Les chants des sirènes » Elijah

« MERDE À LA FIN ! » hurlé-je en me levant du lit, furibonde. Trop c'est trop ! Je me fiche des petites histoires sans lendemain d'Elijah, il fait ce qu'il veut ça ne me regarde pas. Mais que ses conquêtes m'empêchent de dormir alors que j'ai passé ma journée à l'hôpital à m'occuper de gamins malades et ma soirée à la maison à remplir de la paperasse est intolérable. Heureusement que le vendredi est mon jour de repos parce que je n'aurais jamais réussit à faire du bon travail avec seulement trois heures de sommeil. Les gémissements de la certaine étudiante ne s'arrêtent pas pour autant. De plus en plus énervée par ce manque de respect, je fonce vers la chambre de mon colocataire en tapant rageusement des pieds contre le sol pour prévenir de mon arrivée. J'ouvre la porte sans préavis, laissant ma colère prendre le dessus sur ma raison. « Eli, tu me vires tout de suite cette pouffiasse de ton pieu et même de l'appart, sinon c'est moi qui le fais. Et tu sais très bien que je n'aurais aucun scrupule à la foutre à la rue totalement à poil. » je pestifère en désignant la porte à la machine à gémissements. Oui, je serais vraiment capable de ce genre de choses, surtout avec un manque de sommeil pareil. Je commence à m'impatienter du manque de réaction des deux amants. « Casses-toi immédiatement ou je te traînes par la tignasse. » dis-je en commençant à attraper ses affaires pour lui balancer au visage sans pitié. « Et apprends à être silencieuse la prochaine fois que tu te tapes un mec qui vit en coloc, sinon ce sera pas la première fois que tu te feras mettre à la porte. » dis-je avec un sourire moqueur très honnête, retrouvant un semblant de calme. C'est vrai, si elle avait apprit à faire ça en silence je n'aurais jamais réagis de cette manière. Mais elle est tombée au moment où il ne fallait certainement pas me chercher.

Hier soir j’ai rencontré une jolie brune dans une fête sur la plage, forcément je l’ai dragué, on a bu et elle a fini dans mon lit, c’est tout les soirs le même rituel donc ! Je la ramène donc à l’appartement que je partage avec Vicktoria, une amie que je connais depuis un petit moment et que je considère comme ma petite sœur, mais elle a l’habitude de me voir à poil c’est vrai… On arrive alors à l’appartement et une heure après on commence nos ébats sexuels, je fais des vas et vient toujours plus rapide et toujours plus profond. Ma conquête cri énormément, c’est rare que je tombe sur des femmes aussi jouissives mais j’aime ça. Je sais que Vick ne va pas tarder à se réveiller et ouvrir la porte de ma chambre pour venir réclamer un peu de silence pour dormir. Pas manquer, à peine quelques minutes après j’entends les pas d’éléphant de Vicki arriver au niveau de ma porte, qu’elle ouvre alors que je suis en plein ébat sexuel avec ma conquête, que je ne reverrais jamais c’est sur, mais ça m’a fais plaisir de l’avoir dans mon lit. Alors que Vicktoria pète son câble, la jeune femme brune se rhabille vite fait et part de l’appartement sans réponse à ma jolie blonde. Je sors alors du lit nu et me retrouve face à Vicktoria, je lui fais un bisou sur le front et essai de la calmer.

« Ma belle, si tu es jalouse tu peux me le dire tu sais ? Aller je te sers un petit truc à boire ? ça va te détendre, tu verras tu dormiras mieux après ! »

Je me dirige dans la cuisine et sors une bouteille de vodka, elle n’a pas le choix il ne reste plus que ça faut qu’on aille faire des courses.

Même mon arrivée dérange à peine les deux sportifs de nuit qui, malgré l'avertissement de mon arrivée donné par mes pas, continuent leurs petites affaires sans gêne. Je pousse ma gueulante, renvoyant la brune trop bruyante d'où elle vient. Le regard mauvais avec lequel je la foudroie ne la fait même pas réagir. Soit elle est encore trop bourrée pour pouvoir aligner deux pensées cohérentes, soit elle a comprit que si elle osait ouvrir la bouche pour répliquer j'allais lui en coller une. J'ai assez entendu sa voix pour toute ma vie. Elle part sans demander son reste, ni même jeter une dernier coup d’œil à Elijah. Ce dernier se lève, parfaitement à l'aise dans sa nudité, et vient m'embrasser affectueusement sur le front pour me calmer. « Ma belle, si tu es jalouse tu peux me le dire tu sais ? Aller je te sers un petit truc à boire ? Ça va te détendre, tu verras tu dormiras mieux après ! » me propose-t-il en me contournant pour aller dans la cuisine nous servir à boire. « Je ne suis pas fâchée, et encore moins jalouse. Mais entendre tes pétasses crier à en faire trembler les murs toute la nuit, non merci ! La prochaine fois, choisis-en une plus silencieuse. » répliqué-je en m'appuyant sur l’îlot central en attrapant mon verre. Je le lève pour trinquer avec lui et boire une bonne gorgée aussitôt pour faire passer la pilule. La vodka. Il n'y a rien de tel pour me remonter après cet ascenseur émotionnel. Relevant mes cheveux en queue de cheval, je plaisante « Non mais vraiment, tu l'as trouvé où celle-là ? Je pensais que tu avais meilleur goût en matière de femme ! » en éclatant de rire. Nos habitudes communes me font oublier qu'il se balade sans vêtement et que je ne suis pas loin de faire la même chose avec mon t-shirt trop large qui n'en cache pas assez et montre ma pauvre culotte bleue pâle qui me rentre dans les fesses. Vive la colocation !

Vicktoria me dit alors qu’elle n’est pas jalouse et encore moins énervée, mais me conseille tout de même de prendre une fille moins silencieuse la prochaine fois, comme si je pouvais s’avoir d’avance si elles allaient crier au lit ou non. Je ne suis pas devin moi, juste un bon coup au lit ! Après avoir trinqué avec ma chère locataire, je prends d’une traite mon verre, bien que j’ai encore pas mal d’alcool dans le sang puisque cela fait à peine une heure que je suis revenu de soirée. Soudain Vicktoria me titille en me disant qu’elle pensait que j’avais meilleur gout en matière de femme… « Bah je l’ai trouvé sur la plage, bourré, j’en ai profité… » Je m’approche alors un peu de Vicktoria. Je me retrouve même coller à elle. « Tu sais, dans le fond, peut-être que je veux une fille comme toi, ou simplement toi… » Je la regarde droit dans les yeux en attendant qu’elle m’envoi valser en me frappant et en m’engueulant comme elle vient d’envoyer chier ma conquête de la nuit… Dans le fond je dois avouer que Vicktoria est carrément craquante, qu’au début je voulais la mettre dans mon lit, surtout que là elle s’offre limite à moi dans sa petite culotte, même si ça fais un moment que je la vois se balader comme ça dans l’appartement. Aujourd’hui c’est une amie proche et notre complicité me rend fou, j’adore comment on joue à chat tout les deux !

Nos deux verres s'entrechoquent, faisant trembler la liqueur qu'ils contiennes. Boire me fait plus de bien que je ne l'aurais cru. Ce mec va me rendre dingue à force de me faire tourner en rond tous les jours. Le grand bouclé trouve toujours un prétexte pour me faire péter un plomb, que je sois d'humeur à rire ou non. Quel morveux. Alcoolique qui plus est. Déjà que son sang devait contenir pas mal d'alcool en rentrant, en prime il s'enfile son verre cul sec. Bravo la jeunesse. « Bah je l’ai trouvé sur la plage, bourré, j’en ai profité … » prétexte-t-il, visiblement piqué par ce que je viens de dire. Puis il s'approche un peu plus de moi, collant son entrejambe sans gène contre ma cuisse. Je ne prend même pas la peine de reculer, même  quand il m'avance « Tu sais, dans le fond, peut-être que je veux une fille comme toi, ou simplement toi … » sans me quitter des yeux une seule seconde. Il me fait frissonner sans que je ne puisse expliquer pourquoi. Ha si, il est plutôt mignon. Non, pardon. Terriblement sexy. Et surtout trop jeune. Un an d'écart ça fait déjà douze mois de trop. « T'oserais pas, tu sais à quel point je peux être dangereuse. » le défié-je en approchant un peu plus mon visage du sien, jusqu'à ce que nos nez se collent. Je me retire presque aussitôt, le contournant pour aller sauter sur le canapé en m'écrasant comme une crêpe sur les coussins moelleux. « Puis tu risquerais de décevoir toutes tes fan, parce qu'une fois qu'on à goûté à une femme si extraordinaire tu ne voudras plus jamais aller voir ailleurs. » le titillé-je un peu plus en faisant glisser l'un de mes doigts contre ma gorge de manière sensuelle, l'allumant d'un regard. Il veut jouer ? Dommage pour lui, c'est toujours moi qui gagnes.

Mademoiselle veut jouer. Je le sais c’est comme ça depuis que l’on vit ensemble. Mais on va jouer, elle sait que je suis joueur et je sais qu’elle adore les défis. Je pose mon verre sur l’ilot central de la cuisine, m’en vais fermer la porte de l’appartement à clé puis aperçoit la jolie jeune femme allongé sur le canapé en train de me titiller, surtout Eli ne bande pas ! Ouais j’avoue, elle est célibataire, je pourrais la mettre dans mon lit si je veux, mais elle m’a toujours dis qu’elle n’aimait pas les mecs plus jeunes qu’elle. Pourtant moi j’adore les femmes expérimenté, enfin c’est ce qu’on dit des vieilles en général ! Je m’approche alors d’elle puis me pose juste au dessus d’elle, me visage se retrouve alors juste en face du sien, mes bras sont tendus, je descends et me colle contre elle, lui dépose un baiser dans le cou et lui répond. « Tu es si dangereuse que tu fascines ma libido… » Peut-être devrais-je m’arrêtez là car je sais qu’on ira jamais jusqu’au bout, que l’on joue seulement. Ça se trouve elle à un mec en dehors de cet appartement, un mec dont elle ne m’a pas parlé et qui risquerais de me casser la gueule. Mais merde, j’ai envie de jouer, au pire une fois qu’on aura fini de jouer j’irais me faire du bien tout seul dans ma douche. Je joue alors avec le lobe de son oreille à l’aide de ma langue puis lui chuchote à l’oreille. « Avoue tu as envie de moi depuis longtemps… »

Eli et moi avons une relation très particulière. Il n'y a aucune gêne entre nous, aucun secret et aucune attirance. Sérieuse s'entend. Parce que c'est vrai que si j'étais un peu plus jeune ou lui un peu plus vieux, je lui aurais sauté dessus. Et lui aussi. Ça se voit dans son regard, et c'est avec cette petite flamme interdite que je joue. Plus vicieuse que le jeune brun ne peut le croire, je savais qu'il allait plonger la tête la première dans cette ouverture. Il pose son verre et file en vitesse vers la porte qu'il ferme à clef avant de s'approcher nonchalamment vers moi. J'admire le spectacle de ses muscles tendus, tel un fauve prêt à bondir sur sa proie. Il passe au dessus de moi, descendant lentement jusqu'à être allongé contre mon corps tressaillant. Ok il me fait de l'effet, mais ça n'ira jamais plus loin. « Tu es si dangereuse que tu fascines ma libido … » me susurre-t-il à l'oreille après m'avoir embrassé le cou, déclenchant un courant électrique qui traverse ma colonne vertébrale. Impossible de m'empêcher de mordiller ma lèvre inférieur. « Je ne savais pas que tu étais masochiste. » répliqué-je en faisant mes yeux de biche. Dans ce genre de situation, rien de plus efficace que de grands yeux clairs aux longs cils noirs comme les miens. Je ne suis pas le diable. Je suis pire que lui. Malheureusement, mon bas-ventre n'est pas aussi téméraire que moi. Il se met à me brûler lorsqu'Elijah commence à jouer avec le lobe de mon oreille avant de murmurer à nouveau « Avoue tu as envie de moi depuis longtemps … ». Il me cherche ou je rêve ? Puisque c'est ça, il va me trouver. Sans lui laisser le temps de réagir, j'inverse nos rôles et me retrouve à califourchon sur lui avec une rapidité qui me surprend moi-même. « Tu sais très bien que je ne l'admettrais jamais. » répondis-je sans totalement le démentir. Et si nous nous battions à armes égales ? Je l'observe quelques secondes sans bouger, juste en souriant victorieusement. Aussitôt après je retire mon t-shirt, dévoilant ma poitrine sans aucun remord sur ce geste peut-être abusif. Je me penche vers lui, lui embrassant la base de sa mâchoire avant de venir lui murmurer « En revanche, je sais que toi tu en as envie … » en insistant sur le verbe savoir. Qui prend les paris ?

C’est vrai que Vicktoria est carrément jolie, y a pas à dire, mais c’est comme ma petite sœur et je la respecte trop pour la mettre dans mon lit. Surtout qu’après la colocation serait encore plus invivable qu’elle ne l’est déjà. Vicki retourne alors la situation à son avantage, se met sur moi à califourchon et enlève son t-shirt. Elle dévoile sa sublime poitrine que je n’avais encore jamais vue. Soudain elle me dit qu’elle sait que moi j’en ai envie, ouais je le cache pas j’ai grave envie d’elle, mais je ne peux pas coucher avec elle, je l’apprécie trop, jamais je couche avec une nana que j’apprécie, parce que je lui fais du mal et moi tout ce que je veux c’est du sexe donc… Mon téléphone sonne alors. Je regarde Vicktoria, lui dépose un baiser sur les lèvres brièvement avant de me lever en embarquant Vicktoria avec moi, je la dépose au sol et cours jusqu’à mon téléphone. Trop tard, répondeur. Je reçois alors un SMS, je ne connais pas la personne qui m’écris puisque c’est un numéro qui s’affiche mais le message dis que c’est une fille qui a follement envie de moi, qu’elle sait où j’habite et qu’elle peut être là dans quelques minutes. Je retourne alors au près de Vicktoria. « Désolée ma belle, pas pour ce soir, j’ai une prétendante qui arrive, mais promis celle là je la bâillonne ! »

Aussi surprenant que cela puisse paraître, ma fatigue disparaît au fil de notre conversation de plus en plus ambiguë. Je retrouve toute mon énergie pour attiser la flamme qui grandit peu à peu dans son regard. C'est à croire que je suis pyromane sur les bords. C'est ça de ne pas avoir peur de jouer avec le feu, de ne pas craindre une petite brûlure. Comme on le dit si bien, le jeu en vaut toujours la chandelle. D'accord, cette blague était de trop. Mais les yeux ahuris et émerveillés d'Eli lorsque mon haut tombe au sol me fait le même effet qu'une bonne drogue. Je me sens euphorique, pleine d'énergie et un peu idiote aussi. Peut-être que je m'avance un peu trop à le chauffer comme je le fais. Mais c'est de sa faute, c'est lui qui m'a cherché en premier ! De toute manière je suis à deux doigts de gagner. Je sens d'ici son hésitation pousser le jeu un peu plus loin. Sauvé par le gong, son téléphone se met à sonner. Il me soulève sans difficulté, me posant en sol aussitôt pour courir décrocher. Je lève les yeux au ciel, toujours souriante. « J'ai gagné ! » crié-je en voyant qu'il est arrivé trop tard. Victorieuse pour une bonne raison, je retourne vers l’îlot central pour récupérer mon verre et boire ce qu'il en reste. « Désolée ma belle, pas pour ce soir, j’ai une prétendante qui arrive, mais promis celle-là je la bâillonne ! » me prévient-il en revenant vers moi. Mon visage se décompose petit à petit. Non seulement il ramène une autre traînée à la maison mais en plus il coupe court à notre petite soirée entre coloc. Bon, c'était un peu bizarre mais au moins ça m'a changé les idées pendant quelques instants. « T'es sérieux ? » dis-je en changeant totalement d'humeur. Reposant mon verre en le fusillant presque du regard. Un peu en colère, je lui tourne le dos et me dirige dans ma chambre pour m'étaler sur mon lit après avoir claqué la porte derrière moi.

C’est vrai que ce coup de téléphone suivi d’un message à casser la chaude ambiance que l’on vivait avec Vicktoria, mais d’un coté ça me rassure parce que j’aurais pu faire une bêtise avec Vick, même si elle aurait été tenté de me repousser, j’aurais été capable de briser notre amitié car je n’aurais pas obtenu ce que je voulais et ça je m’en serais voulu à vie. J’ouvre la porte de la chambre de Vicktoria, celle-ci est allongée sur son lit, dépité. Je viens m’assoir à côté d’elle.

« Ne me demande pas si je suis sérieux, tu sais très bien que ce coup de fil est venu au bon moment. Je ne sais pas si j’aurais pu me retenir cette fois Vick. C’est la première fois qu’on se chauffe autant tout les deux… »

Je la regarde. Elle est tellement belle. Je lui caresse les cheveux comme pour qu’elle me pardonne.

« J’ai annulé ma soirée avec cette fille, je lui ai dis que j’étais occupé et que l’on devrait remettre ça. On oublie tout et on se pose devant un film dans le salon, ça te vas ? »

Je la regarde avec mes yeux de chien battu en espérant qu’elle accepte et qu’elle ne me sorte pas la carte de la fille fatiguée parce que je sais très bien qu’elle n’est plus fatiguée vu comment on vient mutuellement de se réveiller.

Vexée par le fait qu'il me délaisse pour une fille avec qui il ira jusqu'au bout, je vais me réfugier dans ma tanière. Je dois admettre qu'en ce moment je suis un peu à bout de nerf. Passer du temps avec Elijah me faisait plaisir, c'était un moyen pour moi de sortir un peu de cette tempête. Entre mes journées interminables au travail et la disparition subite d'un enfant dont je m'occupais, c'est un peu le chaos dans ma tête. Ce ne sont pas les seules raisons, mais ce sont les seules que je peux expliquer de manière cohérente. Les autres tournent et retournent dans ma tête sans que je ne puisse comprendre pourquoi. Par chance, ou pas, la porte s'ouvre et interrompt mes réflexions. Eli vient s'asseoir sur le lit. Je suis prête à le renvoyer quand il m'avoue « Ne me demande pas si je suis sérieux, tu sais très bien que ce coup de fil est venu au bon moment. Je ne sais pas si j’aurais pu me retenir cette fois Vick. C’est la première fois qu’on se chauffe autant tout les deux … » en commençant à caresser ma crinière que j'ai détaché en entrant dans ma chambre. « J’ai annulé ma soirée avec cette fille, je lui ai dis que j’étais occupé et que l’on devrait remettre ça. On oublie tout et on se pose devant un film dans le salon, ça te vas ? » ajoute-t-il en me faisant ce regard auquel je ne peux pas résister. Je soupire en me redressant, plongeant mes yeux dans les siens. « Je sais que t'as raison … Mais ça va pas en ce moment et j'ai besoin de toi. » j'admets, les larmes aux yeux en lui faisant un câlin pour trouver du réconfort dans ses bras. Je me reprends aussitôt, détestant montrer mes faiblesses et ne l'ayant jamais fait devant lui. « Bon, on va regarder quoi ? » en me levant, retrouvant un semblant d'enjouement.

D’un coup la soirée prend une autre tournure. Une tournure que j’étais loin d’imaginer. Alors que je suis dans la chambre de Vicktoria, assis sur son lit, celle-ci me dis que ça ne vas pas et qu’elle a besoin de moi, euh ok, je vais essayer du moins. Elle plonge alors dans mes bras comme pour avoir du réconfort, j’avoue que je ne suis pas très douée pour ça, mais pour ma Vicki je serais capable de tout. Tout d’un coup Vicktoria se lève, comme pour montrer qu’il ne s’était rien passer et qu’elle n’était pas faible. Donc même une femme est capable de cacher ses émotions par fierté et ne pas montrer qu’elle est faible… « Puisque c’est toi je te laisse le choix du film ! » On se retrouve alors dans le salon, on s’assoit dans le canapé et lance le disque dur où tout un tas de film est classé par genre de film… Action. Horreur. Fantastique. Romantique. Danse. Humour… Elle a carrément le choix là ! Si elle ne trouve pas un film qui lui convient, je ne comprends pas ! « Alors, qu’elle sera le choix de madame ? » J’attends alors sa réponse. Son choix sera le mien. De toute façon je n’ai pas vraiment le choix, je regarde un film pour faire plaisir à Vicktoria, sinon je serais dans les bras d’une autre femme.

Je m'en veux. Je m'en veux d'avoir craqué. Devant Elijah qui plus est. C'est pour ça que je n'aime pas être à bout de nerf. Montrer mes sentiments au premier qui vient au moment où je craque n'est pas ce que je préfère. Et le pauvre Eli en paie les frais jusqu'à ce que je me reprenne. Lui qui ne m'a jamais entendu m’apitoyer sur mon sort, il ne doit pas se sentir très à l'aise avec la Vicki fragile que j'essaie de garder bâillonnée dans mon fort intérieur. Moins elle s'exprime, mieux le monde s'en porte. Avec elle j'enferme ma voix tremblante et incertaine, retrouvant ma dynamique quand je lui demande ce qu'il veut regarder. Quitte à changer de sujet, autant le faire comme il se doit. « Puisque c’est toi je te laisse le choix du film ! » me répond-t-il. Je lui fais une petite révérence de bourgeoise en plaisantant « C'est trop d'honneur ! » avant de le suivre dans le salon, sautant sur le canapé pour m'y étaler une nouvelle fois malgré le contexte différent. J'en profite pour récupérer mon t-shirt trop large et l'enfiler, même si je n'ai pas spécialement froid. Le jeu est terminé, à quoi bon continuer à s’exhiber ? « Alors, qu’elle sera le choix de madame ? » me questionne-t-il en faisant défiler la liste de tout ce qui est prêt à être regardé sur le disque dur. « Hmmm … Ca fait un bail que j'ai pas regarder Kill Bill ! Ou alors on se matte Fight Club ? Il est cool celui-là ! Ou lui, là, je l'ai jamais vu ! » je réfléchis à haute voix, contente de passer un moment relax avec lui.

Ça fait un moment que l’on n’a pas passer un moment en tête à tête avec Vicktoria. Bien que loin soit colocataire, on passe notre temps à seulement se croiser ou bien passer un diner ou un déjeuner en tête à tête parce qu’on arrive à avoir les mêmes horaires, mais c’est plutôt rare. Les soirées rien que tout les deux n’arrivent presque jamais. Tout simplement parce que je suis toujours fourré avec une nana ou bien qu’elle sort voir je ne sais qui d’ailleurs… Vicktoria pense alors à voix haute, Kill Bill ou Fight Club ? « Euh.. Moi je préfère Fight Club perso donc on va regarder ce film, sinon je vais m’ennuyer à mourir devant Kill Bill ! » Je lui fais un grand sourire avant de lancer le film Fight Club. On va passer une bonne soirée, c’est obligé. On est posé devant un film. Tranquillement. Chez nous. Ensemble. On va s’endormir devant la télé c’est obligé, mais au moins on est en bonne compagnie. Que demandez de plus ? C’est vrai qu’avec les autres femmes que je côtoie jamais je n’envisagerais ce genre de soirée, ça permet aux filles de s’attacher à moi et je ne veux surtout pas d’attache, je veux encore m’amuser, être libre comme l’air, hors de question que je me fasse chier avec de l’amour. Les seules filles avec qui je serais capable de passer une soirée posé comme celle-ci sont mes sœurs, Vicktoria et Sacha, mes seules véritables amies avec qui je sais qu’il ne se passera vraiment rien de rien. Ce n’est seulement que de l’amitié, bien qu’avec Vicktoria on se chauffe un peu trop de temps en temps, ça reste un jeu.

Les titres défilent devant nos yeux, et ma réflexion est telle que j'en oublie ma faiblesse passée. Je veux trouver un film qui nous plaira à tous les deux et qui ne nous fera pas dormir au bout de cinq minutes. Eli tourne court à mon hésitation en mettant Fight Club, n'appréciant visiblement pas l’œuvre de Tarantino. Je le laisse faire sans broncher puisqu'il m'évite de réfléchir pendant une heure. Le film lancé, je m'enroule dans le plaid et m'enfonce dans le canapé moelleux, dévorant des yeux la télé qui remonte les pendules d'Edward Norton, Helena Bonham Carter et Brad Pitt dix-sept ans en arrière. Je connais ce film par cœur, il n'a presque plus aucun secret pour moi. Presque, parce que le scénario est tellement perché que je découvre un nouveau détail à chaque fois qui ébranle toutes mes certitudes et théories alambiquées. « Tu crois que je vais finir aussi dingue que lui ? » demandé-je en me appuyant ma tête sur son épaule. Le film a bien avancé, lorsque le Narrateur et Tyler Durden créent le Fight Club et ses règles. « Tu sais, à force de ne penser qu'au boulot. En ce moment je sors plus beaucoup mais je ne dors pas plus pour autant ... » argumenté-je en m'arrêtant sur ce point, ne voulant pas continuer sur le sujet de ma vie sentimentale désertique. Je ne voulais plus m'attacher, mais aujourd'hui j'en souffre de plus en plus de cette solitude étouffante.