Là, derrière ton comptoir, tu observes. Tu regardes ces gens qui s’amusent, qui boivent et dépensent sans compter. Ils rient. Ils crient. Ils semblent heureux. Toi, t’es totalement à l’opposé. Tu bois. Tu bois pour oublier. Tu bois parce que c’est la seule chose qui te permet de te lever le matin. T’as l’impression que si tu arrêtes de boire, tu vas t’écrouler. Tu n’as pas envie de t’écrouler. Tu veux te relever. Tu essayes depuis tant d’années. Tu t’es plongé dans l’alcool, parce que c’était et c’est toujours ta seule échappatoire. Tu n’aimes pas voir les gens heureux. Egoïste ! Tu n’es qu’un connard d’égoïste Samuel. Pourtant, avant, t’avais le fairplay dans la peau. Tu pouvais aider tout le monde, tout le temps. Maintenant, tu ignores les appels à l’aide que tu peux recevoir. Toi, t’es dans la merde et personne ne vient t’aider. De toute façon, tu refuses toute main tendue. Tu es con, Samuel. Tu t’es mis en tête que tu t’en sortirais tout seul. Tu sais pertinemment que ta vie est un fiasco total.
Tu reviens à la réalité. Une femme, face à toi, te demande de lui servir un verre. Comme un bon petit soldat, comme un bon petit barman, tu lui apportes son verre sans un mot, avec un sourire faux du début à la fin. T’es comme ça. Tu sais sourire, mais ça fait dix ans que tu fais semblant à chaque fois. T’es un bon comédien, Samuel. Tu mériterais un Oscar. Ce serait plutôt joli, sur ta cheminée, entre les cadavres de bouteilles qui ne laissent même plus apparaître le plancher de ton appartement. T’es un ivrogne. T’es un ermite. T’es loin d’être fréquentable en fait. Tu regardes cette femme. Tu n’as pas souvenir de l’avoir déjà vu. T’as une bonne mémoire, tu te souviens des gens qui passent au comptoir. Elle ne tarde pas à prendre un deuxième verre. Tu sais d’avance qu’elle va passer la nuit ici, à enchainer les verres. Et toi, comme un bon gentleman, tu lui appelleras un taxi pour qu’elle rentre chez elle. Tu as beau avoir un tas de défaut, tu ne veux pas d’un coma éthylique sur la conscience. Le temps passe. Le bar se vide petit à petit. T’es tout seul derrière le bar. Tu prends un verre. Tu verses une bonne dose de vodka, et tu t’adosses au comptoir, face à cette femme. Tu lèves ton verre. « A la votre. » Tu commences à boire. Tu as été raisonnable aujourd’hui. La nuit commence, tu peux boire tant que tu veux maintenant.
Sujet: Re: Matilda | A la votre ! Dim 14 Aoû - 1:38
à la votre !
samuel aavik + matilda favre
Ca fait déjà deux semaines. Deux semaines que j’ai appris qu’il m’avait trompée. Et les rouages s’étaient mis en place dans mon cerveau. Les rouages avaient l’habitude de fonctionner dans mon cerveau à cause de mon boulot. Mais voila c’était pas une bonne chose en l’occurence. Parce que savoir qu’il avait couché avec une autre femme que moi me donnait envie de gerber. Mais en même temps je me posais aussi des questions. Pourquoi, comment? Qu’est ce que j’avais fait, qu’est ce que j’avais pas fait, qu’est ce que j’avais mal fait … je ne savais pas mais je lui en voulais. Je lui en voulais beaucoup, pendant dix ans on a été proches, on s’est tout dit je pense. Enfin j’ai pu constater que c’était pas du tout le cas! Mais non. On aurait pu en parler. Elle avait quoi de plus que moi? Qu’est ce qu’elle lui apportait que je ne pouvais pas ? Pourquoi ! Pourquoi il ne m’avait rien dit! Mais en même temps, ça expliquait aussi toutes nos disputes, le fait qu’il soit plus souvent à l’hôpital … tout plein de petit trucs. Mais j’étais quand même surtout tout à fait vexée qu’il m’ait trompée. Il pouvait me reprocher des choses oui, mais … au point d’aller voir une autre! Oui c’était un homme, mais je pensais qu’il n’était pas comme tous les autres, c’était d’ailleurs même pour ça que je l’aimais, que j’étais avec lui. mais je comprenais que non! Pas du tout. Nous n’étions pas du tout sur la même longueur d’onde. Parce que moi je ne l’aurais pas fait. Je n’aurais jamais pu coucher avec un autre, ou même embrasser un autre. C’était tromper, c’était … nul. Oui mon égo était piqué au vif.
Un verre. Assise dans le bar je regardais le barman à qui je commandais un verre. A vrai dire je m’en foutais complètement d ce qu’il y avait dedans. C’était plus simple. C’était ce dont j’avais besoin. J’avais envie de m’amuser. Il l’avait fait lui aussi non, alors pourquoi pas moi!? Pourquoi j’aurais pas le droit de m’amuser aussi. Dans un sens je m’étais coupée de plein de choses pendant les études et pendant que j’étais avec lui. Alors j’allais les rattraper maintenant, certains appelleraient ça la crise de la … trentaine. Non … non … et un autre verre, ils se succèdent et se succèdent, et je ne remarque même pas que le bar se vidait. Quand je relevais la tête il ne restait plus que le barman et moi. Barman qui pensait un verre et ce dernier trinquait avec moi. Je levais également mon verre « A la votre également » dis-je avant de boire une bonne gorgée. « J’ai pas vu le temps passer, je suis désolée. » dis-je en faisant un regard circulaire dans le bar. « Je finis mon verre et je vous laisse fermer. » dis-je. Mon ventre était un peu en vrac, et j’avais la tête qui tournait. J’avais pas envie de bouger, mais il avait probablement besoin de pouvoir fermer pour rentrer enfin chez lui!
Sujet: Re: Matilda | A la votre ! Dim 14 Aoû - 10:14
Le silence est roi. Comme souvent, à vrai dire. Le silence, c’est ce que tu préfères. Tu as toujours aimé ça. C’est d’ailleurs l’une des choses qui te plaisait vraiment dans le saut à ski. Tu partais sur ton tremplin, où personne ne te parlait. Tu étais là, seul, avec le courage et l’adrénaline. Tu ne demandais rien de plus. Juste cet instant où ton cœur s’arrête au moment où tes skis ne touchent plus le sol. Tu vivais simplement, presque d’amour et d’eau fraîche. Maintenant, tu ne vis plus que d’alcool et d’alcool. Des femmes de temps en temps. Ton vrai problème, c’est que tu ne parles pas. C’est comme si tu ne savais pas discuter avec les gens, hormis un bonjour et un au revoir de politesse. Tu ne sais rien dire d’autre que ce que tu es obligé de dire.
T’as l’impression de ne pas être toi-même ce soir. Elle veut finir son verre et partir. Vous êtes en tête à tête. Il n’y a plus personne autour. « Je vous en prie, continuez d’enchainer les verres. » En parallèle, tu lui en sers un autre. A toi aussi, d’ailleurs. La vodka, c’est de loin ton alcool préféré. Pourtant, tu n’as jamais mis les pieds en Russie. Arrête Samuel, t’es complètement con ! Tu vois toujours l’avantage que, chaque jour, tu tiens de mieux en mieux l’alcool. Du coup, tu bois encore plus chaque jour. T’es con, Samuel. Tu vois que ses idées ne sont plus claires. Elle ne doit pas boire souvent, cette femme. Toi, tu as deux possibilités : être raisonnable, ou l’accompagner à chaque verre. Tu ne sais pas. Mais au fond, tu sais très bien que tu t’arrêteras avant elle. Sinon, t’auras un problème moral de la laisser partir dans un sale état. C’est pour ça que tu n’es pas un si grand connard en fait. Tu ne sais pas donner aux gens, c’est tout. La courtoisie de ramener quelqu’un totalement ivre chez lui, c’est le maximum que tu peux donner.
Tu la regardes dans le blanc des yeux. Tu l’observes. C’est ce que tu sais faire de mieux, en dehors de ton boulot. Observer les gens. C’est le sport qui t’a appris ça. Observer chaque concurrent. Observer chaque mouvement. Observer chaque erreur pour devenir encore meilleur. T’as l’âme d’un sportif Samuel, c’est indéniable. Et ça te sert aujourd’hui. Parce que là, t’es prêt à bondir si elle tombe de sa chaise.
Sujet: Re: Matilda | A la votre ! Dim 14 Aoû - 16:28
à la votre !
samuel aavik + matilda favre
Ca tourne dans ma tête, comme si les mots, les idées avaient entamé une valse à deux temps, ou à sept temps j’ai jamais compris ce concept.. Bref tout tournoie tout virevolte, et tout a pour centre de gravité non seulement la rupture de ms fiançailles, mais surtout la fin d’une histoire d’amour de plus de dix ans. Moi qui me voyais passer ma vie avec lui je me retrouvais seule, au point de départ, dix ans en arrière mais avec dix ans dans la vue. J’étais perdue et je ne savais pas quoi faire pour avancer. J’étais sur place, j’avais l’impression de rester immobile et de ne plus savoir par où aller. C’était littéralement ce qui se passait dans ma tête. Alors ça mélé à une envie de revanche intense. Un sentiment d’inachevé comme un gout de brûlé sur le palais. Je n’avais jamais vraiment bu, j’avais jamais trouvé mon compte là dedans, mais c’était comme un anesthésiant. C’était une espèce de potion magique qui retirait mes soucis, ils voguaient au loin sur ce liquide maléfique. L’alcool …
« Je vous en prie, continuez d’enchainer les verres. » j’étais surprise, il était à présent seul avec moi. Voulait il en tirer profit, si j’avais eu l’esprit clair ça aurait peut être pu être ce que je me serais dit, mais là pour l’instant, je trouvais ce moment à deux plutôt agréable. Presque même sexy. Je n’étais pas habituée à l’alcool et il devait probablement le savoir, c’était son métier de savoir ces choses là, pas besoin d’être Einstein. Je comprenais maintenant le point de vue de certain de mes opposants dont les clients avaient fait de conneries à cause de l’alcool. J’avais le point de vue opposé enfin, c’était comme si j’étais passée du côté obscur de la Force. « Je ne voudrais pas vous déranger! » dis-je la voix un petit peu vacillante. « Vraiment hein » c’était moi ça, coincée, plus que chiante même. « Désolée. C’est l’avocate avec un balai dans le cul qui parle là … la nouvelle Tilda vous propose plutôt de se joindre à elle pour boire! » dis-je avec un petit hoquet de rire.
Sujet: Re: Matilda | A la votre ! Ven 2 Sep - 21:56
T’es surpris. Tu ne t’attendais pas à ce qu’elle dise ça. Maintenant qu’elle le dit, elle a bien une tête d’avocate, en fait. Elle a l’air mal. Alors toi, tu ne sais pas quoi faire. T’as le choix entre être raisonnable et ne pas boire pour la raccompagner chez elle en vie, ou te joindre à elle. Tant pis pour tes principes, tu te joins à elle. Tu lui sers un verre. Tu t’en ressers un aussi. T’aimes ça. T’aimes le goût de cette vodka qui coule dans ta gorge. Oui, t’es un alcoolique Samuel. T’es pas bavard. Tu ne l’es jamais. T’aimes pas parler. T’aimes pas parler aux gens que tu connais. Aux inconnus, c’est encore pire. T’as pris l’habitude de te contenter du minimum de politesse possible. Au fond, c’est juste pour que les gens reviennent dans ton bar. Tu fais semblant de sourire, aussi. T’es un super comédien, Samuel. Tu mériterais un Oscar, vraiment.
Son rire est beau. Il est presque ensorcelant. Mais toi, t’es pas sensible à tout ça. Tu souris. Encore une fois, c’est un sourire de politesse. T’as une putain de carapace, Samuel. T’es pire qu’une tortue. Personne ne sait qui t’es vraiment. Toi-même, t’as bien du mal à le savoir depuis ce putain d’accident. Non, tu ne veux pas y penser ce soir. Tu finis ton verre, d’une traite. « Vous n’avez pas peur de boire face à un inconnu ? » T’es vraiment flippant, comme mec. Tu poses une question qu’un psychopathe pourrait poser, en fait. T’es con. Mais ça te fait rire. Ca te fait rire intérieurement, seulement. Tu ris rarement face aux gens. Très rarement. Trop rarement aux yeux de ta famille. Mais t’es comme ça. T’es un ivrogne associable qui ne laisse rien paraître. Ouais, ça te résume bien ça. Tu lui sers de nouveau un verre. C’est ton boulot, après tout. Le client est roi. « La note va être salée. » T’esquisses un sourire. Un petit sourire sadique. Tu penses à ton chiffre d’affaires. Mais tu sais d’avance que tu ne la feras pas payer. Après tout, sa présence te donne une excuse pour boire. T’as besoin de te trouver une excuse.