser son départ, parce que je tiens à elle, parce qu’une vie sans June, je n’arrive pas à la concevoir. Je la croyais de mon côté, je pensais avoir trouvé un peu de soutien, un point positif en cette fille, mais je me suis trompé. Il n’y a visiblement rien qu’elle puisse faire pour moi et je regrette d’y avoir cru ne serait-ce que quelques heures. C’était une grosse perte d’énergie, une perte de temps aussi. « Je repasse plus tard. » Je dépose un baiser sur la tempe de June, caresse son visage de courtes secondes et sors enfin de la pièce, sans qu’elle ne me dise un mot, sans que j’en aie besoin. Il faut juste que je prenne l’air, que je fume un bon coup aussi. Visiblement, personne n’a les épaules pour la garder en vie. Personne ne compte assez pour la faire changer d’avis. Le couloir de l’hôpital me paraît bien grand soudainement… Je presse le pas, me dirige vers les portes battantes et une fois à l’extérieur, m’adosse contre le mur, la tête appuyée en arrière, contre lui. Je suis toujours incapable de penser que demain sera un monde sans elle, sans sa voix, sans son regard. Je ne veux pas avoir à me passer d’elle. Depuis le départ de Leo, c’est la seule personne qui arrive à me comprendre comme il faut, sans me juger, qui arrive même à déconner aux critiques qui ne feraient pas rire certains qui sont un peu trop coincés, trop gentils, honnêtes. Pourtant, une petite voix dans ma tête ne cesse de me souffler que c’est la fin, que j’ai fait tout ce que je pouvais et que la décision ne m’appartient plus, mais je ne l’écoute pas. Ce serait être d’accord avec son choix, l’accepter et je ne suis pas prêt à ça.

Je m'attendais à une explosion; mais finalement il ne fait que braquer ses iris sur moi pour me dire ceci; «T’es vachement utile. » Je croise les bras contre ma poitrine alors que j'aurais juste envie de lui cracher des bêtises au visage, je me retiens devant June, elle ne mérite pas ça. Je le regarde s'adresser à elle et l'embrasser doucement. Celle-ci lui adresse un sourire discret, malgré la situation lourde et difficile; elle trouve toujours le moyen de sourire. Je regarde Loeiz quitter la pièce et un soupir d'agacement franchit mes lèvres c'est vrai que je l'ai carrément laissé tomber. Mais bon en même temps, nous nous sommes jamais entendus ça n'allait pas changer. Je détourne un moment les yeux et les rivent à la fenêtre, passant une main sur mon visage pour retirer les larmes. Je peux sentir le regard de ma grande soeur sur moi, puis c'est elle qui brise le silence; « Il va finir par comprendre.» Je secoue la tête de gauche à droite légèrement; ma soeur tente toujours de voir le côté positif des choses, cependant je sais très bien que sur ce sujet Loeiz ne l'acceptera jamais. En même temps, comment je peux le blâmer pour ça? Alors que j'avais toujours pensé la même chose que lui, jusqu'aux dernières récentes minutes. Je rapporte mon attention sur elle, puis en voyant ces grands yeux; je me retiens de dire les mots que je souhaitais lui dire et je change mon discours en disant; « Je te le souhaite.» Au final, je savais que ça lui faisait beaucoup de peine après tout il était son meilleur ami, la personne qui à ses yeux avait le plus d'importance. Je m'emparai d'une chaise dans la pièce et je vins m'asseoir à ses côtés pour discuter un peu avec elle, celle-ci m'interrogeait sur mes projets et mes études; je n'arrivais toujours pas à saisir comment elle pouvait encore m'apporter autant de considération et d'attention alors que je l'avais souvent traité comme de la merde. À croire que le fil familial était indestructible malgré les nombreuses tempêtes. « Tu voudrais pas essayer d'aller lui parler.» Un soupir franchit mes lèvres, et j'affichai une légère moue mélangée à une grimace; « C'est une vraie tête de mule, le mec le plus exaspérant que je connaisse; il arrive pas à me sentir et moi non plus, je ne pense pas que ça soit une bonne idée, puis il doit déjà être partie.» Dis-je, je vois que ma soeur se ferme un moment les yeux et je vois par les plies de son front, qu'elle est tendue. « Tu veux que j'appelle une infirmière, pour que tu t'allonges un peu?» Elle acquiesce et je fais appel à une infirmière qui s'occupe de l'allonger dans son lit. Je demeure dans la pièce et souris à l'infirmière lorsqu'elle quitte la chambre, puis je m'avance au chevet de ma soeur. « Tu sais Romy... Si je pouvais, je resterais avec vous. Je ne le fais pas pour m'éloigner de vous; croyez-moi.» Je sens mon coeur se gonfler dans ma poitrine et j'acquiesce d'un léger signe de tête « Je le sais. Allez, repose-toi je serai pas loin, je vais prendre l'air.» Doucement, je viens lui déposer un baiser contre sa joue et elle me sourit fermant ses yeux. Je demeure quelques secondes à la contempler, puis je me dis que lorsqu'elle décidera de quitter parce que connaissant ma soeur étant une femme déterminée, elle réussira; ce sera exactement comme ça, elle aura les yeux clos, mais son corps sera froid et je ne pourrai plus jamais entendre sa voix douce où croiser ses jolies yeux. Je détourne les yeux et je sors de la chambre prenant soin de fermer un peu la porte sans la fermer entièrement, puis je m'engage dans le long corridor, il y règne un calme plat. Je finis par m'approcher de la sortie et je passe les portes battantes, puis je le vois là appuyé contre le mur. J'étais persuadée qu'il aurait quitté les lieux. Je demeure silencieuse et je finis par fouiller dans mes poches pour en sortir mon paquet de cigarette et mon briquet. J'allume ma cigarette et je tire une bouffée demeurant à distance et silencieuse. Cependant, je sais qu'au moment où il viendra croiser mon regard, mon silence ne durerait pas.

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Romane est là, juste à quelques mètres, à tirer sur sa clope et me pousse à faire de même pour me détendre. J’en coince une entre mes lèvres et fume à plein poumon, souffle la fumée. Ca ne détend même pas cette connerie. Mon cœur se resserre dès que je me rappelle de June, de sa décision, de son… départ. Et ça me met tellement en colère de ne pas réussir à la faire changer d’avis, d’être lâché par sa gamine de sœur. Je fais quelques pas en avant, prêt à repartir, puis finalement, me tourne pour lui faire de nouveau face. Je garde le silence, l’observe, pas parce que je cherche mes mots, mais parce que là, maintenant, je la hais tellement cette fille que je n’ai même pas envie de lui adresser un mot. « Quand ta sœur sera morte, viens pas chialer à ma porte, parce que je te la claquerai au nez. Démerde-toi seule. Parce que c’est ce que tu vas être : seule. » dis-je, simplement, avec toute la rancœur du monde, en lui tournant le dos, en m’éloignant d’elle. Je n’ai plus envie de parler, de lui adresser le moindre mot, je n’ai même pas envie de me prendre la tête avec elle. J’ai juste envie de ne plus penser à ça pendant quelques heures et pour ça, je sais exactement ce que je vais faire : rendre visite à des petits cons pour les faire chier, pour m’en servir comme punching ball. Ils ne servent qu’à ça. Je ne pleure pas. Loeiz ne pleure jamais. Je me contente juste de faire ce pour quoi je suis doué. Manipuler, être un véritable connard. Et le petit Faure va en baver encore plus aujourd’hui que les autres jours. Lui qui a l’air d’apprécier la vie, qui en profite pleinement, sans se soucier d’une fille qu’il a poussé à se foutre en l’air à cause de ses conneries. Il ne va plus rigoler bien longtemps. J’ai assez joué, j’ai assez fait traîner les choses. June va partir, c’est sûr maintenant. Et moi je pète les plombs un peu plus encore.