(eneko) and we meet again

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Eliko

and we meet again

Enfin ! Ca faisait une semaine qu'elle avait emménagé à Biarritz, et après une bonne dizaine de rendez-vous, elle avait ENFIN trouvé une galerie qui acceptait d'exposer ses œuvres. Heureusement, parce que d'accord, elle n'avait pas un loyer incroyablement énorme à payer, mais elle devait aussi payer pour la maison de repos de son père à Paris, et donc il lui fallait un revenu. Elle n'avait plus qu'à espérer que les gens de Biarritz apprécieraient ses œuvres, et ça, c'était encore autre chose, elle allait devoir faire un minimum de promotion, et oui, elle allait peut être écouter les conseils qu'Eneko lui avait donné quand il était venu la voir et demander de l'aide cette fois-ci, sauf qu'ici, elle n'avait pas vraiment d'ami pour le moment, si ce n'est Liz, mais bon… Elle n'avait pas envie de profiter d'elle comme ça. Elle passerait des coups de fils pour trouver un volontaire pour l'aider, c'est tout. Mais elle avait l'intuition qu'artistiquement parlant, elle allait se plaire ici. La ville était si différente de Paris, les rues, les paysages. Elle allait enfin pouvoir trouver une nouvelle forme d'inspiration pour travailler et c'était tout ce qu'elle voulait en venant ici.

En fait non, ce n'était pas tout ce qu'elle voulait. C'était lui, qu'elle voulait. Et elle n'avait pas encore eu le courage de l'appeler. Ca faisait une semaine qu'elle ne l'avait pas appelé, et c'était bizarre. Ce n'était pas naturel. Et oui, il était sans doute temps qu'elle lui dise qu'elle était là, qu'ils n'étaient plus qu'à quelques kilomètres l'un de l'autre et… Oui, elle devait lui dire qu'elle était là. Mais comment ? Elle ne pouvait pas lui envoyer un simple en lui disant « Hey, j'ai emménagé à Biarritz ! On se voit ? » Non, ce n'était pas subtile, ce n'était pas séduisant, et ça ne lui donnerait pas forcément envie de la voir. Non, elle avait envie de jouer avec l'effet de surprise. Elle se mettait dans la tête qu'il pensait qu'elle était à Paris, attrapait son portable, et laissait parler son imagination. « Hey ! J'ai une amie qui vient de m'apprendre qu'elle exposait à Biarritz. Je ne peux pas me déplacer, mais je pense que c'est le genre d’œuvres que tu pourrais apprécier, vraiment. Tu devrais y passer, elle organise un truc ce soir à 19h je crois, du côté de Beaurivage, si j'ai bien compris. » C'était fourbe de sa part, pour sûr. Mais elle ne voyait pas comment l'attirer autrement, sans lui dire directement qu'elle était là… Alors il fallait bien trouver une manière détournée…

Elle avait passé la journée à faire des aller-retours en bus entre la galerie et son petit appartement pour amener les différentes toiles qu'elle voulait exposer. Elle s'était décidé à faire une exposition sur la vie parisienne, avec les différentes toiles qu'elle avait peintes des monuments de Paris. C'était un coup de poker, ça pouvait plaire comme ça pouvait ne pas marcher du tout, mais on verrait bien. Elle était ensuite rentrée chez elle pour se changer, parce qu'elle ne voulait pas qu'Eneko la voit autrement que dans une tenue digne de leur retrouvaille, si toute fois il venait. Elle avait enfilé une robe près du corps, élégante, mais confortable. Parce que si jamais il ne venait pas, elle n'avait pas envie de rester à rien faire, et elle commencerait à faire des dessins pour voir comment disposer ses toiles dans la galerie. Elle avait pris avec elle une bouteille de champagne et deux coupes. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, juste parce que ça semblait être la chose à faire. Elle ne savait pas comment elle allait réagir en le voyant, elle ne savait pas comment lui allait réagir en la voyant, mais elle avait hâte. Elle allait enfin voir si oui ou non ce qu'il avait dit à propos de leur relation qui resterait inchangée était vrai. Elle avait hâte de le voir lui, tout simplement.

Elle était retournée en bus de nouveau à la galerie. Dix-neuf heures. Quelque chose en elle lui disait qu'il ne viendrait pas, elle ne savait pas. Elle avait laissé son manteau sur l'une des banquettes dans l'entrée, avait tout de même ouvert la bouteille de champagne et avait servi les deux coupes, les posant sur une table d'appoint. Et elle attendait. Elle détestait attendre, surtout dans cette situation, où sans le savoir, elle n'attendait peut être rien finalement… Puis un bruit. Elle entendit la porte s'ouvrir. Elle se retourna pour voir la personne qui venait d'entrer. Une certaine distance les séparait, mais elle n'arrivait pas à avancer vers lui. Elle se contentait de le regarder, de constater son expression incrédule. Bien sûr qu'il ne comprenait pas sa présence. C'était évident. Et elle lui expliquerait, peut être… « Alors, tu ne dis plus bonjour… ? » demanda-t-elle avec un sourire, en faisant un premier pas vers lui. Elle était anxieuse, mais en même temps si heureuse de l'avoir là, devant elle…

(c) Mayiie

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Son regard se pose sur l’heure de son ordinateur qui affiche dix-huit heures cinquante. Un peu plus tôt dans la journée, Eneko avait reçu un appel manqué d’Elise qui lui avait laissé un message sur son répondeur. Le premier de la semaine, mais pas le premier depuis leur dernier appel qui avait eu lieu à son retour. Il s’était passé deux semaines depuis sa visite à Paris, quinze jours durant lesquels il s’était replongé dans le travail pour ne plus s’entendre penser, pour oublier, aussi ne pas s’inquiéter pour Maona depuis cette rencontre qui s’est terminée dans l’ascenseur. Il avait pu s’exprimer, lui dire à quel point il lui en voulait, lui souffler qu’il ne la contacterait plus… Comme elle ne le ferait pas non plus. Une petite voix, celle de la raison, n’a de cesse de lui murmurer que c’est mieux ainsi, quand l’autre, celle qui hurle, qui souhaite se faire entendre parce qu’il l’étouffe, pleure, saigne, lui crie de la rappeler, de s’arrêter en bas de son immeuble, mais il ne l’écoute pas, se consacre corps et âme à l’architecture, à son projet d’agrandir son entreprise à Bayonne pour s’occuper l’esprit qui, parfois, fait quelques pauses sans qu’il ne le veuille vraiment. Dix-huit heures cinquante-deux. Eneko se mord la lèvre inférieure, puis se lève en refermant un carnet de croquis. Il attrape ses clés, son manteau et sort de l’entreprise, avec un dernier au revoir aux dernières personnes qui restent dans le bâtiment. L’hôtesse d’accueil qui termine à dix-neuf heures et la sécurité qui fait la fermeture. Il n’a pas besoin de prendre son véhicule. La galerie d’expositions se trouve à dix minutes de là. L’homme plonge ses mains dans les poches de son manteau qui reste ouvert avec les bonnes températures. Il y a quelques personnes qui prennent la même direction que lui, qui s’intéressent certainement à la même chose. Lui ne sait pas de quoi il s’agit, mais il fait confiance à Elise qui connaît ses goûts et il la contactera ensuite pour lui faire part de son ressenti, lui faire savoir si ce qu’il a vu l’a ennuyé ou pas. C’est un bon spectateur, mais c’est aussi un connaisseur, alors il se montre exigeant, n’aime pas n’importe quoi. Eneko monte les marches qui le séparent de l’entrée, puis fait un pas à l’intérieur, en jetant un œil aux alentours, avant de poser ses yeux en face de lui. Il s’arrête, brusquement. Il y a un visage en face de lui, qu’il connait, qui le surprend. Il cligne une fois des yeux, se demandant s’il n’hallucine pas, mais non. Elle est là. Elise. Les sourcils froncés, un sourire qui se dessine sur le visage, Eneko s’approche, sans tenir compte des œuvres qui n’ont plus grande importance maintenant qu’il s’est rendu compte de sa présence. Que fait-elle ici ? « Elise ? » C’est la grande surprise. Il ne s’attendait pas du tout à la voir, mais c’est une bonne surprise. Il pose sa main sur son épaule, la regarde de haut en bas. C’est bien elle, oui. « Oh bon sang, tu aurais dû me dire que tu venais, je t’aurais accueilli à l’aéroport, ou à la gare. » Il ne comprend pas tout, se pose plein de questions, mais avant, il dépose un baiser sur sa joue, effleurant par la même occasion celle-ci avec le bout de son nez. « Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu restes combien de temps ? » Et puis il observe enfin autour de lui, les toiles. C’est du Elise, il n’a pas besoin de les observer plus de dix secondes pour s’en apercevoir. « Tu exposes ? » C’est pour ça, qu’elle est là ? Pour exposer ? Eneko est ravi, ne cherche pas à cacher son enthousiaste. Il est content de la voir, il n’est pas non plus gêné. Elle a vu une partie de lui sur laquelle il ne souhaite pas revenir, mais il n’est pas gêné pour autant. C’est Elise. Ils se connaissent depuis si longtemps qu’il n’a pas à se sentir complexé.

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Eliko

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Elle angoissait. Elle se posait un million de question. Et s'il ne venait pas ? Pire, et si il venait et qu'en la voyant il repartait, s'il était de ces hommes qui prétendent certaines choses par message ou par coup de fil mais qui une fois en face à face n'avait plus rien à voir ? Elle n'avait pas envie de laisser ces questions dans sa tête, parce que sinon elle-même serait capable de flancher et de ne pas se rendre à la galerie à ce moment là. L'exposition n'était pas encore officiellement prête, mais quelques curieux s'arrêtaient quand même. Elle n'y prêtait même pas attention. Elle ne pensait qu'à lui. Elle ne pensait pas pouvoir être si anxieuse et si impatiente à la fois à l'idée de le revoir. Elle savait bien entendu que ce serait différent de l'autre jour, mais elle s'en fichait. Pour le moment, elle voulait juste le voir et passer un moment avec lui, rien de plus. Et puis finalement il entrait. Rien qu'en le voyant, elle souriait, un sourire vrai, et un peu moqueur aussi en voyant l'expression d'incompréhension qu'il affichait sur son visage. Et finalement un sourire, qui rendait Elise encore plus heureuse de le voir. « Elise ? » Oui, jusque là, c'était toujours son nom. « Surprise ! » Elle avançait vers lui et lui vers elle. Sa main sur son épaule. Une main amicale, qui comme elle le pressentait, était bien loin des échanges de l'autre soir, mais elle s'en fichait. Elle était si heureuse de le voir, que rien n'aurait pu effacer son sourire. « Oh bon sang, tu aurais dû me dire que tu venais, je t’aurais accueilli à l’aéroport, ou à la gare. » Elle ne pouvait s'empêcher de rire. Oui, elle aurait sans doute du prévenir. « C'est gentil. Je suis venue en voiture, enfin en camion, pour ramener toutes mes toiles… » Et toutes ses autres affaires aussi, mais elle n'avait pas envie de lui dire tout de suite qu'elle avait emménagé ici, à Biarritz. Elle le lui dirait bien assez tôt. Et puis le temps d'un instant, elle profitait de la bienséance française, la bise. Elle sentait son odeur qui l'avait tant enivré il a deux semaines de ça. Mais elle reportait son attention sur lui. Il avait l'air perdu, en regardant « Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu restes combien de temps ? » Elle se pinçait les lèvres. S'il savait… « Je… » Elle n'a pas le temps de finir sa phrase qu'il ajoute. « Tu exposes ? » Ca paraissait évident. Il connaissait son travail, et même si ses toiles n'étaient pas accrochées, elles étaient disposées un peu partout autour de la galerie. « Oui, j'expose ici. Enfin l'exposition n'est pas prête encore, mais bientôt. L'exposition à Paris s'est si bien passé que j'avais envie d'enchaîner tout de suite. » Et c'était bien vrai. Elle qui était si stressée pour cette exposition, ça s'était si bien passé. Elle avait eu un panel de nouveau client, c'est d'ailleurs grâce à cela qu'elle avait eu les moyens de quitter Paris. « Mais, c'est pas la seule raison pour laquelle je suis là… » C'était dure de lui annoncer parce qu'elle réfléchissait beaucoup trop. « Hum… » Et s'il ne voulait pas d'elle ici, à temps plein ? Si lui préférait la relation qu'ils avaient par téléphone à une vraie relation ? Elle n'y avait pas pensé, et c'était un peu tard maintenant. « En fait, je vais rester un moment, et pas que pour l'exposition. » Aller, c'est pas si compliqué. « J'ai emménagé ici, Eneko. » Boom la bombe était jetée. Et elle n'arrivait pas à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise surprise pour lui. « J'ai eu l'impression d'étouffer à Paris et avec mon père en maison de repos, je n'avais plus vraiment d'attache. Ici j'ai toute ma famille, j'ai ma meilleure amie. Et artistiquement parlant, j'avais besoin de changer. Peindre la tour Eiffel, c'est bien sympa mais bon… J'avais besoin de changer, d'un nouveau tournant. » Elle jouait avec ses propres mains, stressées. Elle avait peur de sa réaction, et lui ne disait rien. Elle se pinçait les lèvres, elle était comme gênée, embêtée. Elle ne savait pas trop ni quoi faire, ni quoi lui dire de plus.

(c) Mayiie

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« Sept à huit heures de route. Tu as pris des pauses ? » demande-t-il, taquin. Il connait pour l’avoir déjà fait. Il n’en revient pas de la voir ici, dans sa ville, à lui. Il n’en revient pas qu’elle se soit déplacée et pour une exposition qui plus est ! Lui qui n’a pas eu l’occasion de les voir sur Paris… C’est comme si elle lui faisait plaisir d’amener l’exposition à lui et ça n’a rien à voir avec ce qu’il a pu voir sur le Web. « Je suis ravi pour toi, pour ton exposition. Tu le mérites, sincèrement. » Il avait eu vent de comment c’était passé le premier jour, mais pas la totalité de l’exposition. Ils ne se sont pas eu au téléphone après ça et ça ne lui déplaît pas de l’apprendre comme ça, face à face. C’est bien plus naturel. Eneko reste attentif, sentant qu’elle a autre chose de plus important à lui dire. A sa façon d’hésiter, il se pose des questions, ça l’intrigue, mais il garde le silence, la laisse se lancer seule. « Vraiment ? » Oui, vraiment. C’est une deuxième surprise qu’elle lui réserve. Il s’étonne, c’est si soudain et ça non plus, il ne l’a pas vu venir. Elise, poser ses bagages ? Ici ? « C’est sérieux ? » Il écoute les raisons, les comprend, même. Il affiche un sourire lorsqu’elle lui parle de sa famille, de ses amis. Il savait qu’elle connaissait Biarritz, qu’elle avait quelques personnes dans le coin, pour en avoir parlé quelques fois avec elle au téléphone, mais s’il pensait qu’elle viendrait ici pour les voir, juste en visite, il est évident qu’il ne s’attendait pas à ce qu’elle s’installe définitivement. « Je comprends. C’est une surprise. Je ne m’y attendais vraiment pas. » Mais ça ne lui déplaît pas, loin de là et il le fait savoir aussitôt : « Ce qui veut dire qu’on aura l’occasion de se voir plus souvent, de prendre un verre au lieu de se donner des nouvelles par téléphone. » C’est étrange d’imaginer qu’ils pourront se donner rendez-vous dans un bar du coin, de partager un peu plus que d’habitude. « Inutile que je te vende les mérites de cette ville… Tu la connais. Mais ça te changera de Paris, oui. » Il adore la capitale, oh ça oui. Ca ne le dérange pas de passer une semaine là-bas. Généralement, ce n’est pas pour faire le touriste et il n’est d’ailleurs jamais monté au sommet de la Tour Eiffel, mais il l’aime, ce grand Paris. Ce qu’il préfère de loin, c’est Montmartre, principalement parce qu’il s’agit du quartier des artistes. Il pourrait s’y perdre durant des heures sans problème. Mais Paris est une grande ville, qui ne ressource pas vraiment pour autant. A Biarritz, il fait chaud, il y a la plage et ils ne sont pas très loin de l’Espagne. « Tu as fait un très bon choix. Mais je suis surpris, toujours autant. Tu emménages dans quel coin ? » Plus calmement, il souffle : « C’est une bonne nouvelle. » Il le pense, sincèrement. Eneko tient à Elise, énormément. Il tient à leur lien. Pour lui, rien n’a changé. C’est même plus fort qu’avant.

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Eliko

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« Sept à huit heures de route. Tu as pris des pauses ? » Elle riait. « Ben oui, évidemment ! Mais bon, je ne conduisais pas donc en soit, ce n'était pas un problème… » Un jour peut être qu'elle ferait autant de route seule, quand elle aurait le permis. En parlant de ça, il était grand temps qu'elle s'y mettre. Elle avait commencé à travailler son code et tout ça, mais bon, c'était compliqué. « Je suis ravi pour toi, pour ton exposition. Tu le mérites, sincèrement. » Elle était contente de voir qu'il le prenait aussi bien, pour l'exposition au moins, vu qu'elle n'avait pas encore parlé de son emménagement. « Merci, c'est gentil. » Et puis, elle avait au moins avec ça la certitude de le revoir à la galerie, une fois que l'exposition serait bien mise en place. Et puis elle lui parlait de son emménagement. La peur au ventre. Elle avait peur qu'il se fâche, qu'il impose des barrières, qu'il lui dise qu'ici n'était pas sa place. Elle avait peur qu'il lui demande de rester à distance de lui, hors au fond, c'était sa venue à Paris qui l'avait finalement décidé à quitter la capitale. « Vraiment ? » Un mot, un seul qui avait le dont de la retourner. Qu'est-ce qu'il voulait dire, ce vraiment ? Bon ou mauvais présage ? Elle n'arrivait pas à savoir, elle n'arrivait pas non plus à lire les traits de son visage. « C’est sérieux ? » Encore une fois, aucune expression de visage, puis finalement un sourire, qui la faisait sourire à son tour. Elle était rassurée finalement. Elle continuait de parler, lui disait toute la vérité, en omettant volontairement le passage où elle lui disait que c'était plus ou moins pour, ou à cause de lui qu'elle était là, mais peu importe. « Je comprends. C’est une surprise. Je ne m’y attendais vraiment pas. » Une surprise sans doute aussi grosse que celle qu'il lui avait faite en arrivant chez elle à Paris à trois heures du matin. « L'effet de surprise est totalement voulu, pour le coup ! » dit-elle en rigolant. Ses nerfs lâchaient, se calmaient. Il n'avait pas l'air mécontent de sa venue, bien au contraire. Et ça l'apaisait, ça la rassurait de voir qu'elle n'aurait aucun regret à rester ici. « Ce qui veut dire qu’on aura l’occasion de se voir plus souvent, de prendre un verre au lieu de se donner des nouvelles par téléphone. » Et le fait qu'il éventualise qu'ils pourraient se donner des rendez-vous, de se voir régulièrement l'enchantait encore plus. « Oui, à moins que tu préfères qu'on continue de se donner des nouvelles par téléphone, c'est aussi ce que ça veut dire. » Elle en devenait presque euphorique, trop heureuse de la situation. Tout allait changer maintenant, tout allait être beaucoup mieux. « Inutile que je te vende les mérites de cette ville… Tu la connais. Mais ça te changera de Paris, oui. » Elle ne connaissait pas Biarritz comme elle connaissait Paris, mais la ville ne lui était pas tout à fait inconnue, en effet. « Ca me change déjà beaucoup. Et puis je ne connais pas encore tous les coins intéressants, à part cette boîte. Le… Le Caveau c'est ça ? Mais il me tarde de découvrir pleins de petits coins sympas ! » Elle avait hâte, de pouvoir s'installer librement avec son chevalet à la venue des beaux jours, à l'ancienne, pour peindre des paysages qui lui étaient inconnus. « Tu as fait un très bon choix. Mais je suis surpris, toujours autant. Tu emménages dans quel coin ? » Etait-ce une bonne idée ? Elle n'avait pas envie qu'Eneko vienne chez elle pour le moment. Son appartement était minuscule, bien loin de la maison familiale qu'elle avait à Paris. Et bien loin du prestige de ce grand architecte. Même si il l'avait connu dans des moments difficiles de sa vie, elle ne serait pas très fière de lui faire visiter l'endroit. « Tant que c'est surpris dans le bon sens du terme, ça me va. Et je suis dans un appartement du côté du Braou ? De Braou ? Enfin, dans cette zone-là quoi… » Sans donner trop de détails. En réalité, elle avait un peu honte de se retrouver dans cette situation, mais elle espérait fortement qu'elle allait vite s'améliorer. « C’est une bonne nouvelle. » Elise croisait les bras sur sa poitrine. « Oui, ça l'est ! » dit-elle avec un large sourire. « Oh attends ! » ajouta-t-elle soudainement, se souvenant de la bouteille et des coupes de champagne qu'elle avait préparé. Elle se dirigeait vers la table, attrapait les deux coupes, revenait vers Eneko et lui en tendait une. « Tiens. » Elle planta son regard azur dans le sien, en levant son verre. « A mon installation, alors… » Elle vint délicatement faire claquer son verre contre le sien, avant de boire une gorgée du breuvage pétillant. « Est-ce que tu veux faire un tour ? Regarder les toiles ? Attention, en avant-première ! C'est très privilégié. » Elise rigolait en disant ça. Elle voulait profiter de l'heure tardive, la galerie étant supposément fermée à cette heure-là, et tous les potentiels curieux avaient quitté les lieux. Généralement, elle lui envoyait toujours ses toiles en photo, par email, mais là, c'était différent, et puis, elle pourrait aussi lui demander ce qu'il en pense. Et c'était toujours une excuse pour passer plus de temps avec lui…

(c) Mayiie

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« Eh bien il est réussi. » Cet effet de surprise, mais c’est positif. Même si c’est soudain, imprévu, Eneko voit ça comme quelque chose de bien, qu’Elise soit dans la même ville que lui. Il secoue la tête, parce que le téléphone, ça va un moment, mais il préfère de loin les rencontres physiques. Boire un verre en ville, ou même déjeuner ensemble le midi, c’est nettement plus agréable que de passer une heure au téléphone, sans se voir, sans comprendre comment l’autre se sent. Ce sera différent de ce qu’ils ont connu jusque-là. « Le Caveau, oui. » Pfiou. Ce n’est vraiment pas un endroit qu’il fréquente. Les discothèques, ce n’est pas son truc. Il préfère de loin les bars sympathiques, plutôt que les boîtes qui sont faites pour draguer, pour danser des choses qui ne sont pas de la vraie danse. Mais cet endroit est très fréquenté, très connu, alors oui, il voit de quoi il s’agit. « Il y en a beaucoup. Et il y a la plage, l’Espagne qui n’est pas loin. Il y a beaucoup de choses à faire. » C’est son nombril du monde, Biarritz. Il n’y a que là où il se sent bien. Les autres villes, il aime les découvrir, passer en tant que touriste, ou architecte selon l’objet de ses déplacements, mais ça ne va pas plus loin. Eneko ne se voit pas déménager. « Braou, oui. Je vois très bien. J’y passe régulièrement. » Il patiente, la regarde s’éloigner et revenir avec cette coupe de champagne. Il arbore un fin sourire en la prenant. Très faible. Il ne peut s’empêcher de penser à Maona en ayant un verre d’alcool entre les mains, c’est plus fort que lui. Elle est toujours quelque part dans sa tête. « A ton installation ici. » Mais il s’efforce de laisser ce détail dans un coin de son esprit et trinque avec son amie. Il lui fait un signe de tête, pour qu’ils marchent un peu à l’intérieur de la galerie. Eneko boit une gorgée du champagne et observe les quelques toiles, dont certaines ne sont pas encore affichées sur les murs. « J’aime ton travail, Elise. Ca n’a tellement rien à voir avec les photos sur Internet, lorsqu’on peut les voir de soi-même. » Eneko est sincère. Il aime réellement ce qu’elle fait. Elise a un bon coup de pinceau. Eneko tourne la tête un peu partout, puis s’arrête face à une toile, en penchant la tête sur le côté. « Et tu exposes juste ou tu les vends en même temps ? » Certains font ça. Les artistes vivent de leur talent, vendent ce qu’ils font. Elise fait partie de ceux-là qui ont décidé de ne pas faire attention à l’aspect financier, au salaire qui est irrégulier, mais elle fait ce qui lui plaît de faire. Eneko se tourne vers Elise qu’il dévisage. « J’ai du mal à réaliser que tu t’installes définitivement ici. » C’est complètement dingue, mais il ne cache pas sa joie. « C’est Anna qui va être ravie. » C’est ironique, bien sûr, mais lui il s’en fiche royalement. Il sait très bien que les deux jeunes femmes ne s’apprécient pas, même si Anna s’efforçait de lui dire bonjour, quand elle y était obligée. « Oh, les papiers ne sont toujours pas signés. » Toujours pas. « J’ai pris un avocat il y a peu. » Lui, il va bien faire le boulot.

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Eliko

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Quand elle avait mentionné le Caveau, Eneko avait fait une drôle de tête. Elle savait qu'il n'était pas trop du genre à sortir dans ce type d'endroit. Elise sortait assez souvent en boîte, elle adorait ça, rencontrer des gens, danser… Et oui, elle avait eu vraiment du bon temps avec sa meilleure amie l'autre soir. Ca faisait si longtemps qu'elles ne s'étaient pas vu que de se retrouver c'était parfait. C'était dommage qu'Eneko n'aime pas ce genre d'endroit. Elise se disait qu'un jour peut être, elle réussirait à le convaincre de l'accompagner, plus tard… Une fois qu'il serait divorcé pour de bon ! Mais bref. « Il y en a beaucoup. Et il y a la plage, l’Espagne qui n’est pas loin. Il y a beaucoup de choses à faire. » Elise n'en doutait pas. Pour avoir passé plusieurs fois ses étés à Biarritz, elle avait fait un peu de tourisme, même si elle était plutôt là pour travailler. Mais après, elle ne connaissait pas les petits endroits cachés comme les vrais habitants de la ville, comme Eneko par exemple. « J'en suis sure, il faudra que tu me montres ces différents endroits. Tu sais ce que j'aime de toute façon. Pour trouver des spots de peinture et tout ça donc… » Elle se rendait un peu trop tard du double sens de sa phrase, oui, il savait ce qu'elle aimait, certainement… Mais peu importe. Et puis, l'idée de l'avoir lui en guide de Biarritz, sans aucune arrière pensée, ça pouvait être plaisant. Elle lui confiait ensuite où elle vivait, en espérant qu'il ne viendrait pas, parce qu'elle aurait honte de lui montrer son appartement, qui ressemblait un peu à un studio étudiant… « Braou, oui. Je vois très bien. J’y passe régulièrement. » Elle souriait. Bon, si il est passé régulièrement, il pourrait peut être passé, finalement… Elle s'en allait chercher les coupes de champagne qu'elle avait servi plus tôt, et lui en tendait une pour trinquer avec lui. « A ton installation ici. » Leurs verres tintaient doucement, et elle buvait une gorgée de champagne. Elle l'invitait ensuite assez naturellement à faire un tour dans la galerie. En dehors de tout ce qui avait pu se passer entre eux, il était vraiment intéressé par la peinture, et par sa peinture à elle. Hormis le jeu de séduction qui s'était installé entre eux, Elise aimait bien parler de peinture avec lui, et même si elle profitait du temps dans la galerie pour être avec lui, elle savait qu'il lui donnerait un avis honnête sur ses tableaux. « J’aime ton travail, Elise. Ca n’a tellement rien à voir avec les photos sur Internet, lorsqu’on peut les voir de soi-même. » Elle était touchée de l'entendre dire ça, d'autant plus qu'elle savait qu'il le pensait vraiment. Car si ça ne lui plaisait pas, il le lui aurait dit. « Merci c'est gentil ! » C'était tout ce qu'elle trouvait à dire. Elle n'avait pas l'habitude des compliments sur son travail, donc elle ne savait pas trop quoi répondre… « Et tu exposes juste ou tu les vends en même temps ? » Elle s'arrêtait à ses côtés. Elle n'y avait pas encore pensé, l'exposition n'était pas encore en place totalement, elle n'avait pas lancé ni d'invitation, ni de date de début finalement, c'était si… A l'arrache. « Je ne sais pas trop… Je pense que je vais attendre d'avoir quelques avis, et si des gens sont intéressés je commencerai à vendre sans doute… » Elle n'aimait pas se séparer de ses toiles, mais elle avait décidé de vivre de sa passion, et entre la galerie, son déménagement, et toutes ses autres dépenses, elle n'avait pas d'autres choix pour le moment… Mais elle n'allait pas les mettre en vente si elle voyait que les gens n'étaient pas intéressés. Il se retournait vers elle, alors qu'elle portait son verre à ses lèvres. « J’ai du mal à réaliser que tu t’installes définitivement ici. » Elle riait doucement. « Il va falloir que tu t'y fasses ! Le déménagement m'a épuisé et je ne compte pas re-déménager tout de suite ! » Et puis il était là, elle était là, ils s'étaient retrouvés, et non il était absolument hors de question qu'elle quitte Biarritz. Et puis il y avait Elise, et son père qui s'était finalement fait à l'idée qu'elle était partie. Bref, non, elle n'allait pas bouger maintenant. « C’est Anna qui va être ravie. » D'un coup le sourire d'Elise s'effaçait, et elle levait les yeux au ciel. Anna… Super… Elle n'y avait vraiment pas pensé à elle. Et non, elle n'avait vraiment pas envie de la voir. Elle savait qu'Eneko rigolait, mais bon, ça l'embêtait quand même de se dire qu'elle pourrait la croiser n'importe où ici. « Super… Faudra que tu me fasses une liste des endroits où elle va souvent, pour que je les évite ! » dit-elle en retrouvant son sourire. Au moins avec son aide, peut être qu'elle n'allait pas trop la voir. Si possible. « Oh, les papiers ne sont toujours pas signés. » Changement de ton. « Oh... » Elle ne savait pas trop comment il allait par rapport à ce divorce. Au téléphone, il avait l'air plutôt soulagé, mais depuis qu'elle l'avait vu pleuré elle ne savait pas trop. « J’ai pris un avocat il y a peu. » Elle ne savait pas quoi lui dire… « J'imagine que ça devrait aller assez vite maintenant, avec l'avocat… » En réalité, elle n'en savait absolument rien. Elle avait la chance de n'avoir jamais divorcé, donc elle n'y connaissait rien. Elle, elle était contente qu'ils divorcent, parce qu'elle avait toujours su qu'Anna c'était pas quelqu'un pour lui. Mais bon… Elle ne savait pas comment se comporter avec lui avec ça. « Au moins, je n'aurais plus à faire semblant d'être civile avec elle, enfin… Je l'étais pas trop avant mais bon… » dit-elle en souriant un peu, parce qu'elle n'avait pas envie de rendre l'ambiance trop lourde entre eux. « Mais toi, ça va par rapport à tout ça ? » Elle ne voulait pas d'ambiance lourde, mais elle voulait savoir comment il allait, vraiment.

(c) Mayiie

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Eneko n’hésitera pas. Il suffira juste qu’elle lui demande pour qu’il la renseigne. Il ne connait peut-être pas cette ville aussi bien que quelqu’un qui traîne tard la nuit, jusqu’à quatre heures du matin, ou comme celui qui ne quitte jamais Biarritz, mais il la connait bien. « Ce n’est pas gentil, c’est sincère. » Ce n’est pas son but de dire les choses seulement pour être sympathique. Quand ça concerne l’art, il est toujours franc. C’est sa passion, son domaine, jamais il ne se permettrait de dire des mensonges juste pour ne pas se mouiller, ou pour ne pas blesser l’autre. S’il pensait du mal de son travail, ça fait bien longtemps qu’il lui aurait dit que son travail ne l’attirait pas. Ce n’est pas son genre de se forcer, Elise le sait. « Tu devrais te faire plus confiance. Je ne suis certainement pas le seul à qui ton travail plaît. Il y a de très bonnes critiques sur Internet, tu devrais les lire. Elles te feront plaisir. » Forcément, il y en a toujours quelques uns pour dire qu’ils n’aiment pas et il ne peut leur jeter la pierre. Chacun ses goûts. Mais majoritairement, il est convaincu que lire ce que disent les gens sur ce qu’elle fait pourrait lui donner davantage confiance en elle. C’est surprenant quand il sait à quel point elle dégage de l’assurance. Il boit une nouvelle gorgée, affiche un sourire. Tant mieux, si elle ne compte pas déménager, parce qu’il aime la savoir à quelques mètres de lui. Il ne pourra plus faire sept heures de route juste pour la voir, elle sera là, à côté. « Il y en a beaucoup, mais la ville n’est pas si petite. Et quand bien même tu finirais par la croiser… Tu n’auras qu’à l’ignorer. Anna ne se gênera pas pour ça. » Il la connait que trop bien. Ca va l’insupporter de la savoir en ville, mais elle trouvera bien le moyen de ne pas lui parler. Peut-être pas au début, pour en savoir plus sur sa venue ici, mais le reste du temps… L’une et l’autre ne peuvent pas se voir, pourquoi se forcer ? Ce n’est pas Eneko qui leur demandera de faire des efforts. « Je n’en sais trop rien. On verra bien. » Maintenant, les choses sont lancées. Il se laisse guider par les mots rassurants de son avocat. Il le paie assez cher pour obtenir un bon résultat. Eneko lâche un rire, en acquiesçant d’un signe de tête. Evidemment, il ne peut pas la contredire. « Pas du tout, même. Vous vous tiriez constamment dans les pattes. Je ne vous ai jamais vraiment comprises là-dessus. » Il reprend son sérieux. Si ça va ? « Anna… Elle est ce qu’elle est, mais elle n’est pas méchante. Je ne pense pas qu’elle me veuille du mal, tu sais, même si entre nous, les choses se sont dégradées pour bien des raisons. Alors… Ca va. » dit-il, sur un ton qui se veut léger, parce que ça va, plus ou moins. Ce n’est pas le plus gros de ses soucis, même si ça le tracasse tout de même. Il passe son index autour de sa coupe, puis reprend : « Les choses vont se calmer. Ne t’en fais donc pas. » Ils sont assez proches tous les deux et étant donné qu’elle l’a déjà vu au fond du gouffre, tout en bas, qu’elle l’a ramassé à la petite cuillère, Eneko ne souhaite pas qu’elle s’en fasse davantage. « Ca va un peu mieux. » qu’il dit, par rapport à la dernière fois. Elle comprend, il le sait. Oui, ça va un peu mieux. Un tout petit peu. Ca lui a fait du bien de la voir, la dernière fois.

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Eliko

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Il avait beau se dire sincère, ce qu'il disait avait un impact sur elle. Elise se fiait beaucoup à l'avis des autres, sans doute un peu trop. Mais quand c'était quelqu'un comme lui qui lui disait ce genre de choses, ça prenait tout de suite beaucoup plus d'ampleur. Elle savait qu'il était sincère, bien entendu, mais ça lui faisait vraiment plaisir. « Tu devrais te faire plus confiance. Je ne suis certainement pas le seul à qui ton travail plaît. Il y a de très bonnes critiques sur Internet, tu devrais les lire. Elles te feront plaisir. » Ces questions de confiance en soit… C'était quelque chose pour Elise. Elle n'avait pas confiance en elle. Elle ne le montrait pas tant que ça finalement. Elle préférait largement apparemment pour une sorte de femme fatale, toujours sûre d'elle. Mais non, elle ne l'était vraiment pas. « C'est pas une question de confiance, c'est juste que je préfère avoir des commentaires de vive voix. Et puis, tu lis les commentaires pour moi donc bon, le jour où quelque chose n'ira pas tu seras capable de me le dire je pense ! » Si un jour quelque chose n'allait vraiment pas avec l'une de ses toiles, ou l'une de ses expositions, elle savait qu'Eneko serait là pour lui dire. D'autant plus maintenant qu'il pouvait se déplacer et venir voir de lui même. Elle avait une entière confiance en lui, une confiance aveugle. « Il y en a beaucoup, mais la ville n’est pas si petite. Et quand bien même tu finirais par la croiser… Tu n’auras qu’à l’ignorer. Anna ne se gênera pas pour ça. » De toute façon, ce n'était pas comme si Elise avait l'intention de lui taper la discute. Elle détestait Anna. C'était débile, mais elle avait toujours eu l'impression qu'elle lui avait volé Eneko. D'accord, elle les avait présenté, mais Elise lui avait dit qu'elle le trouvait à son goût, et ça ne l'avait pas empêché de sortir avec lui. Ca datait maintenant, mais ce n'était pas une raison. Elle était assez rancunière. « Oui, j'avais pas vraiment l'intention de lui sauter dans les bras, ne t'inquiète pas ! » Le moins elle la verrait, le mieux elle se porterait de toute façon. Et si elle venait à la croiser… Elle l'ignorerait… Avec un malheureux croche-pied peut être. « Je n’en sais trop rien. On verra bien. » Ca la rendait triste de le voir comme ça. Il avait l'air… Perdu et différent. Et Elise ne savait pas quoi lui dire, elle n'y connaissait rien. Elle ne savait pas ni quoi lui dire, ni quoi faire. « Pas du tout, même. Vous vous tiriez constamment dans les pattes. Je ne vous ai jamais vraiment comprises là-dessus. » Ele riait, et elle réussissait à lui décrocher un sourire à lui aussi, c'était tout ce qui comptait pour elle. « C'était compliqué. Mais bon, j'ai toujours dit que ce n'était pas une fille pour toi, et le résultat, c'est que j'ai toujours eu raison finalement ! » dit-elle en prenant un faux air angélique, et un peu victorieux aussi. Elle avait toujours su qu'Eneko et Anna n'avaient rien à faire ensemble, et leur divorce en était la preuve. Mais malgré ça, Elise se sentait obligé de revenir à un sujet plus sérieux. « Anna… Elle est ce qu’elle est, mais elle n’est pas méchante. Je ne pense pas qu’elle me veuille du mal, tu sais, même si entre nous, les choses se sont dégradées pour bien des raisons. Alors… Ca va. » C'était le ça va le moins convaincant qu'elle n'avait jamais entendu. Mais elle ne pouvait rien dire. Elle avait beau ne pas aimer Anna, elle se doutait qu'ils n'allaient pas se battre tous les deux, mais elle savait aussi que ça allait être dure, pour lui. Elle buvait une nouvelle gorgée de sa coupe. « Les choses vont se calmer. Ne t’en fais donc pas. » C'était pas vraiment qu'elle s'en faisait, mais elle l'avait vu l'autre soir. Elle voulait juste qu'il aille bien. Mais il se voulait rassurant, et elle lui en était reconnaissante. « Ouais… J'imagine que de toute façon, je ne te croirais pas si tu me disais que tout va bien alors que tu es en plein divorce… » Et c'est vrai. Même si comme il lui avait fait comprendre par leur nuit ensemble, tout était fini avec Anna, ça ne devait pas être simple. Ca restait un divorce, la fin d'un mariage. Ca voulait tout dire. « Ca va un peu mieux. » Un peu mieux… C'était si peu. Elle avait l'impression qu'il y avait autre chose. Cette chose probablement qui l'avait amené chez elle l'autre jour. Elise s'inquiétait pour lui, et elle espérait qu'elle allait finir par en apprendre plus. Mais il avait toujours ce regard qui disait bien qu'il ne voulait pas en parler. « D'accord… » Simplement… Elle soutenait son regard. Elle ne voyait pas ce qu'elle pouvait lui dire d'autre. D'accord, il allait un peu mieux, mais ça restait tout à fait relatif. Pour qu'un homme aussi fort de caractère que lui s'effondre dans les bras d'Elise l'autre jour, c'est qu'à la base, ça n'allait vraiment pas. « En tout cas, si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas je suis là. Et pas là comme tu peux prendre le téléphone et m'appeler, mais là comme si tu as besoin d'aller boire un verre ou que tu veux juste aller marcher n'importe où et parler, ou pas, je suis là. » Elle lui offrait un sourire, elle pensait chaque mot de ce qu'elle disait. Elle était si contente de pouvoir lui dire ça, de pouvoir se dire qu'il l'appellerait peut être un jour en lui demandant s'ils pouvaient se retrouver. Elle souriait, et finissait son verre de champagne, en se disant qu'il était probablement temps de changer de sujet. « Et maintenant que tu as vu mes tableaux, il faudra que tu me montres ce que tu fais, toi ! »

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« Bien sûr. Le jour où il y aura quelque chose qui ne tournera pas rond, je me poserai des questions. » Sur sa vie personnelle, principalement. Le problème avec les artistes, c’est que l’humeur joue beaucoup. Ce n’est pas évident de laisser de côté ses problèmes privés et de pondre une œuvre d’art en même temps, bien que les deux peuvent donner quelque chose d’immense, de grand. Il ne lui souhaite pas d’être dans le même état que lui, cependant, bien qu’il sera là à ce moment, si elle a besoin de lui, comme elle a été là pour lui lorsqu’il a eu besoin d’elle. « Tu es cruelle ! » lâche-t-il, finalement pas si étonné qu’elle lui répète qu’Anna n’était pas une femme pour lui. Il y a toujours eu cette compétition entre elles. Et puis il n’ignore pas qu’il faisait de l’œil à Elise. Cette attraction physique, mutuelle, à laquelle ils ont succombé lorsqu’il était de passage, juste pour la voir, juste pour sentir ses mains sur lui, juste pour qu’elle tente de lui faire oublier une petite blonde qu’il n’arrive pas à laisser de côté. « Si ce n’est avoir eu une aventure avec un autre, Anna n’a pas fauté ailleurs, tu sais. C’est une femme qui a juste manqué d’attention de la part de son époux, qui a fait un peu n’importe quoi pour me garder, mais… C’est quelqu’un qui n’est pas mauvais, malgré tout et je ne suis pas d’accord avec toi. » S’il a choisi de l’épouser, c’est parce qu’il se sentait bien à ses côtés, parce qu’elle avait un truc. Il n’en est peut-être pas tombé amoureux, comme il l’est de Maona, c’est certain, mais il l’a tout de même aimée. Et il est toujours attaché à elle, à ce qu’elle est, bien que ce soit tendu entre eux, bien qu’il lui ait dit des choses très dures, la dernière fois. Il sait que s’il lui arrivait une bricole, il ne la laisserait pas de côté. Elle a partagé sa vie, tout de même. « Tu peux me dire quelle est la femme faite pour moi, dans ce cas ? » C’est de la curiosité. Qui, aux yeux d’Elise, est faite pour lui ? Lui est bien placé pour savoir que ça ne se contrôle pas. « Mon divorce n’est pas ce qui me tracasse le plus, Elise. Vraiment. Ca me tracasse, c’est évident, notamment à cause de mon entreprise que je risque de perdre, mais… Ce n’est pas mon problème principal. Je sais qu’il y a moyen de trouver un arrangement avec Anna. » Même s’il lui a dit qu’il la dépouillerait, s’il n’en avait pas le choix, c’est très loin d’être son souhait. La colère est peu à peu retombée. Il n’avait pas apprécié qu’elle aille voir Maona, qu’elle se mêle de leur histoire, qu’elle lui mente, pour l’éloigner de lui. C’est certain qu’il est déçu d’avoir raté son mariage, mais plus pour l’échec que ça représente dans sa vie. « Je te remercie. Mais c’est la même chose pour toi et pas seulement quand ça ne va pas. Nous pouvons très bien aller boire un verre, simplement, pour discuter… » Ca sert à ça, aussi, les amis. Pas seulement à prêter une épaule quand rien ne va, mais aussi pour partager les bons moments. « Tu veux faire un tour à l’entreprise ? Je pourrais te montrer. » Il ne doit plus y avoir personne, maintenant.

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Eliko

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« Tu es cruelle ! » Non, Elise n'était pas cruelle, elle disait ce qu'elle pensait, nuance. Elle n'aimait pas passer par quatre chemins, et de toute façon, Eneko savait ce qu'elle pensait d'Anna, alors ça ne devait pas être une surprise pour lui finalement. « Oups ? » disait-elle faussement embêtée, mais sans jamais s'excuser. Pourquoi est-ce qu'elle irait s'excuser pour quelque chose qu'elle pense vraiment, et qu'elle n'hésiterait pas à dire à Anna si un jour elle se retrouvait face à elle. « Si ce n’est avoir eu une aventure avec un autre, Anna n’a pas fauté ailleurs, tu sais. C’est une femme qui a juste manqué d’attention de la part de son époux, qui a fait un peu n’importe quoi pour me garder, mais… C’est quelqu’un qui n’est pas mauvais, malgré tout et je ne suis pas d’accord avec toi. » Elle savait bien qu'il ne serait pas d'accord. Eneko était un homme bon au fond de lui, pas comme Elise. Elle était capable d'haïr quelqu'un. Pas comme lui, qui même après l'adultère de sa femme, arrivait à faire face. « Tu pourras me dire ce que tu veux Eneko, je n'ai pas eu la même relation que toi avec elle, et heureusement d'ailleurs ! Mais quoi qu'il arrive, elle sera toujours en tord pour moi. Et je ne changerai pas d'avis là-dessus. » Et puis, cette idée d'adultère la repoussait. Oui, d'accord, pendant longtemps, Elise avait essayé de tenter Eneko pour l'attirer vers elle, malgré son mariage, mais ça n'avait jamais marché. Et si jamais ça avait marché un jour, elle n'était pas sûre que quelque chose ce soit passé entre eux. Parce qu'elle avait l'adultère en horreur, tout simplement. Selon elle, tromper quelqu'un, c'était inutile. Autant dire à la personne sur le point d'être trompée qu'on voulait la quitter, c'était plus efficace, et ça faisait moins de dégâts. Mais bref… « Tu peux me dire quelle est la femme faite pour moi, dans ce cas ? » Elle souriait. « Moi, évidemment ! » disait-elle ironiquement, en rigolant, bien entendu, en passant une main dans ses cheveux. Au fond d'elle, elle aurait aimé, être la femme faite pour lui, mais elle ne l'était pas. Tout simplement parce qu'il ne la voyait pas. « Mon divorce n’est pas ce qui me tracasse le plus, Elise. Vraiment. Ca me tracasse, c’est évident, notamment à cause de mon entreprise que je risque de perdre, mais… Ce n’est pas mon problème principal. Je sais qu’il y a moyen de trouver un arrangement avec Anna. » Elle ne savait même pas quoi lui répondre. Bien sûr, qu'elle le savait. Ca se voyait que son divorce n'était pas son problème central. Mais ça se voyait aussi qu'il ne voulait pas en parler, et Elise n'était pas du tout du genre intrusive. Elle était curieuse, oui, mais jamais elle ne pousserait quelqu'un à lui parler d'une chose dont il n'a pas envie de parler. Et puis dans le cas présent, Eneko savait que s'il voulait lui parler du reste, il pouvait. Elle s'éloignait doucement du sujet, tout simplement. Même si elle aurait préféré qu'il lui en parle de lui même, naturellement. Aussi naturellement qu'il était venu vers elle deux semaines auparavant. « Je te remercie. Mais c’est la même chose pour toi et pas seulement quand ça ne va pas. Nous pouvons très bien aller boire un verre, simplement, pour discuter… » Elle était contente qu'il la voit comme ça, comme une simple amie. Et à la fois, elle aurait tant aimé être plus… « Oui, ça serait chouette ! » De se retrouver, de parler, juste de passer du temps avec lui. De rattraper ces années loin de l'autre, c'est tout ce qu'elle voulait. « Tu veux faire un tour à l’entreprise ? Je pourrais te montrer. » Oui, elle avait été sincère en lui demandant de lui montrer ce qu'il faisait, lui. Au fond, par téléphone, ils parlaient souvent des peintures d'Elise, parce qu'ils avaient la peinture et l'art en passion commune, mais elle n'en savait pas tant que ça sur son talent à lui, l'architecture. « Quoi, maintenant ? » Par contre, l'heure n'était pas vraiment bien choisie. « Je ne sais pas… J'avais envie de finir de mettre les toiles en place avant de rentrer, je pense que ça va faire un peu tard pour ce soir… » En soit, il n'était pas tard. Mais quasiment aucune de ses toiles n'étaient accrochées, et même si elle les avaient à peu près ordonnées, elle devait encore les accrocher, une par une, et ça allait prendre un temps fou, sans compter sur les imprévus habituels quand on expose dans une galerie inconnue. « Est-ce que tu es libre mardi midi ? On pourrait aller manger un morceau ensemble, et tu me montrerais ton entreprise ensuite ! Qu'en dis-tu ? » Elle proposait autre chose, elle prenait une initiative. Elle ne voulait pas le forcer, loin de là, mais elle voulait passer encore du temps avec lui. Toujours plus de temps…

(c) Mayiie

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Eneko est bien plus objectif sur ce point, peut-être parce qu’il tient à Anna malgré tout ce qui s’est passé, aussi parce qu’en deux ans, il a eu le temps de réfléchir à la situation. Si au début, il lui en a voulu au point de lui donner tous les torts, il a fini par comprendre qu’il n’y était pas pour rien, mais que ça ne pouvait pas durer pour autant. Qu’il ne lui pardonnerait pas son erreur, que ça a cassé un truc entre eux et le fait qu’il tombe dans les bras d’une autre jeune femme a définitivement mis un terme à leur mariage dont il ne veut plus. Il aimerait que les choses s’arrêtent, que les papiers soient signés, que la procédure de divorce, officielle, avec un avocat pour défendre les droits de chacun, s’arrête, qu’ils cessent de se déchirer. C’est utopique, mais il a vraiment besoin que les choses s’atténuent dans sa vie, qu’il puisse se poser un peu. « Je n’essaierai pas plus longtemps de te faire changer d’avis… » Ce n’est pas ce qu’il veut, au fond. Ca lui est un peu égal qu’elle puisse penser du mal d’Anna. Ca a toujours été. C’est une guerre entre elles à laquelle il s’est habitué. « Evidemment ! » Pourquoi n’y a-t-il pas pensé ? Forcément que la réponse à sa question allait être celle-ci. C’est vrai que les choses seraient simples avec Elise. Ils ne se prendraient pas tellement la tête, ils se complèteraient bien, aussi. Mais il lui manquerait probablement ce truc qu’il ressent avec Maona. Ce truc si fort qui fait la différence. Peut-être qu’un jour, il lui en parlera. Pour le moment, les choses sont suffisamment compliquées pour ne pas qu’il s’aventure dans ce sujet. « Mardi midi, oui, bien sûr. On pourrait faire ça, avec plaisir. Mais tu n’espères pas te débarrasser de moi comme ça, n’est-ce pas ? Je vais t’aider. » Il termine sa coupe, puis la pose sur une petite table et se tourne vers son amie. « Tu me dis où est-ce qu’on commence. » Ca lui fait plaisir de la voir, de passer du temps avec elle, de l’aider, aussi, même si ce n’est que matériel. Elle a fait bien plus pour lui.

Terminé